DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 66

30 apr 1868 Nîmes PICARD François aa

Faites venir le P. Laurent. – La retraite pastorale d’Agen. – Un attroupement révolutionnaire.

Informations générales
  • DR07_066
  • 3298
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 66
  • Orig.ms. ACR, AE 271; D'A., T.D. 25, n. 271, p. 2l9bis.
Informations détaillées
  • 1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 NOMINATIONS
    1 POLITIQUE
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 RETRAITES PASTORALES
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BOFFINTON, JEAN-BAPTISTE
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 NAPOLEON III
    2 PALLU DU PARC, LOUIS
    3 AGEN
    3 BLOIS
    3 NIMES
    3 NIMES, COLLEGE SAINT-STANISLAS
    3 PARIS, EGLISE SAINTE-ELISABETH
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, le [30 avril 1868](1).
  • 30 apr 1868
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Cher ami,

En effet, le P. Emmanuel n’a pas traduit ma pensée. Je lui ai donné commission de vous dire que je ferais prévenir le P. Laurent, si je trouvais un professeur avant le 4 mai. J’ajoute que ce qui me console de faire venir ce bon Père(2), c’est que j’espère qu’il me sera utile pour préparer le travail du Chapitre général. Enfin trouvez-lui un remplaçant, et il vous sera rendu dans trois mois.

Adieu, bien cher. Communiquez ces lignes au dit Père et croyez-moi bien vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Si j'avais su, j'eusse pu lui(3) procurer la retraite pastorale d'Agen que j'ai refusée. Vous pouvez dire à Dulac qu'un attroupement de 1.500 à 2.000 personnes a chanté la Marseillaise, crié: "A bas l'empereur! Vive la République! Vive la guillotine!". On a laissé faire deux heures durant(4).1. Réponse à une lettre du P. Picard datée du 28 avril.
2. A la réception de la lettre écrite le 22 avril au nom du P. d'Alzon par le P. Emmanuel (*Lettre* 3295), le P. Picard a répondu (sa lettre est perdue) en disant que le P. Laurent ne pourrait partir pour Nîmes qu'après s'être acquitté à Blois le 3 mai d'un sermon promis à l'évêque de cette ville. Il arriverait donc à Nîmes le 5. Le 27 avril, le P. Emmanuel, toujours au nom du P. d'Alzon, a demandé que le P. Laurent n'attende pas le 5 mai, mais vienne directement de Blois à Nîmes. Le lendemain, le P. Picard a écrit au P. d'Alzon: "D'après la lettre du P. Emmanuel, vous seriez mécontent du retard de huit jours imposé par le sermon de Blois. Je me permets de croire à une légère exagération du bon petit Père..." C'est à cela que répond ici le P. d'Alzon. Et le P. Picard continue: "J'avais prié Mgr Mermillod de procurer une retraite ecclésiastique au P. Laurent; sur nos instances réitérées Mgr Mermillod écrit à l'évêque de Blois. Celui-ci répond en offrant un sermon important qui lui permît de voir notre prédicateur, le sermon est accepté et, à peine sept jours avant l'époque fixée, il eût fallu mettre Mgr de Blois dans l'embarras; c'était il me semble, traiter un peu sans façon deux évêques... Quant aux autres arrangements, ils ont été changés aussitôt. [...] Permettez-moi maintenant de revenir respectueusement sur la décision que l'on exécute. Toutes les fois qu'il faudra un professeur à Nîmes, sera-t-il nécessaire de rompre les engagements pris? La station de Ste-Elisabeth assurait un Carême à Paris. Le sermon de Blois pouvait assurer une retraite ecclésiastique; le mois de Marie relevait notre chapelle; tout cela est sacrifié pour une classe de rhétorique à la fin d'une année. J'avoue que la première lettre du P. Emmanuel me faisait entrevoir un bien général, mais sa seconde lettre, en restreignant tout chose à un remplacement provisoire de professeur, me fait croire qu'on ne considère pas les maisons de Paris comme sérieuses, mais je n'ai pas à juger. Les jugements portés de loin peuvent être si aisément faux, si le présence du P. Laurent doit vous permettre de vous reposer et faire du bien à ce pauvre collège, je serais et je suis le premier à me réjouir."
Au P. Emmanuel le P. Picard écrit le même jour: "Permettez-moi de vous dire que vous comptez bien sur la maison de Paris. Merci de l'estime que vous en faites; elle est une maison de prédication, elle possède un vrai prédicateur, un seul, il va faire la rhétorique. Dieu veuille qu'il relève le collège en trois mois et que le collège marche. [...] Seulement, habituez-vous à ne pas prendre le parti de déshabiller Paul pour habiller Jean."
3. A qui? Au P. Laurent, qui vient de décommander toute une série de prédications? Ce n'est pas impossible car, en ce moment, on ne songe pas à garder le P. Laurent à Nîmes au-delà du chapitre qui doit se tenir à la fin des vacances scolaires.
4. L'attroupement dont il est question ici eut lieu à Nîmes dans la nuit du 25 au 26 (Lettre du P. Emmanuel au P. Vincent de Paul du 27 avril 1868). Voici le récit du P. Emmanuel: "Vers minuit à un signal donné des bandes nombreuses d'ouvriers, de jeunes gens de toutes sortes se sont rendus sur les boulevards et la *Marseillaise* a été chantée à tue-tête pendant deux heures par une multitude compacte grossie de tous les curieux. Ils sont venus à la préfecture où il y avait soirée. Ils ont crié: A bas l'Empereur! Vive la République! Du pain ou du sang! [...] De la préfecture ils sont allés à la mairie qu'ils ont envahie de force. A la caserne le poste a croisé la baïonnette en menaçant de charger. Les vociférations ont redoublé et on s'est porté au Cours-Neuf puis à la Placette où la gendarmerie est enfin parvenue à diviser cette multitude qu'on a dit effrayante par le nombre. Le préfet avait défendu de tirer. Dans plusieurs endroits les gens se mettaient aux fenêtres pour applaudir les émeutiers. Ce qui effraie le plus dans cette affaire c'est le système visible d'organisation et l'audace des meneurs. Je passe sous silence toutes les amplifications plus ou moins vraies qui accompagnent le récit qu'on fait de toute cette affaire. Le pauvre séminaire et Saint-Stanislas ont eu leurs vitres brisées."