DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 432

27 dec 1867 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Jamais mon coeur n’est plus près du vôtre que lorsque vous êtes ainsi dans l’angoisse. – Un procédé qui soulève l’indignation. – Il faut tenir bon.

Informations générales
  • DR06_432
  • 3202
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 432
  • Orig.ms. ACR, AD 1460; D'A., T.D. 23, n. 959, pp. 289-290.
Informations détaillées
  • 1 ANGOISSE
    1 COLERE
    1 CONTRARIETES
    1 ENERGIE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SAINT-SIEGE
    1 SUPERIEUR ECCLESIASTIQUE
    1 UNION DES COEURS
    2 DARBOY, GEORGES
    2 JOURDAN, CESAR-VICTOR
    2 LANDRIOT, JEAN-BAPTISTE
    3 REIMS
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 27 décembre [18]67.
  • 27 dec 1867
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Quel avenir de luttes se prépare donc pour vous? Je serais tenté d’en bénir Dieu, si j’étais sûr qu’en effet il veut que, de tout ce qui se fait et se prépare, vous retiriez pour vous un vrai fruit de sainteté. En tout cas, croyez que jamais mon coeur n’est plus près du vôtre que lorsque vous êtes ainsi placée dans des angoisses inexprimables.

Si celui qui a dicté la lettre, dont vous m’envoyez la copie, était un autre homme, je solliciterais à votre place une conversation. Mais, à dire vrai, cette manière de procéder est par trop cavalière et soulève l’indignation. Vous avez oublié de me donner copie de votre résumé, mais votre réponse à M. Jourdan me met au courant. Oui, il faut tenir bon. Dans les procès-verbaux des juges d’instruction, on met tout ce que l’accusé dit pour sa défense. Il faut donc que l’on maintienne le résumé donné par vous, sauf les affirmations contradictoires de M. Jourdan. Mais s’il se souvient de tout et si l’archevêque de Paris veut juger par lui-même, il est évident aussi qu’on veut se prémunir par des aveux qu’on prétend vous arracher. Ce serait là un immense malheur, car à un moment donné tout cela pourra être porté à Rome, où certainement les Dames de Saint-Remy ne sont pas en odeur de sainteté.

Je veux que ma lettre parte ce soir. C’est pour cela que je vous écris en toute hâte. Je prie pour vous du fond du coeur(1).

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. L'opposition de l'archevêque de Paris à la fondation des R.A. à Reims (v. *Lettre* 3175, n. 2) a provoqué une demande d'explication de la part de l'archevêque de Reims auprès de celui de Paris. Ceci a eu le don d'irriter ce dernier ainsi que l'abbé Jourdan, supérieur ecclésiastique des R.A. d'Auteuil, mais aussi supérieur à Paris des religieuses que les R.A. sont destinées à remplacer à Reims... L'archevêque de Reims ayant parlé d'intrigues, l'abbé Jourdan veut en faire porter la responsabilité aux R.A. Après avoir essayé de dicter une espèce de lettre d'aveu à Mère M.-Eugénie qui ne s'est pas prêtée à la manoeuvre, il a refusé le résumé, qu'à sa demande elle lui a envoyé, des conversations qu'ils avaient eues au sujet de la fondation projetée. Ce qu'il lui faut, c'est une réponse simple et concise "comme la vérité". Il lui demande donc de répondre par oui ou par non aux questions qu'il pose lui-même... Ici non plus il n'obtiendra pas gain de cause: "Les questions ne représentant pas les termes de la conversation, je ne puis y répondre par oui ou par non", lui répondra Mère M.-Eugénie (lettres échangées par M. Jourdan et Mère M.-Eugénie les 25 et 26 décembre, et lettre de Mère M.-Eugénie au P. d'Alzon du 26 décembre).