DERAEDT, Lettres, vol.7, p. 98

24 jun 1868 Nîmes GALABERT Victorin aa

Vendre au Vigan. – Les récoltes en perspective. – Soeur Thérèse. – Le P. Vincent de Paul et le Pape. – Courtois. – Le futur chapitre. – Mlle Fabre. – Pour l’école, je me rapporte à votre prudence.

Informations générales
  • DR07_098
  • 3335
  • DERAEDT, Lettres, vol.7, p. 98
  • Orig.ms. ACR, AJ 190; D'A., T.D. 32, n. 190, pp. 168-169.
Informations détaillées
  • 1 BAVARDAGES
    1 BLE
    1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CLASSES INFERIEURES
    1 DISTINCTION
    1 INTEMPERIES
    1 MARIAGE
    1 OBLATES
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VIN
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BONNEFOY, BENJAMIN
    2 COURTOIS, ALBERT DE
    2 FABRE, JOSEPHINE
    2 LAMPRE, BARTHELEMY
    2 PIE IX
    2 SALZE, THERESE
    2 SARRAN, VALERIE
    3 FRANCE
    3 ROME
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, 24 juin [18]68.
  • 24 jun 1868
  • Nîmes
La lettre

Mon bien cher ami,

Je n’ai pas de vos nouvelles depuis des siècles. Quelque naufrage aura fait sombrer vos lettres ou tout autre motif les aura empêchées d’arriver jusqu’à moi. Mettez vos Oblates en prière, afin que nous puissions vendre bientôt le Vigan, ou plus tôt au Vigan de quoi nous aider(1) à vous bien établir. Pour le moment, nous sommes entourés de magnifiques espérances, mais nous ne trouvons absolument rien. Les blés ont entièrement été perdus dans la campagne par l’effet de la sécheresse. Que sera la récolte du vin? On la dit très belle sur tous les points de la France. Dieu veuille qu’elle le soit pour nous! Je vous envoie une lettre pour Soeur Thérèse. La pauvre fille est bonne, mais en partant a fait plus d’une brioche, et je ne voudrais pas que cela se renouvelât. Engagez-la à se taire, elle dit bien des absurdités et fait bien des inventions. Elle était jalouse de la supérieure, comme elle est jalouse de Soeur Valérie et comme elle le sera de tous ceux qui ne lui donneront pas toute autorité. Demandez à Dieu des filles d’une classe un peu moins inférieure, car je vous assure que le défaut d’éducation est en bien des circonstances un fameux inconvénient.

Le P. Vincent de Paul est à Rome; il y rencontra le Pape dans sa promenade et se promena avec lui. Le Pape lui a dit ces jours derniers: « Espérons que dans quatre mois les affaires s’arrangeront ». Dieu veuille écouter ce voeu de Pie IX! Je crois que s’il se réalise, ce sera bien un vrai miracle. Vous pensez que j’ai revu Courtois. Pas du tout. Il n’a pas paru depuis qu’il vint me demander à déjeuner; mais on m’a consulté sur son compte, et je lui souhaite au point de vue pécuniaire la personne au sujet de laquelle on m’écrivait. Quid de fratre Bartholomeo? Vous savez que le chapitre est pour la fin d’août ou le commencement de septembre. Mlle Fabre est là qui me charge pour vous de ses plus tendres compliments. Elle a pour vous toute la vénération et l’affection possible et se recommande à vos prières. Elle se récrie sur le mot tendre, mais je vous assure que c’est vrai. Mille fois vôtre, cher ami, en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Votre lettre du 13 m'arrive à l'instant. Merci des détails que vous me donnez. Le fait est que pour le tripotage Soeur Thérèse est la plus coupable; cela m'est archiévident. Je lui écris, je m'en rapporte à vous et à votre prudence. Je prie pour Frère Benjamin(2).1. Les T.D. ont lu *vendre le Vigan au plus tôt; ce qui nous aidera*...
2. A ce moment, hélas, il y a près de dix jours déjà que le Fr. Benjamin Bonnefoy n'est plus. Le P. d'Alzon n'a pas encore reçu la lettre éplorée du P. Galabert qui lui annonce ce malheur. Le Fr. Benjamin a succombé le 15 juin vers 3 h. de l'après-midi à une fièvre typhoïde. Il avait 36 ans. Pour le P. Galabert, le coup est terrible. "Depuis trois ans je l'avais auprès de moi; et je l'aimais d'une affection bien tendre. Il jouissait de mon entière confiance; et le sachant à la maison, j'étais tranquille, dans mes absences multipliées. J'ai eu bien de la peine à accepter ce sacrifice demandé par Dieu; sans murmure toutefois contre ses impénétrables décrets. [...] Ici tout le monde l'aimait et l'estimait; et je comptais beaucoup sur lui pour le développement de notre oeuvre. Dès les premiers jours il s'était mis avec un zèle incroyable à l'étude des langues du pays; il parlait bien le bulgare, et il commençait à comprendre et à se faire comprendre dans la langue turque. Sa mort modifie nécessairement nos projets, au moins dans leur mode d'exécution, et nous oblige de différer ce que je croyais pouvoir entreprendre dès cette année-ci. Dieu veut nous apprendre à mettre notre confiance en lui seul; et à ne pas nous appuyer sur les bras de chair." (18 juin).