DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 131

16 aug 1868 Bagnères de Bigorre PICARD François aa

Le noviciat de M. Halluin. – Une petite pierre de Lourdes.

Informations générales
  • DR07_131
  • 3370
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 131
  • Orig.ms. ACR, AE 283; D'A., T.D. 25, n. 283, p. 229.
Informations détaillées
  • 1 FORMATION DES NOVICES
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 ORPHELINATS
    2 CAMPANA, BASILE
    2 HALLUIN, HENRI
    2 MOREL, PIERRE-BAPTISTE
    2 PARISIS, PIERRE-LOUIS
    3 ARRAS
    3 LOURDES
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Bagnères de Bigorre, 16 août [18]68.
  • 16 aug 1868
  • Bagnères de Bigorre
La lettre

J’arrive de Lourdes, mon cher ami, et je vous renvoie la lettre de M. Halluin. Je vous autorise à traiter l’affaire comme vous l’entendrez(1). Le meilleur serait peut-être qu’il profitât de la bonne volonté de ses collaborateurs, pour venir passer un an au noviciat, qu’il ferait soit au Vigan, soit à Nîmes, soit auprès de vous. Puis nous lui donnerions un de nos religieux; puis il reviendrait, aux yeux du public ayant le titre de supérieur, dans l’intérieur obéissant pour la seconde année encore à l’un des nôtres. N’avais-je pas raison de vous écrire que le noviciat à Paris serait bien utile? Quant à moi, je le voterai des deux mains. Il est sûr qu’il faudra que M. Halluin passe quelque temps au noviciat du Vigan pour les questions de coutumes, de règle matérielle, mais ne serait-il pas mieux à Paris, supposé que cela pût s’arranger? Si le Corse(2) nous reste, nous vous céderions le P. Pierre-Baptiste, point prédicateur, mais très saint, très doux, très régulier, de très bonne tournure.

Je vous réserve une petite pierre, que j’ai prise juste à l’endroit où la source de la grotte de Lourdes a jailli. Allez à Arras, amenez M. Halluin, j’approuve tout.

Mille fois vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Voici ce que, le 13 août, le P. Picard écrit au P. d'Alzon:
"M. l'abbé Halluin, prêtre fort estimé, plein de zèle et de dévouement, a fondé à Arras une oeuvre éminemment populaire. Il prend les enfants pauvres, les prépare à leur Première Communion, les envoie en apprentissage, les suit ouvriers et continue à les loger jusqu'à leur mariage. Son oeuvre fait le plus grand bien; ses enfants sont répandus dans toutes les villes industrielles du Nord, il en a une vingtaine à Paris, tous lui conservent une reconnaissance et une affection profonde. [...] Le préfet voulait faire décorer l'abbé Halluin, qui ne tient qu'à son crucifix et ne veut pas d'autre croix que celle de N.-S.; ce bon abbé est soutenu dans ses oeuvres par deux jeunes prêtres, parmi lesquels l'ancien secrétaire de Mgr Parisis, il est jeune encore, mais il pense à l'avenir et comprend qu'une Congrégation religieuse peut seule donner à une oeuvre semblable la durée, la perpétuité. Etant venu dire la messe dans notre chapelle jeudi de la semaine dernière, il me fit part de ses projets et me demanda si nous pourrions nous charger d'une oeuvre semblable. Vous devinez ma réponse: "Certainement nous pouvons nous en charger, rien ne s'y oppose dans nos constitutions, seulement il nous est impossible de le faire en ce moment faute de sujets." - La question fut abandonnée un instant et puis, comme dans le cours de la conversation M. Halluin me dit qu'il ne serait pas éloigné de se faire religieux lui-même, qu'il fallait bien penser à se sanctifier soi-même si l'on veut sanctifier les autres, etc... que peut-être ses collaborateurs seraient dans les mêmes dispositions, mais qu'il n'en savait rien, nous causâmes plus longuement de l'Assomption et nous arrivâmes à cette conclusion que, s'ils venaient trois chez nous, il serait peut-être possible de faire de son oeuvre notre oeuvre. Il fut bien entendu qu'on accepterait de faire le noviciat, qu'on serait prêt à la plus complète obéissance, qu'on entrerait dans une parfaite unité d'esprit et de vues, etc... et nous nous séparâmes avec la promesse d'un secret absolu. Je lui prêtais nos constitutions afin qu'il sût à quoi s'en tenir. Voici la réponse que je reçois à l'instant. Ecrivez-moi votre pensée et tracez-moi une ligne de conduite."
Dans sa lettre au P. Picard (13 août), l'abbé Halluin se déclarait prêt à embrasser la vie religieuse "par le motif d'être utile à la jeunesse pauvre". Parmi ses collaborateurs, l'un, un jeune ecclésiastique non prêtre, avait la pensée de la vie religieuse, les deux autres, deux prêtres, étaient disposés à vivre dans la maison selon l'esprit de l'Assomption jusqu'à ce que la congrégation ait fourni des sujets pour les remplacer. L'abbé parlait ensuite des moyens de faire plus ample connaissance et de la façon dont l'oeuvre pourrait être transmise à la congrégation. Il concluait en émettant le voeu que l'affaire soit réglée au plus vite.
2. L'abbé Campana.