DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 94

23 jun 1868 Nîmes CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Amélie Beauquier. – Une lettre à Soeur Thérèse. – Le P. Hippolyte. – Un noviciat unique. – Je veux qu’on vous dise tout. – Votre absence fait sentir l’affection qu’on vous porte. – Les Soeurs de Besançon. – Parlez avec affection mais autorité.

Informations générales
  • DR07_094
  • 3332
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 94
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 407; D'A., T.D. 29, n. 121, pp. 142-145.
Informations détaillées
  • 1 ESPRIT ETROIT
    1 FRANCHISE
    1 NOVICIAT
    1 OBLATES
    1 OEUVRE DE JESUS-CHRIST
    1 POSTULAT
    1 PRODUITS AGRICOLES
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REVENUS DE PROPRIETES
    1 SUPERIEUR
    1 VERS A SOIE
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BEAUQUIER, SAINT-ELIE
    2 BRUN, AUGUSTINE
    2 BRUN-VILLARET, FELICITE
    2 CAMPREDON, GABRIELLE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 COULOMB, LOUISE
    2 DURAND, MADELEINE
    2 DURAND, MARIE DE L'ANNONCIATION
    2 GENIES, DELPHINE
    2 MELANIE, OBLATE
    2 PEYRE, PAULINE
    2 SALZE, THERESE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VILLARET, VERONIQUE
    3 BESANCON
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Nîmes, 23 juin [18]68.
  • 23 jun 1868
  • Nîmes
La lettre

Si vous ne m’aviez pas, ma chère enfant, vous auriez Notre-Seigneur et ce serait bien suffisant pour vous aider à continuer une oeuvre si évidemment voulue de lui.

1° Sachez qu’Amélie Beauquier est entrée. Jusqu’à présent, elle nous fait un excellent effet à la Mère Marie de Saint-Jean et à moi; nous lui avons ôté son Am(1) et sur sa demande, nous l’appelons Saint-Elie. C’est très oriental.

2° Je viens d’écrire à Soeur Thérèse une lettre très douce pour la forme, mais très forte pour le fonds. Je lui indique ses torts et je lui promets, pour d’ici à huit jours, une seconde lettre où je lui indiquerai les moyens de les réparer. Quant à la manière dont le P. Hippolyte s’est tiré de ce que vous lui avez dit de cette pauvre Soeur, c’est stupide. Est-ce que les supérieurs ne peuvent pas juger leurs subordonnés, parce que ceux-ci sont absents? On ferait de la belle besogne, si l’on procédait de la sorte. Enfin, il faut accepter toutes ces absurdités en esprit de pénitence pour l’expiation de celles que nous aussi avons pu dire.

Si vous croyez que le P. Hippolyte m’écrira, vous ne le connaissez guère; il broiera du noir et ne dira rien. Du reste, je partage assez son avis. Il n’y aura qu’un noviciat, seulement quand on le jugera à propos, on fera quelque temps de postulat au Vigan. Il vaut, en effet, beaucoup mieux qu’elles arrivent à Nîmes quand elles seront sur le point d’avoir l’habit. Or, voici ce que je proposerai aux vacances. En laissant au Vigan Soeur Madeleine, Soeur Véronique, Soeur Pauline, y ramener Soeur Félicité et Soeur M[arie] de l’Annonciation; en retirer ou y laisser, à votre choix, Soeur Mélanie et Soeur Gabrielle, mais prendre Soeur Delphine et les postulantes nîmoises auxquelles nous donnerions l’habit, nous permettrions à ces bonnes vieilles de veiller les malades; ce serait une bonne oeuvre pour le Vigan, et un moyen d’existence. Quant aux vocations en suspens, il ne faut pas trop s’effrayer, car je ne vois pas qu’il soit bien urgent de prendre de si tôt de nouvelles filles, tant que nous ne les tiendrons pas très solidement entre les mains. C’est une triste chose que des filles qui vous échappent, quand vous croyez les tenir.

Je suis extrêmement content de ce que vous m’écrivez de votre conversation avec le P. Hippolyte. Il faut s’attendre à quelques tiraillements, mais un jour ou l’autre cela s’apaisera. Qu’il vende assez bien le foin pour le dédommager de la perte des vers à soie, et la paix rentrera dans son coeur en même temps que l’argent dans sa bourse. Je plains du fond de l’âme ce pauvre Père qui est si admirable de vertu, mais qui, sous prétexte d’avoir l’esprit pratique, ne peut voir les choses que par le trou d’une aiguille.

Il y a, je crois vous l’avoir dit, lutte entre la Mère Marie de Saint-Jean et moi sur votre compte. Elle veut qu’on ne vous dise rien de peur de vous faire de la peine, et je veux qu’on vous dise tout, parce qu’il n’y a que la vérité qui offense et que, quand même dans ce qu’on dit il y aurait quelque peu de vérité, je vous crois assez d’esprit et de vertu pour savoir le supporter et en profiter. On a beau dire, l’important est que nous devenions des saints, et rien ne sanctifie comme ces coups d’épingles qui vous arrivent absolument comme les piqûres de moucherons.

La maison va bien et même votre absence, en faisant sentir l’affection qu’on vous porte et le vide que vous laissez, produit un bon effet. Pour mon compte, à ce point de vue, je me félicite de vous avoir engagée à faire votre course. Ce qui résultera de tout ceci, c’est que peu à peu tout le noviciat se transportera à Nîmes, et, si vous n’avez pas de terrain pour bâtir, nous chercherons à louer une maison.

Je vous préviens que les Soeurs de Besançon me font l’effet d’entrer dans une crise très grave, et que la conclusion pour moi est qu’il faut se tenir sur ses gardes, pour qu’on ne nous dise pas que nous y sommes pour quoi que ce soit. Il paraît que votre présence à la procession a produit un très bon effet. Dieu veuille que cet effet amène quelques bonnes vocations! Si Soeur Mélanie, protégée du P. Hip[polyte], a le malheur de déplaire à Soeur Madeleine et à Soeur Véronique, vous pourriez bien en profiter pour faire un peu parler ces deux dernières qui ne demandent pas mieux que de se dégonfler. Faites leur mille amitiés de ma part; je suis convaincu que cela les disposera à s’ouvrir. Dans tous les cas, je trouve excellent que la manière d’agir du P. Hip[polyte] vous permette de vous poser avec une plus grande autorité. Parlez avec beaucoup d’affection, mais aussi avec beaucoup d’autorité; faites-la sentir sans raideur. Tout cela me semble indispensable.

Nous avons eu cette nuit et ce matin une pluie très utile, et je crois que nous ne nous en tiendrons pas là. Avez-vous fait retenir vos places? Augustine compte déjeuner avec vous, vendredi matin.

Adieu, ma fille. Je vous suis bien tendrement dévoué en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Faites l'amabilité au curé du Vigan de lui apprendre que sa cousine est entrée parmi vos filles. La mère de Soeur Augustine se chargera de la commission.1. Les deux premières lettres de son nom de baptême.