DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 30

15 feb 1868 Lavagnac CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Une journée à Lavagnac. – Ne tapez pas trop fort à mon intention. – A quel point je suis votre père. – Qu’Augustine m’écrive donc! – Une photographie d’Australie.

Informations générales
  • DR07_030
  • 3254
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 30
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 406; D'A., T.D. 29, n. 116, pp. 134-135; QUENARD, pp. 86-87.
Informations détaillées
  • 1 DISCIPLINE INSTRUMENT
    1 MISSION D'AUSTRALIE
    1 OBLATES
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 REPOS
    1 SANTE
    1 SOINS AUX MALADES
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BRUN, HENRI
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 GAVETE, FRANCOIS
    2 HUDRY, POLYCARPE
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    3 AUSTRALIE
    3 LAVAGNAC
    3 PARIS
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Lavagnac, 15 février [18]68.
  • 15 feb 1868
  • Lavagnac
  • *Ma Très Rde Mère*
    *Supérieure générale des*
    *Oblates de l'Assomption*
    *Nîmes*.
La lettre

Ma bien chère fille,

Vous êtes en peine de ma santé, écoutez ma vie. Comme la chambre qui m’est le plus commode dans le jour est un peu froide, je couche au premier. Vers sept heures moins un quart, je me lève, je descends, fais mes prières, ma toilette, je dis la messe à 8 heures. A 9 [heures], je vais boire un peu de chocolat dans la chambre de ma soeur, je redescends, j’écris, je lis jusqu’à 11 heures que je déjeune. Après, je lis les journaux, je vais me promener, je rentre, je travaille. Quand la journée est trop belle, je ressors; de 5 heures à 6, je prends un moment pour adorer le Saint-Sacrement. A 6 [heures], je dîne, je digère, je lis des revues. Je retourne à la chapelle pour la prière et une dernière petite adoration du Saint-Sacrement. Vers 9 heures, je prends quelque chose de chaud, à 10 je monte chez moi et je lis jusqu’à ce que je m’endorme. Est-ce une vie assez paresseuse? J’ai pourtant quelquefois mal d’estomac. Mais si cela vient de ce que je mange trop? A la paresse, je joins la gourmandise.

Bon! Je viens en traversant le vestibule de m’apercevoir que ma lettre pour le P. Emmanuel n’est pas partie hier. Que voulez-vous? Vous en recevrez deux à la fois, l’une par lui, l’autre directement. Seulement, j’y ajouterai peut-être un mot tout à l’heure, quand le courrier sera arrivé.

15 au soir.

Eh! bien, je n’aurai [pas] de lettre de vous, mais je ne m’en plains pas, puisque celle [du] 13 que j’ai reçue hier, était si bonne. Mais seulement ne tapez pas trop fort à mon intention; je ne veux pas que vous fassiez d’imprudences, lorsque je prends, de mon côté, de si tristes et humiliantes précautions. Ma pauvre soeur est très préoccupée entre nous de l’oeil de son fils, et je crois qu’elle va partir pour Paris. Je l’y pousse tant que je puis, ce qui me ferait vous arriver un peu plus tôt. Je n’en serais pas trop fâché. Je ne démêle pas bien si c’est scrupule de me trop soigner, ce qui serait un bon sentiment, ou envie de vous revoir, ce qui serait très mal à moi. Sous un certain rapport, je ne puis dire combien ces quelques jours d’absence me font éprouver d’une manière douce et forte à quel point je suis votre père et tout ce que vous m’êtes. Enfin, je veux que cette lettre parte de façon à ce que vous l’ayez demain, dans l’après-midi. Dites à Augustine qu’elle n’ait aucun scrupule de m’écrire, tant qu’elle voudra, et qu’elle est sûre de me faire toujours plaisir.

Mille tendresses à nos filles. Je cherche si je ne pourrais pas leur trouver ici quelque recrue; jusqu’à présent mon labeur est inutile. Je vous bénis avec tout mon coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Voici une idée dont les Oblates seront logées, quand elles iront en Australie. Le personnage assis est le P. Tissot, le personnage debout est le Fr. François, espagnol. Gardez la photographie(1).1. A ce moment, le P. d'Alzon ignore encore que le Fr. François Gavete a quitté la congrégation. Il l'apprendra par une lettre du P. Tissot du 29 avril: "Cela est triste mais résulte de la triste position que nous avons ici comme religieux. Au moins devons-nous, le P. Brun et moi nous efforcer d'être de bons prêtres de paroisse. Fr. Polycarpe est toujours admirable de piété et de persévérance religieuse."