DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 417

3 dec 1867 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

L’approbation des Religieuses de l’Assomption. – Les *Animadversiones* viendront plus tard. – Mère M.-Gabrielle s’est bien trouvée de son voyage. – Au prieuré. – Je compte beaucoup sur les expropriations pour le chemin de fer et sur la vente de terrains à bâtir, mais il me faudra de l’argent avant cela. – Mère M.-Gabrielle a visité plusieurs endroits où vous pourriez louer ou acheter. – Montmau ne vous conviendrait-il pas?

Informations générales
  • DR06_417
  • 3181
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 417
  • Orig.ms. ACR, AD 1457; D'A., T.D. 23, n. 956, pp. 285-288.
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 BATIMENTS DU NOVICIAT
    1 CHEMIN DE FER
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 CREANCES A PAYER
    1 GARES
    1 INDEMNITES D'EXPROPRIATION
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 NOVICIAT
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPOS
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 SANTE
    1 SYMPTOMES
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VOYAGES
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BARDOU, THERESE DE LA CONCEPTION
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 PICARD, PIERRE
    3 BORDEAUX
    3 ESPAGNE
    3 LAVAGNAC
    3 LODEVE
    3 MIDI
    3 MILLAU
    3 MONTMAU
    3 MONTPELLIER
    3 NICE
    3 PARIS
    3 PARIS, ARCHEVECHE
    3 PERPIGNAN
    3 PYRENEES
    3 ROME
    3 SAINT-HIPPOLYTE-DU-FORT
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 3 décembre 1867.
  • 3 dec 1867
  • Nîmes
La lettre

Je ne puis vous dire, ma chère fille, la joie que me cause la bonne nouvelle que vous me transmettez. L’essentiel est l’approbation; quant aux Animadversiones, vous les discuterez plus tard(1). Il me semble qu’il est parfaitement inutile d’en presser la discussion. Cela se fera non pas avec Madame Lenoir(2), mais dans un voyage à Rome par vous ou par moi. Je ne doute pas que tout cela ne s’arrange. Est-ce que les Bénédictines du Saint-Sacrement ne sont pas dans des conditions plus sévères que les vôtres?

Je vois un grand avantage à ce que l’on dise que l’on a su de Rome que vous étiez approuvées, quoiqu’on ne vous ait pas fait connaître les Animadversiones. Ce fait que vous connaissez votre approbation vous donne une grande force. Le fait que vous ne les connaissez pas (les animadversiones) vous dispense d’en tenir compte. Du reste, je pense que le plus simple serait que quelqu’un, n’importe qui, arrivant de Rome, portât le pli à l’archevêché, mais cette question est une question de moment.

La Mère M.-Gabrielle s’est très bien trouvée de son voyage. Il est vrai que nous avons eu un temps froid le matin et le soir, mais magnifique dans la journée. J’ai cherché la cause de l’air reposé qu’elle avait en revenant; je l’ai trouvée dans ce qu’elle n’a pas toussé une seule fois dans les trois nuits passées au Vigan, et la cause de ce repos venait de ce que la petite supérieure des Oblates exigeait qu’elle gardât le silence de bonne heure.

Usant donc de mes droits, comme vous me les aviez donnés, avant-hier je suis allé à la salle de communauté signifier catégoriquement que je défendais de parler à la Mère, passée la récréation. J’ai défendu à la Mère de répondre. La plupart des Soeurs sont venues me remercier, sauf Soeur Thérèse de la Conception qui est, dit-on, furieuse. Figurez-vous que j’ai découvert que, malgré son rhume, on la retenait quelquefois jusqu’à 11 heures du soir à parler. On prétend qu’elle a une mauvaise toux. Je vous assure que je l’apprécie tous les jours et que ce ne sera pas ma faute, si elle ne se rétablit pas.

Maintenant, ma chère fille, je suis assez embarrassé pour mon voyage à Paris. L’économe m’a porté hier un compte, d’après lequel il me faut une somme vers le mois de mars. Je n’en suis pas très inquiet en un sens, parce que j’ai aujourd’hui la certitude morale que le chemin de fer du Vigan se fera dans mes prairies. Mais si le P. V[incent] de P[aul] est absent, il me faut tenir tête et trouver cette somme, au moins pour quelques mois. Les études préparatoires ont été faites chez moi, les études définitives du tracé sont faites jusqu’à dix kilomètres, et, au 1er janvier, on met la main à un tunnel qui sera le travail le plus long, de façon que le chemin sera terminé en [18]70. Mais c’est au printemps que les expropriations seront faites chez moi. Les plans définitifs (et je vous aurais une immense reconnaissance de faire prendre quelques informations là-dessus), les plans définitifs établissent que Le Vigan soit tête de ligne. Dans cette hypothèse j’aurais d’immenses terrains à vendre pour bâtir. Tout cela, vous le comprenez, me préoccupe beaucoup.

Quand je dis que Le Vigan serait tête de ligne, je vais essayer de vous expliquer comment:

Millau Le Vigan Saint-Hippolyte

Le petit tracé indique comment on peut aller de Saint-Hippolyte à Millau, en passant ou ne passant pas par Le Vigan. Or on me donne l’assurance que la Compagnie trouve plus avantageux de se rendre à Millau sans passer par le Vigan, qui dès lors devient tête de ligne et qui prend une importance par ses mines, ses carrières de marbre, de pierres lithographiques, etc.

Je passe à la visite de la Mère M.-Gabrielle. Elle a visité plusieurs endroits où vous pourriez louer ou acheter. Je pense que les ennuis de l’archevêché vous pousseront à avoir un noviciat ailleurs qu’à Paris. Je vous proposerais la campagne, mais pas Le Vigan, trop humide pour les poitrines délicates. Mais je vous proposerais – vous allez rire – une partie de Montmau. Ce serait un terrain inculte, sur une petite élévation dominant une belle plaine, avec la possibilité d’avoir une source. Le climat dans l’hiver est moins chaud que celui de Nice, mais plus agréable que celui de Nîmes, et plus frais pendant l’été(3).

Depuis que j’ai Montmau, je rêve de bâtir sur cet emplacement une retraite pour nos vieux religieux. C’est vous dire ce que j’en pense pour la salubrité. Si vous croyez, en effet, que par le temps qui court un noviciat est préférable à la campagne, je pourrais bâtir pour mes religieux, à peu de distance, un ospizio comme disent les Italiens. Notez que vous seriez à dix minutes d’un carrefour de chemin de fer conduisant à Montpellier, Nîmes, etc.; en Espagne par Perpignan; aux Pyrénées et à Bordeaux par le Midi; à Lodève et le grand Central, – celui-ci n’est pas encore relié. Mais les centres fonctionnent déjà, celui de Montpellier fonctionnera dans quelques mois. Si le gros de cette idée vous sourit, au printemps nous l’étudierions sur les lieux. Vous viendrez à Lavagnac, à Montmau, au Vigan; vous étudierez tout cela.

Adieu, ma chère fille. Je ne me relis pas, on me dérange.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Les documents concernant l'approbation des R.A. avaient été remis au P. Bailly sous pli cacheté. Il avait cependant pu voir par surprise quelque chose des *animadversiones* et en avait communiqué le résumé à Mère M.-Eugénie. Cette dernière estimait que certaines de ces observations, notamment les réserves exprimées à propos de l'office, de l'adoration du St-Sacrement, de la fréquence des communions allaient contre le but même de l'Institut (lettre du 1er décembre).
2. Surnom de Mgr Chaillot.
3. Mère M.-Eugénie trouva le projet intéressant, mais en remit la réalisation à plus tard.