DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 34

18 feb 1868 Lavagnac CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Vos lettres. – Soeur Marie de Saint-Jean. – La famille des Oblates n’est pas destinée à être une congrégation pénitente. – Allez dans la vie austère, mais sans précipitation. – Notre-Seigneur semble me dire: « Rends cette enfant une épouse digne de moi ». – Devant le Saint-Sacrement. – Voyez le P. Emmanuel malgré votre répugnance. – Varia.

Informations générales
  • DR07_034
  • 3257
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 34
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 406; D'A., T.D. 29, n. 117, pp. 136-138.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 LOISIRS
    1 OBLATES
    1 OUBLI DE SOI
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BEZARD, GABRIELLE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, CHARLES-LOUIS
    2 COULOMB, LOUISE
    2 PLEINDOUX, AUGUSTIN
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 LAVAGNAC
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Lavagnac, 18 février 1868.
  • 18 feb 1868
  • Lavagnac
La lettre

Ma bien chère petite Mère,

J’ai reçu hier une lettre de vous, une autre ce matin; je vais répondre à toutes les deux. Seulement je vous préviens que je suis enchanté d’avoir un peu retardé, car l’une éclaire l’autre.

Dans la première, vous me dites que vous êtes un peu énervée après certaines pénitences; dans celle d’aujourd’hui, vous me parlez du sentiment plus intime que vous éprouvez de vous donner à Dieu. Avant de recevoir cette seconde lettre, j’avais aujourd’hui, fête de la Passion de Notre-Seigneur, dit la messe pour l’Assomption, mais à une intention particulière pour la supérieure des Oblates. Or voici quel est le résultat de mes réflexions. (Toutefois une observation préliminaire). On s’est plaint que je laissais trop la bride sur le cou à Soeur Marie de Saint-Jean. Or, elle me persécute pour lui laisser sa liberté, et franchement je n’ai pas grand scrupule de la lui avoir laissée dans le passé. Cela dit, je reviens à vous.

1° Ne vous tuez pas trop jusqu’à mon retour.

2° Observez que notre petite famille des Oblates n’est pas précisément destinée à être une Congrégation pénitente.

3° Remarquez si l’espèce de ferveur dont vous me parlez dans votre dernière lettre ne viendrait pas, malgré votre énervement, de ce que vous avez donné à Notre-Seigneur avec un peu plus de générosité. On a beau dire, je crois que quelques personnes trouvent des forces, une fois qu’elles ont franchi une certaine barrière. Malheureusement cela ne s’applique pas à tout le monde, et c’est pour cela que je suis un peu embarrassé. Avec cela, il est parfaitement évident pour moi que si vous savez correspondre à la vie d’humiliation, de sacrifice, d’amour, de pénitence, d’oraison et de zèle, à laquelle vous êtes appelée, Dieu fera de vous une sainte.

Plus je réfléchis, plus je suis forcé de tirer cette conclusion. Alors pour agir en tout avec prudence, il me semble que je dois vous dire: « Continuez modérément, vous arrêtant quand vous vous sentirez fatiguée, reprenant quand vous ne le serez pas trop ». De quelque temps, je ne pense pas que vous deviez entrer dans une voie définitive. Si vous vous retiriez trop de la vie austère, vous pourriez vous priver de bien des grâces; si vous vous y précipitiez trop, tout d’un coup, qui sait où cela aboutirait et si le diable n’y trouverait pas son compte? En allant pas à pas, vous assouplirez votre corps et vous obtiendrez un peu plus tard de bien plus utiles résultats.

Je ne puis vous dire combien les détails où vous entrez me touchent, et, en même temps, toutes les fois que je prie pour vous, comment il me semble entendre Notre-Seigneur me dire: « Rends cette enfant une épouse digne de moi ». C’est là ma grosse préoccupation. D’ici à mon retour, observez donc, étudiez les impressions que vous produiront vos pénitences, afin que nous puissions tout bien régler pour le carême.

Le P. Hippolyte est ici. Adieu, ma fille. Mille choses à notre petite famille, en particulier à la Mère Marie de Saint-Jean et à votre soeur(1). Que Notre-Seigneur vous rende une vraie sainte!

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je voudrais bien que, les derniers jours de carnaval, vous puissiez rester le plus longtemps possible devant le Saint-Sacrement. Je relis vos trois dernières lettres et je trouve quelque chose à ajouter.|1° Je serais très peiné si vous supposiez que je ne me fie à personne.|2° La pauvre Gabrielle B. est bien à plaindre, et je crois qu'il faut prier pour elle.|3° Je vous engage à voir le P. Emmanuel, malgré votre répugnance; il faut quelquefois avoir le courage de sortir de son petit coin. Quant aux personnes qui pourraient trouver mauvais que vous vous occupiez de cette oeuvre, je n'en vois qu'une; les autres ne se fâcheront pas, bien sûr.|4° Je prierai pour Mme votre grand-mère, je vous le promets. Il faut que vous lui obteniez de bien mourir.|5° Quant à l'affaire de M. votre père, quel qu'en soit le résultat, il sera heureux, une fois que M. Pleindoux a emmanché les choses comme il l'a fait.|Je pense que ma soeur n'ira pas à Paris, mon neveu est trop mal en train. Veuillez dire à Louise(2) que j'ai reçu sa lettre. Augustine serait bien aimable de me donner signe de vie une seconde fois.|Adieu, adieu et tout vôtre au-delà de toute expression. J'oublie quelque chose, mais cela reviendra. Hier, j'ai fait une course de plus de six heures, après une promenade de deux; aujourd'hui je ne voulais pas sortir, j'ai marché pourtant de 9 à 11 heures.1. Louise Coulomb (v. *Lettre* 3069) et Augustine Correnson, qui a commencé un noviciat secret la nuit de Noël (*Lettre* 3200), font donc bien partie de la petite famille des Oblates.
2. Coulomb.