DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 120

8 aug 1868 Bagnères de Bigorre FRAISSE Paul

Voulez-vous faire le bonheur de quelqu’un?

Informations générales
  • DR07_120
  • 3360
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 120
  • Copie ms. ACR, AY 42.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 CURES D'EAUX
    1 MALADES
    1 MARIAGE
    2 FRAISSE, MADAME
    2 PIET, MARCEL
    3 LAVAGNAC
    3 MEZE
    3 NIMES
    3 PRIVAS
  • A MONSIEUR PAUL FRAISSE
  • FRAISSE Paul
  • Bagnères de Bigorre, 8 août [18]68.
  • 8 aug 1868
  • Bagnères de Bigorre
La lettre

Mon cher ami(1),

N’êtes-vous pas surpris de voir mon écriture, supposé que vous vous la rappeliez? Je suis à Bagnères, à prendre les eaux, et comme ma tête trotte un peu, je pense à vous. J’ai eu de vos nouvelles, il y a peu de temps. On m’a dit que vous étiez un charmant jeune homme. Cela ne m’a pas surpris, mais m’a fait faire jabot. Peste! ai-je dit en me rengorgeant, l’Assomption y serait-elle pour quelque chose? Et je me suis attribué, très humblement, une petite partie de vos charmes. J’ai ajouté – à part moi -: Mais ces charmes, les gardera-t-il pour lui seul? Si je l’aidais à en faire le bonheur de quelqu’un! Il y a par le monde un quelqu’un à qui je porte de l’intérêt, que je connais depuis son enfance, d’une grande valeur personnelle – je puis le garantir -, d’une famille très honorable, et qui pourrait vous aider dans votre carrière, quoiqu’on m’ait dit que les protections ne vous manquaient pas.

Le seul inconvénient est que je ne sais pas si vous n’auriez pas un peu plus de fortune qu’elle. Je crois qu’elle aura un jour 200.000 francs. L’avantage est que quand vous serez sous-préfet et préfet, elle tiendra admirablement votre salon, ce que toutes les femmes ne savent pas faire. Je ne parle pas des principes religieux; ils sont tout ce qu’on peut désirer. C’est une idée à moi. Si vous la trouvez propre à être prise en considération, ou venez me voir en septembre, – je ne quitterai pas Nîmes, – ou, si vous êtes à Mèze, dans les premiers jours d’octobre. Je m’y arrêterai en passant pour me rendre à Lavagnac.

Etes-vous seul à Privas? Madame votre mère y est-elle avec vous? Je trouve que je suis très coupable de n’être pas plus au courant des faits et gestes de mes anciens enfants. La maladie m’avait mis aux arrêts. Je vais mieux et je souhaite reprendre avec eux mes bonnes relations.

Adieu, cher ami. Je suis pour trois semaines à Bagnères de Bigorre, chez M. Marcel Piet. Mille fois à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Les listes d'anciens élèves du collège de Nîmes, en nous faisant découvrir un ancien (1855-1860), originaire de Mèze et habitant Privas où il est, en 1869, conseiller de préfecture, nous ont permis de déterminer le destinataire de cette lettre. Voir *Lettre* 3355, n.2.