DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 144

22 aug 1868 Bagnères de Bigorre CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Vos petits accès d’impatience. – Revenez vraie et parfaite religieuse. – Il nous faut beaucoup de monde, et les classes supérieures n’y suffiront pas. – Où mettrons-nous le noviciat? – Projets pour la fin de son séjour à Bagnères. – Dites-moi toujours votre pensée.

Informations générales
  • DR07_144
  • 3382
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 144
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 407; D'A., T.D. 29, n. 131, pp. 159-160; QUENARD, pp. 98-100.
Informations détaillées
  • 1 CLASSES SUPERIEURES
    1 COLERE
    1 CURES D'EAUX
    1 FRANCHISE
    1 NOVICIAT
    1 OBLATES
    1 PELERINAGES
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 GALABERT, VICTORIN
    3 LOURDES
    3 NIMES
    3 TOULOUSE
    3 VICHY
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Bagnères de Bigorre, 22 août 1868.
  • 22 aug 1868
  • Bagnères de Bigorre
La lettre

Ma bien chère fille,

J’aime trop vos petits accès d’impatience pour ne pas vous fournir l’occasion de les renouveler de temps en temps. Cela est bon pour nous débarrasser de certaines dispositions; quand l’abcès est percé, tout s’en va et il ne reste au coeur que le sentiment d’une vraie religieuse.

Ce que je demande à Notre-Seigneur par dessus-tout, c’est que vous reveniez une vraie et parfaite religieuse. Les quelques jours que vous avez à passer encore à Vichy devraient surtout être employés à bien demander cette grâce à Notre-Seigneur. Ah! mon enfant, que de choses se font et s’obtiennent quand on en est là! Ce qui me fait moins tenir que vous à avoir autre chose(1) que des filles bien élevées, c’est qu’il nous faut beaucoup de monde et que les classes supérieures n’y suffiront pas. Les parents y feront plus opposition qu’ailleurs, voilà qui est parfaitement certain. Une mère riche ne consentira pas à se séparer de sa fille avec la même facilité qu’une mère pauvre. C’est triste, si vous le voulez, mais c’est ainsi.

Où mettrons-nous le noviciat? Evidemment où vous serez, mais il ne faut pas trop se presser de le dire. Je tâche de faire travailler Toulouse et Bagnères, et je ne dis pas que je n’en vienne pas à bout. Je parle des Oblates à tout le monde et j’espère bien que la conséquence sera quelques bonnes vocations, mais je le répète, il faut que vous me reveniez parfaite. J’exigerai la perfection.

Cela dit, quand comptez-vous revenir? Il serait bien possible que je fusse à Nîmes le lundi 31, à 11 heures du soir. Il est possible aussi que je retarde de deux ou trois jours. Et vous? Quand j’aurai pris 24 bains, j’en aurai assez. Je trouve que j’ai fait tout ce que je pouvais faire pour ma santé. Il est possible que je retourne à Lourdes, mais je voudrais faire le pèlerinage à pied; quatre heures pour aller. Si je suis fatigué, j’ai le chemin de fer; sinon, je reviendrai par la même route. Autrement, je prendrai le chemin de fer jusqu’à Toulouse, mais tout cela est très compliqué. Je voudrais pouvoir passer par Luchon, et le temps que nous avons est si affreux que le plaisir de cette course à travers la montagne deviendra une fatigue et un ennui. Alors à quoi bon se fatiguer pour ne rien voir? Et puis, je deviens vieux et, au lieu de contempler les montagnes de la terre, je sens que je fais mieux de songer un peu plus aux collines éternelles. Ah! que je voudrais ne plus perdre mon temps!

Ne me demandez plus pardon de me dire votre pensée. Ce que je ne vous pardonnerais pas, ce serait de ne pas me la dire. Nous cherchons ensemble le meilleur, et celui qui croit l’avoir trouvé le dit à l’autre. Il faut prendre notre parti de n’être pas toujours du premier coup du même avis. Mais tant mieux! Cela entretient la conversation, cela prouve que des deux côtés nous allons en toute sincérité, et Dieu qui voit cela saura bien finir par tout arranger.

Adieu, ma chère enfant. Croyez-moi toujours un peu plus vôtre, si c’est possible, et priez pour votre père qui dans huit jours aura cinquante-huit ans.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je serais bien plus content de la lettre d'Augustine, si elle m'avait appris qu'elle s'était confessée.|Cette lettre se trouvait dans celle que m'écrivait le P. Galabert.1. C'est bien le texte du ms mais la suite de la phrase le contredit. Peut-être faut-il lire *n'avoir autre chose que*.