DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 17

8 feb 1868 Lavagnac CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Son voyage. – La vie à Lavagnac. – Mon coeur est bien souvent avec vous.

Informations générales
  • DR07_017
  • 3239
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 17
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 406; A., T.D. 29, n. 113, pp. 131-132; QUENARD, pp. 85-86.
Informations détaillées
  • 1 CHAPELET
    1 INTEMPERIES
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 RECOLTE
    1 REPOS
    1 VOYAGES
    2 BARRE, LOUIS
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VAILHE, SIMEON
    3 LAVAGNAC
    3 LUNEL
    3 MEZE
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 SETE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Lavagnac, 8 février 1868(1).
  • 8 feb 1868
  • Lavagnac
La lettre

Je suis sûr que ma fille désire savoir ce que je suis devenu. Hélas! je n’ai que des choses très vulgaires à vous raconter. Point d’accident de chemin de fer, point de cou rompu, point de voleurs. De Nîmes à Lunel, solitude complète, je fais mes prières. A Lunel, trois employés quelconques montent et causent, j’écoute un peu. A Montpellier, excellent déjeuner, conversation (quelle vilaine encre!) très agréable. Je vois M. Barre. Je monte en voiture, à 2 heures; ma soeur me la payant jusqu’à Mèze par une après-midi belle à ressusciter un mort. Je salue Cette de loin. Je trouve les chevaux de ma soeur à Mèze et sans désemparer j’arrive juste pour dîner.

Mais de Montpellier à Lavagnac, combien ai-je dit de chapelets pour vous? Trente-six, ma fille, douze rosaires autrement dit, et je ne suis pas sûr de n’en avoir pas dit treize, mais il passe par-dessus le marché. Hier, je ne vous en ai dit que trois.

Je mène une vie de Sybarite. Je me lève à une heure quelconque, j’ai un bon feu; hier vendredi j’ai fait une promenade de plus de cinq heures, mais gravement, posément, jouissant du soleil comme un lézard. Enfin! je ne sais ce que j’ai de religieux, mais il faut que je me repose. Ainsi fais-je!

Et vous, ma fille, que faites-vous? Vous vous sanctifiez pour vous et pour moi. C’est nécessaire pour moi encore plus que pour vous.

Vous ai-je dit que nous avons la gelée blanche et que les blés menacent de ne pas lever, surtout les avoines semées dans les luzernes, récemment défrichées? J’attends le P. Hippolyte pour savoir si nous ferons construire des tonneaux. Il me faut compter sur une augmentation très considérable pour l’an prochain dans nos vendanges. Ah! mon Dieu, voilà le papier sali. Je ne recommencerai pourtant pas, car je n’ai pas dit la messe et je veux que ma lettre parte.

Adieu, bien aimée fille. Mon coeur est bien souvent avec vous. Je voudrais vous voir un peu sortir de terre, mais vous êtes mieux là où vous êtes. Adieu, encore une fois. Mille choses à nos filles. Dites-leur que j’ai déjà demandé à bien des gens de me procurer des recrues.

Mille et mille fois vôtre, ma Mère et ma fille.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le ms a *9 février*, mais le lendemain du vendredi 7 ("hier vendredi") est le samedi 8. De cette lettre nous pouvons déduire, comme l'a fait le P. Vailhé, que le P. d'Alzon a quitté Nîmes le 6 février.