DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 330

20 aug 1867 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

A Nîmes, descendez chez les Oblates. – Conduite à tenir vis-à-vis de sa famille et vis-à-vis de l’évêque. – Un plan d’organisation des locaux de Nîmes. – Votre Anglaise est à Rochebelle. – Angélina.

Informations générales
  • DR06_330
  • 3083
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 330
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 405; D'A., T.D. 29, n. 96, pp. 110-112.
Informations détaillées
  • 1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 ENSEIGNEMENT DES LANGUES
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 HABIT RELIGIEUX
    1 NOTRE-DAME DE BULGARIE
    1 PARENTS
    1 PETITS SEMINAIRES
    1 RELIGIEUSES
    1 RESIDENCES
    1 SUPERIEURE GENERALE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BARDOU, THERESE DE LA CONCEPTION
    2 CHAUDORDY, ANGELINA
    2 CHAUDORDY, MADAME
    2 COMPAND, ALEXANDRINE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 COULOMB, LOUISE
    2 DALMIER, NATHALIE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 EMS
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PYRENEES
    3 ROCHEBELLE, FAUBOURG DU VIGAN
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 20 août [18]67.
  • 20 aug 1867
  • Le Vigan
La lettre

Ma chère fille,

Je vous remercie de tenir votre parole, et, après avoir bien réfléchi, de mon côté, voici ce que je vous propose. Allez à Nîmes, restez-y le temps nécessaire pour voir les vôtres, mais alors descendez chez les Oblates, où vous prendrez la petite chambre qui est au fond de leur dortoir, ou bien avec les personnes que vous aimerez. Vous prendrez un lit à l’infirmerie. Si l’on s’étonne, vous direz, ce qui est vrai, qu’il n’y a dans la maison que des religieux couchant dans d’autres corps du logis. Si cela fâche, vous offrirez de partir plus tôt; si on l’accepte, tout est arrangé, et le désir de vous avoir un peu plus longtemps à Nîmes fera passer, j’en suis sûr, sur bien des choses.

Quant au pavillon(1), je n’ai plus aucun souci de l’évêque, si: 1° vous n’arrivez pas tout juste pour la rentrée; 2° si vous vous posez comme supérieure g[énéra]le; 3° si surtout, en arrivant, vous allez le voir et si vous lui dites que vous n’auriez pas osé accepter une telle position de logement, bien entendu, si vous n’aviez pas su qu’il avait appelé des religieuses dans ses petits séminaires. Comment pourrait-il désapprouver ce qu’il fait pour lui-même?

Ne pourriez-vous pas écrire à Mme votre mère ou à Augustine à peu près en ces termes? « Je désire vous voir et je m’arrêterai pour quarante-huit heures à Nîmes. Le pavillon séparé qu’on me destine n’est pas encore prêt, mais comme il n’y a pas de professeurs et à peine un religieux dans la maison, je pense qu’il n’y a pas d’inconvénient à ce que j’y couche une ou deux nuits. Si vous en voyez, prévenez-moi; j’arriverai alors le matin pour repartir le soir, je tâcherai de vous voir une bonne journée complète, au lieu de deux. Si vous voyez quelque inconvénient à ce que je couche à l’Assomption, j’arriverai tel jour le matin. Ayez la bonté de faire retenir mes places pour le soir, à 9 heures ».

Une lettre ostensible à Mme votre mère dans ce sens et une autre à Augustine par le canal de Louise arrangeront tout, je l’espère. Toutefois, ce n’est qu’une idée. En supposant que vous restiez deux jours à Nîmes, il faut aller voir l’évêque, ou avec Mme votre mère ou avec telle religieuse qui vous semblera avoir meilleure tenue. A la première visite, inutile de lui parler du pavillon, à moins qu’il n’en parle le premier. Si vous restez deux jours à Nîmes, il vous faut, à présent que la glace est rompue, aller la première chez vous. Il me semble que vous avez assez porté votre costume dans les rues d’Ems pour que vous puissiez le porter sans gêne dans les rues de Nîmes. Je crois que cette lettre vous arrivera encore à Ems, puis je vous écrirai à Paris, puis à Nîmes, puis j’aurai le bonheur de vous voir. Il m’en tarde bien, je vous assure. Quand donc me serez-vous rendue? Tâchez qu’il fût possible de vous voir vers le 1er sept[embre], le 2 sera le 57ème anniversaire de mon baptême.

Nous avons ici Soeur Nathalie et Soeur Alexandrine; Soeur Thérèse de la Conception et sa soeur y sont aussi. Il faut nous prévenir du nombre de personnes que vous amènerez, car je ne sais plus où loger tant de gens, mais je renverrai Soeur Nathalie et Soeur Alexandrine à Nîmes. Je crois que je finirai par avoir la maison d’Assas, mais rien ne presse et plus on attendra, plus on l’aura bon marché. Cela m’est évident. Enfin, nous ne la tenons pas.

Au lieu de faire l’entrée sur l’avenue Feuchères, j’aurais envie de la faire sur la rue Pradié. Peut-être serait-ce plus commode pour les enfants, moins surveillé par les gens de l’avenue et plus facile à combiner. Les enfants seraient de suite dans leurs classes; on leur donnerait plus aisément une pièce, à l’aide de laquelle le parloir et le réfectoire des religieuses pourraient être établis au rez-de-chaussée; ce qui serait bien commode pour le service et vous permettrait d’avoir le premier et le second exclusivement pour vous, excepté la chapelle que vous auriez à votre choix au premier ou au second. Dans ma prochaine lettre, je vous enverrai un plan approximatif. Voilà que l’on m’apprend à l’instant même que votre Anglaise est arrivée à Rochebelle. Avec qui arriverez-vous donc? Au fait, vous pouvez voyager dans les wagons pour les dames seules; seulement ne tardez pas trop.

Voilà que je reçois un mot de la pauvre Angélina(2) qui est gardée à vue; elle va partir pour les Pyrénées. Sa mère, à force de la persécuter, lui fera faire quelque coup de tête.

Adieu, mon enfant. Priez pour moi. Si vous saviez combien je pense à vous! Mille fois vôtre, mon enfant. Il y a aujourd’hui 37 ans que j’ai opéré une de mes conversions(3); demandez que je finisse par me changer tout de bon.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Voir *Lettre* 3076.
2. Chaudordy.
3. A Lavagnac, pendant la retraite studieuse qui précéda son entrée au séminaire de Montpellier (v. *Lettre* 63 et n. 1).