DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 318

12 aug 1867 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Votre logement de l’an prochain. – Un confesseur scrupuleux. – L’Anglaise. – J’ai faim et soif de vous revoir. – Angélina.

Informations générales
  • DR06_318
  • 3076
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 318
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 405; D'A., T.D. 29, n. 93, pp. 105-106.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE L'ENSEIGNEMENT
    1 CADRE DE LA VIE RELIGIEUSE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONFESSEUR
    1 CONTRAT DE LOCATION
    1 ENSEIGNEMENT DES LANGUES
    1 FORMATION MUSICALE
    1 OBLATES
    1 RESIDENCES
    1 SCRUPULE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BASTIDE
    2 CHAUDORDY, ANGELINA
    2 CORRENSON, CHARLES-LOUIS
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 FRANCOISE, SOEUR
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 IGNON
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 NARBONNE-LARA, MADAME DE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 12 août [18]67.
  • 12 aug 1867
  • Le Vigan
La lettre

Ma bien chère fille,

Je reçois à l’instant votre lettre et immédiatement j’y réponds. Supposé qu’il vous manquât un peu d’argent, priez Madame la supérieure d’être votre banquier, puisqu’elle croit que vous en avez assez; puis nous réglerons avec elle. Vous croyez que je vais vous parler sentiment? Pas du tout. Il s’agit d’autre chose, de votre logement de l’an prochain. Si ce n’était votre position exceptionnelle, nous aurions trouvé une combinaison admirable pour vous loger l’an prochain. On vous donnerait le pavillon que j’occupe. Vous auriez, au rez-de-chaussée, deux immenses pièces pour des classes d’asile payantes, que le P. V[incent] de P[aul] voudrait confier aux Oblates; au premier, une petite chapelle, une salle de communauté, un réfectoire, votre chambre; au second, des chambres: de quoi loger 15 et 20 Oblates. On fermerait les portes donnant sur le collège. Les petits enfants entreraient par une porte donnant sur l’avenue Feuchères. On irait aussi vous voir par là. Il y aurait des cours en abondance, en dehors de celles du collège. Mais pour vos parents, n’est-ce pas trop dans le collège? Dites-le moi franchement.

Il y a une autre combinaison: la maison Ignon est à louer 700 francs. C’est presque en face de chez nous. On peut vous y loger avec quelques Oblates. C’est très petit. Il y a un jardin. Vous seriez évidemment moins commodément que dans notre pavillon.

On a parlé de la maison Bastide, où ont logé Mme Durand et Mme de Narbonne. Mais franchement c’est un peu cher, 2.300 francs, et pour l’an prochain seulement. Le P. Hippolyte prétend que la combinaison du pavillon, une fois la porte ouverte, est une économie de 3.000 et 4.000 francs, parce qu’il n’y aurait qu’une cuisine et que le logement, tel qu’il serait, vaut la maison Bastide. J’y verrai l’avantage d’aller vous voir, sans que le public en fût prévenu; et pour vous, avec un petit détour, d’aller et de venir partout, sauf à l’infirmerie, c'[est]à-d[ire] à la dépense, à la cuisine, chez le P. Vincent de P[aul], à la lingerie, sans que personne pût vous voir, excepté dans l’escalier. Cela me semble inappréciable. Avec une cloison, vous auriez un parloir au rez-de-chaussée. C’est encore bien petit; mais avec une porte à passe-partout, vous seriez absolument chez vous au premier et au second. La question seule qui arrête est celle-ci: que diront les vôtres ? Notez que vous me succéderiez dans ma cellule.

Les religieux se transporteraient de l’autre côté et tout s’arrangerait à merveille.

Je ne suis pas fâché que ma chère fille ait vu ce que c’est qu’un confesseur scrupuleux(1). Croyez-moi, je réponds de vous, quand vous ne vous confesseriez qu’une fois par an. Je crois que vous avez besoin de vous secouer un peu.

Il me semble que si vous voulez envoyer l’Anglaise(2), vous le pouvez; seulement arrangez-vous pour avoir une compagne de voyage. J’ai faim et soif de vous revoir. Je comprends que vous devez à Mme la supérieure de l’attendre, si elle veut aller un peu lentement; mais si vous pouvez savoir l’époque de votre arrivée ici, écrivez pour que vos places soient retenues d’avance pour vous et la ou les compagnes que vous amènerez. J’avais eu l’idée d’aller à votre rencontre, à Nîmes, pour y régler bien des choses. Peut-être vaut-il mieux laisser ce projet. Madame votre mère aura plus de temps pour vous voir.

Angélina devait aussi m’écrire, dès mon arrivée, elle n’a pas donné signe de vie. Elle donne pourtant des leçons de musique aux Oblates.

Adieu, ma chère enfant. Mille fois vôtre. Vous ne resterez plus trop à Paris, n’est-ce pas? Adieu encore une fois.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon fait ici écho au récit plein d'humour que Mère M.-Eugénie lui a fait de deux confessions de Mère Emmanuel-Marie (lettre du 17 août).
2. La jeune personne de la *Lettre* 3072.