DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 397

3 nov 1867 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Le P. Vincent de Paul est parti pour Rome avant-hier avec une quarantaine de zouaves. – Installations de curés. – Un sujet présenté par M. Ratisbonne. – Le prieuré marche bien. – L’heure de la puissance des ténèbres.

Informations générales
  • DR06_397
  • 3156
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 397
  • Orig.ms. ACR, AD 1453; D'A., T.D. 23, n. 952, pp. 279-281.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DES RELIGIEUX
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 CRITERES D'ADMISSION AU NOVICIAT
    1 CURE
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 DEVOTION A LA SAINTE VIERGE
    1 DONS EN ARGENT
    1 ENFANTS
    1 JUIFS
    1 MALADIES
    1 MAUX PRESENTS
    1 OBLATES
    1 PRIERE POUR L'EGLISE
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SATAN
    1 SERVICE FUNEBRE
    1 ZOUAVES PONTIFICAUX
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 COMTE, ANTOINE-THEODORE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 RATISBONNE, THEODORE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 BESSEGES
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 3 nov[embre 18]67.
  • 3 nov 1867
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Comment suis-je resté si longtemps sans vous écrire? C’est que depuis je ne sais plus combien de jours je ne suis guère à moi. Avant-hier, j’ai fait partir le P. Vincent de P[aul] pour Rome, avec une quarantaine de Nîmois qui vont offrir leurs bras au Saint-Père(1). Nous avons eu aussi un service pour les militaires pontificaux(2). Cela joint à des installations de curés(3) qui m’ont fait quitter Nîmes, à un gros rhume dont je ne suis pas délivré, a pris mon temps et m’a rendu paresseux. Il y avait là à encourager un mouvement très beau, et je crois avoir causé un sensible plaisir au P. V[incent] de P[aul] en lui fournissant l’occasion de revoir Rome; il reviendra passer quelques jours ici et puis retournera à Paris.

J’aurais dû aller passer quelques jours chez ma soeur, il m’a fallu y renoncer. Je n’ai pas eu le temps d’écrire au P. Picard, pour un sujet qu’il me présente de la part de M. Ratisbonne(4). Je ne puis me décider à dire oui, je laisse la résolution définitive au P. Hippolyte pour savoir s’il veut se charger d’une nature pareille. Quoique je tienne à avoir des novices, je crois très dangereux de prendre des caractères trop difficiles à plier.

Le prieuré me fait l’effet de bien marcher. La pauvre Mère M.-Gabrielle m’avoue bien qu’elle tire le diable par la queue, mais vous savez que je ne touche pas à cette question. Les Soeurs dans l’ensemble paraissent avoir un bon esprit, et j’espère que vous aurez une ou deux ou peut-être trois excellentes vocations. Sous ce rapport nous nous entendons à merveille avec la Mère M.-Gab[rielle]. Je pousse beaucoup les enfants à [se] rendre dignes d’être appelées à faire partie des Enfants de Marie. Ce moyen est excellent pour les monter aussi bien que possible.

J’apprends que le P. V[incent] de Paul, qui devait s’embarquer hier soir, n’est parti que ce matin dimanche, à 7 heures du matin, après avoir dit la messe à bord, à ses 200 militaires futurs. Deux séminaristes quittent la soutane pour le mousquet: l’un est parti avec le P. V[incent] de P[aul], l’autre part vendredi. Les dames commencent à nous envoyer de l’argenterie et des bijoux.

Au milieu de cet ébranlement partiel, on n’en est pas moins effrayé de voir l’heure de la puissance des ténèbres étendre son réseau d’une manière presque victorieuse. Hélas! hélas! Le Fils de l’homme doit-il encore être livré entre les mains des pécheurs? Si du moins nous savions prier et profiter du temps favorable pour nous convertir! On ne peut rien dire de Paris, car à chaque moment les gens qui devraient être le mieux renseignés donnent des nouvelles fausses. Nous marchons en pleine mer Rouge, le diable doit être bien content.

Adieu, ma fille. Restons, nous, dans la vérité.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. Bailly et les volontaires quittèrent Nîmes le 1er novembre.
2. Dans son numéro du 3 novembre, la revue diocésaine avait signalé le service solennel célébré à la cathédrale pour les volontaires tombés au service du pape: "toutes les paroisses de Nîmes étaient là pour entendre les paroles émouvantes du P. d'Alzon".
3. Dont celle de l'abbé Conte à Bessèges le 20 octobre. La *Semaine religieuse de Nîmes* du 27 octobre donne un largé résumé de l'allocution prononcée à cette occasion par le P. d'Alzon.
4. Un jeune homme d'origine juive au caractère très difficile, mais que, estime le P. Picard, le P. Hippolyte réussira à dompter (lettre du 5 novembre).