DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 129

14 aug 1868 Bagnères de Bigorre CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Des travaux qui seront les miens jusqu’au début d’octobre, je voudrais sortir plus saint, plus apôtre, plus embrasé de l’amour de Notre-Seigneur. – Allez toujours au plus haut et au plus parfait.

Informations générales
  • DR07_129
  • 3368
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 129
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 405; D'A., T.D. 29, n. 128, pp. 153-154; QUENARD, pp. 93-94.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 MAITRISE DE SOI
    1 OBLATES
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PRIERE A LA SAINTE VIERGE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 RETRAITES PASTORALES
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VOEUX DE RELIGION
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 JEAN DE LA CROIX, SAINT
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Bagnères de Bigorre, 14 août 1868.
  • 14 aug 1868
  • Bagnères de Bigorre
La lettre

Si vous croyez, ma chère Marie, que, parce que je viens d’écrire à votre soeur, je ne vous écrirai pas, vous vous trompez. Depuis ce matin, je cherche à entrer dans une vie nouvelle, que je voudrais développer surtout d’ici aux premiers jours d’octobre. J’aurai, de l’Assomption à la fête de saint Augustin, un temps de retraite, que je compte employer de mon mieux pour entrer un peu dans la vie intérieure. Si vous lisez attentivement saint Jean de la Croix, vous devez y voir quels rudes combats il faut se livrer sans cesse pour être maître de soi, et combien il importe de ne pas cesser un instant de lutter pour se dépouiller de cet horrible moi. Puis j’aurai la profession des Oblates(1), puis le Chapitre, puis la retraite des Dames de l’Assomption, puis la retraite pastorale.

Tout cela va m’occuper, pas trop, mais assez, et je voudrais sortir de ces divers travaux, tous sanctifiants si je le veux, plus saint, plus apôtre, plus embrasé de l’amour de N.-S. Or ce travail, ma fille, je voudrais le faire avec vous, non pas le Chapitre, la retraite des Assomptiades ou des prêtres, mais ce travail dans lequel nos âmes tendraient, avec une généreuse et sainte émulation, à la perfection de la vie de sacrifice et du don complet de nous-mêmes à Notre-Seigneur. Je passerai une partie de la journée de demain à Lourdes; je demanderai à la Très Sainte Vierge de vous faire comprendre de sa vie tout ce que vous devez en imiter. Allons, ma fille, voilà qui est convenu: nous nous convertirons, nous ne compterons que sur Dieu, nous lui immolerons tout ce que nous avons de plus cher, nous nous dépouillerons de nous-mêmes, nous chercherons Jésus-Christ et nous ne nous préoccuperons que de la pensée de brûler d’un véritable amour pour lui. Nos relations sont, certes, intimes et sérieuses. Il faut qu’elles le deviennent davantage par le sentiment de notre perfection et du bien que nous ferons ensemble, à mesure que nous serons plus parfaits.

Adieu, ma fille. Encore une fois, bonne fête. Oh! si la Sainte Vierge pouvait placer sur la tête de ma fille Emmanuel-Marie de la Compassion une de ces couronnes privilégiées, parce que ma fille, qui est aussi la sienne, aurait laissé percer son coeur du glaive qui fait de fécondes blessures aux vraies épouses de Jésus-Christ! Ma fille, ma fille, devenez une vraie sainte. C’est le plus légitime cri de mon âme. Comprenez-le et commencez par aller toujours au plus haut et au plus parfait.

Il me semble que je vous ai dit là quelque chose de ce qui habituellemment me tourmente pour vous, et que je l’ai moins mal exprimé. Demain, je conjurerai la Sainte Vierge de vous le faire elle-même comprendre et surtout réaliser.

Votre père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Sept Oblates prononceront leurs voeux le 6 septembre à Nîmes.