DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 355

4 sep 1867 Le Vigan PICARD François aa

Soeur M.-Raymond. – Une Polonaise à examiner pour les Oblates. – Le P. Vincent de Paul et le collège. – L’idée du P. Galabert sur la supérieure des Oblates.

Informations générales
  • DR06_355
  • 3112
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 355
  • Orig.ms. ACR, AE 251; D'A., T.D. 25, n. 251, pp. 199-201.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR-PROPRE
    1 CAPRICE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 DOUCEUR
    1 EMPLOIS
    1 MAITRE DES NOVICES ASSOMPTIONNISTE
    1 REGLEMENTS
    1 RELATIONS ENTRE RELIGIEUX
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SOUMISSION DES SUJETS
    1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
    1 SUPERIEUR GENERAL
    1 SYMPTOMES
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GALERAN, HENRI
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GERMER-DURAND, JOSEPH
    2 MALASSIGNE, ATHANASE
    2 MARIE-RAYMOND, SOEUR
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 LONDRES
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 RICHMOND, ANGLETERRE
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Le Vigan, 4 [septembre 18]67(1).
  • 4 sep 1867
  • Le Vigan
La lettre

Mon cher ami,

Je pense que vous voilà installé à Paris. Je viens vous parler de diverses choses.

1° Pouvez-vous nous envoyer [la] Soeur M.-Raymond avec la Mère M.-Gabrielle, vers le 9 ou le 10 [septembre](2)?

2° On vous prie d’examiner par vous-même une jeune Polonaise, élevée à Richmond, que les Dames de l’Assomption ne veulent pas pour elles, je ne sais pas pourquoi. Elle n’a pas fait une bonne impression à la supérieure des Oblates. Seulement comme elle ne veut pas s’en rapporter à son impression seule, elle vous prie de l’examiner. Songez qu’il faut payer le voyage pour venir et pour s’en aller, quand elles ne conviennent pas et qu’elles n’ont rien à elles.

Mais voici l’important. Le P. V[incent] de P[aul] m’a écrit pour me prier de le débarrasser du collège(3). Je vous ai dit que c’était depuis longtemps sa marotte: ou de se retirer, ou d’obtenir de moi:

1° la direction des religieux;

2° le changement complet du règlement;

3° l’obligation que j’approuve ce qu’il fait, quand il me consulte.

Je réponds: 1° que si le supérieur général ne communique pas sa direction aux religieux, tant vaut qu’il n’y ait pas de supérieur g[énér]al;

2° que le règlement n’a pas été fait par un seul, qu’il est le résultat de l’expérience de vingt ans et plus, qu’il a été fait sur des données qui sont les idées de l’Assomption, que des modifications légères sont admissibles que des changements profonds amèneraient la perturbation et le défaut d’entente. Les Pères Hipp[olyte](4), Emmanuel, Athanase, Alexis, Germer, M. Durand sont de mon avis;

3° que le maître des novices ne peut donner aucune préparation pédagogique à ses jeunes gens, s’il n’a pas le règlement;

4° que si chaque directeur, comme le soutient le P. V[incent] de P[aul], change le règlement, toute tradition se perd, etc.

Notez que je lui offre de ne me pas consulter, ou s’il me consulte de lui dire mon avis, ou après le lui avoir donné de lui laisser la responsabilité s’il ne le suivait pas; mais il est absurde de vouloir que je dise que je l’approuve, quand je le désapprouve solennellement. Notez que quand le P. Hippolyte était à Nîmes, nous nous disions: « Il fait des bêtises; il y tient, laissons-le faire; il s’en mordra les doigts »; ce qui avait presque toujours lieu. Mais il part du principe qu’un homme ne peut profiter que des expériences qu’il fait lui-même. Notez qu’il ne me dit pas toujours toutes ces choses, qu’il procède par insinuation, puis qu’il va se vanter aux autres religieux de ce que son habileté a obtenu de moi. Ce qui ou édifie peu, ou crispe ces religieux qui vite viennent me rendre compte de leurs conversations, surtout quand il leur a recommandé de l’aider à me faire entrer dans la même voie; tandis qu’eux partant des mêmes idées que moi viennent me trouver, tout suffoqués de ce procédé, où, remarquez-le bien, le P. V[incent] de P[aul] met la plus entière bonne foi.

Oserai-je aller jusqu’au bout? J’arrive à la conclusion qu’il n’a pas envie de quitter le collège, mais qu’il veut par ses offres de retraite me forcer à lui tout accorder. (Ceci est basé sur des conversations qu’il a eues avec son frère). A sa dernière demande je lui ai répondu de faire la rentrée et que, s’il n’était pas content, je le laisserais vers décembre aller à Paris. Je lui ai même dit: « Vous aurez des remords de la pression que vous exercez sur moi. Eh! bien, je veux être bon, et, pour vous l’ôter, je vous préviens que M. Galeran se retirant de chez les Dames de l’Assomption, il y aura peut-être utilité à ce que vous ou le P. Picard alliez passer un certain temps à Londres ».

Je tiens à ce que vous soyez au courant de tout. Dites au P. Galabert que son idée sur la supérieure des Oblates était le meilleur moyen de détruire l’oeuvre(5). Quand [je] le verrai, je lui dirai pourquoi. Tout à vous en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
J'ajoute un mot. Il est très possible qu'au fond de tout cela il y ait une grande fatigue nerveuse. La preuve c'est qu'il me laisse toujours brisé par ses conversations et qu'elles produisent le même effet sur d'autres, à cause de l'incohérence de ses considérations, de l'absence de suite, qui à certains moments en font une vraie femme, comme disait son frère au P. Hippolyte et à moi, par *ses hésitations, ses caprices et ses entêtements*. Le P. Hippolyte trouvait le jugement dur, mais vrai. Toutefois, il faudrait alors le ménager et le laisser se retirer tout doucement, pour ne pas l'écraser tout à fait. Pour qu'en pareil cas je puisse aller à Paris, il faut que je le prie de rester jusqu'en janvier. J'irais à Paris en décembre. Si ce n'est pas indispensable, je resterai ici. Mais alors le P. Emmanuel aurait le titre de sous-directeur. Je mettrais un peu plus la main à la pâte, mais je serais condamné à rester au collège, à moins que vous ne voulussiez y venir. *Addio*.|Encore un mot. Si c'est moi qui reprends le collège, de grâce trouvez-moi une douzaine de mille francs, ou vous m'enterrez avant la fin de l'année.1. Le manuscrit porte 4 *août* par erreur.
2. Le ms a *décembre*, mais dans la *Lettre* 3113 du 4 septembre, le P. d'Alzon dit à la fois au P. Picard qu'il lui a écrit ce matin et qu'il attend la Soeur Raymond.
3. Le 1er septembre, le P. Bailly confie au P. Picard: "Nous avons commencé avec le P. d'Alzon une correspondance très grave, je crains de lui faire beaucoup de peine mais je crois qu'il le faut." Voir les *Lettres* 3100 et 3104 et les notes.
4. Le P. Bailly, lui, croit que le P. Hippolyte est plutôt de son avis. Voici ce que, parlant de sa longue lettre du 30 août, il écrit au P. Picard: "Le P. Hippolyte qui l'a lue l'approuve et m'écrit: Je tiens à vous dire que vous êtes dans la voie d'un bon religieux, vous parlez franchement sur une infinité de choses fort délicates à toucher avec le Père... je crois que votre temps de direction au collège est comme le mien passé; le Père use vite les hommes au collège. C'est comme cela, vous n'y pouvez rien, ni moi non plus."
5. Le P. d'Alzon pense-t-il à ce que le P. Galabert lui a écrit le 26 août (voir *Lettre* 3098, n. 2)? Nous n'avons rien trouvé de plus récent. S'il en est ainsi, il faut rappeler que le P. Galabert disait, en donnant son avis, que c'était aussi celui d'autres personnes, et notamment celui du P. Picard à qui notre lettre est adressée...