DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 135

17 aug 1868 Bagnères de Bigorre CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Ce que j’ai demandé pour vous à Lourdes. – Quant aux Oblates, vous avez encore des efforts à faire pour faciliter l’ouverture. – Ressources. – Ce que doit être le recrutement. – Ce que j’ai demandé pour moi à Lourdes.

Informations générales
  • DR07_135
  • 3374
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 135
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 407; D'A., T.D. 29, n. 129, pp. 155-156; QUENARD, pp. 94-96.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CLASSES SOCIALES
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 DISTINCTION
    1 ESPERANCE
    1 FOI
    1 FRERES CONVERS
    1 HUMILITE
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 NOVICIAT
    1 OBLATES
    1 PAIX DE L'AME
    1 PRIERE A LA SAINTE VIERGE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 UNION DES COEURS
    1 VERTU DE CHASTETE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE DE PRIERE
    2 BERNADETTE SOUBIROUS, SAINTE
    2 CHILIER, ALEXANDRE
    2 CHILIER, JACQUES
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 COULOMB, LOUISE
    2 SARRAN, VALERIE
    3 LOURDES
    3 NEVERS
    3 NIMES
    3 VICHY
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Bagnères de Bigorre, 17 août [18]68.
  • 17 aug 1868
  • Bagnères de Bigorre
La lettre

Je crains, ma chère enfant, qu’une de mes lettres ne se soit égarée. Deux jours avant ma double épître à Augustine et à vous, vous avez dû en recevoir une de moi, dont vous ne me parlez pas. Nous avons, il paraît, prié en même temps dans les mêmes intentions: vous à Vichy, moi à Lourdes. Si je n’avais attendu votre lettre, je vous aurais dit plus tôt mes impressions. Elles sont, du reste, à peu près les vôtres, sauf quelques nuances pour ce qui vous concerne, et quelques couleurs pour ce qui regarde les Oblates.

J’ai prié à Lourdes bien longtemps pour vous, vous pouvez même dire que vous êtes la personne pour qui j’ai le plus prié. Comme vous, j’ai demandé pour vous l’humilité et les ardeurs de l’amour, j’ai aussi demandé la pureté (comme vous la désirez) dans le sanctuaire de Marie-Immaculée. Enfin, j’ai demandé une grande dilatation de coeur. Vous en avez besoin, vous n’avez pas encore une foi, une confiance assez éperdue. Il faut que cela vienne. Vous avez aussi besoin de pouvoir mettre beaucoup d’âmes dans la vôtre. Il faut que vous ayez la plénitude de l’amour maternel. Quant aux Oblates, je suis ravi de la manière dont vous vous y mettez, mais laissez-moi vous dire que vous avez quelques efforts à faire pour permettre qu’on s’abandonne davantage à vous. Ainsi vous aviez pensé que Soeur Valérie n’était pas portée à l’ouverture à votre endroit. Je ne lui ai ni rien dit, ni rien fait dire, je vous montrerai une lettre d’elle, et vous verrez que vous avez sa plus entière confiance. J’en dirai autant des Soeurs qui sont à Nîmes et j’ajouterai que, si elles ont osé vous écrire comme elles l’ont fait, c’est à la Mère Marie de Saint-Jean qu’il faut l’attribuer. Il paraît que ma fille est un peu comme ma soeur.

Pour les ressources, c’est le cadet de mes soucis: vous pâtirez quelques années, puis vous serez trop riches. Il faut évidemment attirer quelques personnes d’une classe plus élevée, mais je tiens à ce que nous ayons non [pas](1) des domestiques, mais des filles un peu plus communes. Quant à les dégrossir, ce sera l’affaire du noviciat, quand une fois il sera bien établi. Mais je m’aperçois, que moi, toujours si pressé, j’ai plus de patience que bien des gens. Une des raisons les plus fortes pour tenir à cette fusion, c’est qu’en Mission, il faut des tempéraments forts, et puis parce que je m’aperçois qu’il nous faudra à nous des Frères convers pour les missions d’une espèce toute particulière. L’essentiel, c’est de préparer des Soeurs missionnaires, et voilà l’un des motifs qui me portent à mettre à l’étude pour le futur Chapitre la question des Frères convers pour les missions étrangères.

J’ai deux religieux qui sont frères: l’un est convers, l’autre est prêtre; et pourtant le convers a bien plus de moyens que le prêtre et fait beaucoup plus(2). Il faut dans une Congrégation de filles missionnaires tenir compte de tout cela. Mais vous avez mille fois raison, il faut que nous devenions des saints. J’ai demandé pour moi à Lourdes ma conversion, l’esprit d’oraison, et le don d’embraser les âmes et de faire aimer Notre-Seigneur et la Sainte Vierge. Je vous envoie la photographie de Bernadette, aujourd’hui Soeur de Nevers. Pourquoi la Sainte Vierge a-t-elle pris cette ignorante et grossière petite paysanne, qui ne savait ni lire, ni écrire, ni ce que c’est que l’Immaculée Conception? Je vous apporterai une petite plante cueillie à l’endroit même où a jailli la source miraculeuse.

Adieu. Je n’ai plus de papier(3).

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Dites à Augustine que je suis très peu content d'elle.|En me relisant, je vois que je n'ai pas tout dit sur la fusion des filles bien élevées et des autres, nous en parlerons. Du reste, je parle à tout le monde des Oblates pour avoir de bons sujets.1. L'original porte *plus*.
2. Les deux frères Chilier.
3. Ce qui suit la signature a été écrit dans les marges des pages 1 et 2.