DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 402

13 nov 1867 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les départs de zouaves. – Détails rapportés par le P. Bailly. – Les choses ne font que commencer. – Qui sait si la République italienne ne sera pas la mère d’une République française? – Pourquoi n’avez-vous pas 200 religieuses de plus? – Varia.

Informations générales
  • DR06_402
  • 3163
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 402
  • Orig.ms. ACR, AD 1454; D'A., T.D. 23, n. 953, pp. 281-282.
Informations détaillées
  • 1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 IDEES REVOLUTIONNAIRES
    1 MAITRES
    1 MORT
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPUBLIQUE UNIVERSELLE
    1 SACRILEGE
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 VIATIQUE
    1 ZOUAVES PONTIFICAUX
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BOYER, CLEMENTINE
    2 CHABANON, ELISE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 DUFOURNEL, FRERES
    2 GARIBALDI, GIUSEPPE
    2 GARTE, MADELEINE DE
    2 LEDOCHOWSKI, MIECISLAS
    2 PIE IX
    2 QUATREBARBES, DE
    2 VERON, PAUL
    2 VICTOR-EMMANUEL II
    3 FRANCE
    3 GNIEZNO
    3 ITALIE
    3 MENTANA
    3 NANTES
    3 POSNANIE
    3 POZNAN
    3 REIMS
    3 ROME
    3 TRIESTE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 13 novembre 1867.
  • 13 nov 1867
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

On m’apporte votre lettre à l’instant, ma bien chère fille, et j’y réponds de suite parce que j’ai un moment. Nous avons envoyé en huit jours plus de 80 zouaves à Rome. Avant vendredi prochain, j’espère qu’il y en aura 100 et nous n’en resterons pas là. Puisque vous connaissiez la famille Dufournel, savez-vous que les deux frères morts avaient offert leur vie pour le triomphe de l’Eglise; ils ont été exaucés.

Le P. V[incent] de P[aul] m’écrit qu’il a mis dans un cercueil de plomb le corps d’un jeune homme de Nantes; il l’a retrouvé, au bout de cinq jours, souple, flexible, sans odeur, les joues roses, le sang frais et vermeil coulant encore doucement. Les profanations dépassent toute idée. Le P. V[incent] de P[aul] a eu entre les mains un sac de garibaldien, plein de vases sacrés brisés à coups de talon de botte. Après avoir profané les églises, on a profané les autels avec des filles publiques. M. de Quatrebarbes a eu un doigt du bras gauche amputé par un chirurgien de Garibaldi; on le rapporte à Rome, où le bras droit devra être amputé. Tous ceux qui à Mentana n’ont pas été tués instantanément ont pu recevoir le viatique, plusieurs mêmes l’extrême-onction. Mais les journaux vous disent cela.

Je ne crois pas que nous soyons à la fin, ma conviction est que tout commence. Il y aura bien de tristes choses au printemps. Aussi nous continuons les enrôlements tant que nous pouvons. Hélas! qui sait si la République italienne ne sera pas la mère d’une République française? En attendant, les chemins de fer sont remplis de troupes partant pour l’Italie, mais on prétend que c’est pour protéger moins le Pape que Victor-Emmanuel. Il y en a qui prétendent que des troupes françaises sont du côté de Trieste. Ceci me semble un vigoureux canard.

Pourquoi n’avez-vous pas 200 religieuses de plus? Reims me semble un point important à ne pas laisser échapper, et Gnesen(1), si vous ne le prenez pas, sera à regretter. Quant aux notes Véron(2), elles me touchent peu. Avant peu on vous vexera sans elles, ou bien vous ferez ce qui vous plaira, malgré elles.

Je voudrais un bon professeur de rhétorique et un d’histoire pour l’an prochain. Je présume que des retraites du mois prêchées aux enfants du prieuré auront de bons résultats. Il me semble que je tiens les grandes; je ne serais pas surpris que Clémentine Boyer vous vînt et Madeleine de Garte aussi, malgré sa grand-mère. Elise Chabanon s’est mise par mon conseil comme novice entre les mains de la Mère M.-Gabrielle qui va mieux, mais à qui il faut recommander de ne pas trop aller aux parents. Une scène que Madeleine de Garte a faite en plein parloir sur ce qu’on fatiguait trop la supérieure a eu un plein succès, mais il faut le maintenir.

Adieu, ma bien chère fille. Dieu veut des saints, il faut lui en demander beaucoup. Mille fois vôtre, ma bien chère fille. Je ne vois pas pourquoi vous et moi nous ne deviendrions pas de ces saints, dont il faut tant. J’en suis très préoccupé.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Gnesen (Gniezno), ville de Posnanie, redevenue polonaise après la première guerre mondiale. Mgr Ledochowski, archevêque de Posen (Poznan), pressait les R.A. d'y ouvrir une maison (lettre de Mère M.-Eugénie du 11 novembre).
2. Les notes que feu M. Véron a pu laisser contre les R.A. et qui inquiètent Mère M.-Eugénie.