Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 154.

1845 PRESSE

L’inamovibilité des succursalistes a sa source dans les articles organiques.

Informations générales
  • PM_XIV_154
  • 0+444 a|CDXLIV a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 154.
  • Minute autographe ACR, AP 162; D'A., T.D. 40, n.6, pp. 302-303.
Informations détaillées
  • 1 CLERGE FRANCAIS
    1 CURE
    1 EVEQUE
    2 ISAMBERT, FRANCOIS-ANDRE
  • A MONSIEUR LE REDACTEUR DE....
  • PRESSE
  • [vers 1845](1).
  • 1845
La lettre

Monsieur le rédacteur,

Quelques journaux, dans l’espoir d’effrayer l’épiscopat, affectent, en vrais échos de M. Isambert, de réclamer l’inamovibilité de MM. les succursalistes. Il importe d’examiner si vraiment [il y a] intérêt à ce qu’une portion si nombreuse du clergé des paroisses soit révocable à volonté.

L’immense majorité du clergé est, quelques efforts qu’on tente, trop pénétré de l’esprit sacerdotal, pour ne pas se rappeler les promesses d’obéissance faites entre les mains du pontife au jour de l’ordination, et M. Isambert serait peut-être surpris d’apprendre que bon nombre de desservants, nommés curés de canton, déposent d’eux-mêmes au secrétariat de leur évêché leur démission d’un poste qui semble leur obtenir l’indépendance, afin que leur évêque ne se croit pas engagé envers eux par le privilège de l’inamovibilité. Or, tant que de semblables dispositions règneront dans le clergé, la question de l’inamovibilité n’en sera pas une.

Mais supposons – ce qui n’est pas – que des motifs humains dirigent le clergé du second ordre, les évêques n’ont-ils pas assez de moyens d’autorité, soit dans le pouvoir d’appeler à des postes plus élevés, soit dans les peines canoniques portées par leur officialité ? Quatre motifs principaux déterminent le changement d’un succursaliste : 1° Son avancement; 2° La demande qu’il en fait lui-même; 3° Certaines fautes, heureusement fort rares; Les dénonciations de l’autorité civile.

Les deux premières causes ne sauraient évidemment être désagréables à MM. les succursalistes. Quant à la troisième, on peut affirmer qu’un simple changement plaira plus au coupable que les chances d’un jugement qui l’exposerait à la publicité et à se voir éloigné pour jamais de toute fonction. Les amateurs de scandale auraient seuls le droit de se plaindre. Enfin le quatrième motif – je veux parler des dénonciations de l’autorité civile – est encore plus odieux aux évêques qu’aux desservants.

Nos Seigneurs savent fort bien que, pour une dénonciation portée contre un curé inamovible, on en portera cinquante contre un desservant, et ils désirent autant que leurs prêtres voir cesser des vexations aussi ridicules que déplorables. L’inamovibilité y mettrait un terme, mais c’est à cause de cela même qu’elle sera refusée, non par les évêques, mais par le gouvernement.

Remontons à la source. Sur quoi est fondé l’état précaire de MM. les desservants ? Sur les articles organiques, que rédigea seul le pouvoir temporel et contre lesquels protestèrent les évêques. Que M. Isambert les fasse supprimer! Les évêques ne réclameront pas.

Agréez, M. le rédacteur, etc.

Notes et post-scriptum
1. Cette lettre, rangée par les T.D. dans l'année 1867, est certainement beaucoup plus ancienne. Une controverse sur l'inamovibilité des succursalistes débuta en 1843. Elle dura plusieurs années et fut vive surtout en 1845. Le jurisconsulte François-André Isambert (1792-1857) fut député d'Eure-et-Loir, puis de Vendée de 1830 à 1848. L'écriture confirme.