DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 163

8 oct 1868 Lavagnac MALBOSC_MADAME

Confiance et amour. – Les petites pratiques. – Je suis tous les jours plus préoccupé de la question ouvrière.

Informations générales
  • DR07_163
  • 3401
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 163
  • Orig.ms. ACR, AM 234; D'A., T.D. 37, n. 8, pp. 215-216.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANARCHISTES
    1 CONGRES SOCIALISTE
    1 DEVOTIONS
    1 ENFANTS DE DIEU
    1 ESPERANCE
    1 PAIX DE L'AME
    1 PATIENCE
    1 QUESTION SOCIALE
    1 REVOLUTION
    1 SOCIETES SECRETES
    2 ISABELLE II
    2 MALBOSC, JOSEPH DE
    2 MALBOSC, MESDEMOISELLES DE
    2 MALBOSC, PAULIN DE
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 NAPOLEON III
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    3 ESPAGNE
    3 FRANCE
    3 LAVAGNAC
    3 NIMES
    3 SAINT-AMBROIX
  • A MADAME PAULIN DE MALBOSC
  • MALBOSC_MADAME
  • Lavagnac, le 8 octobre 1868.
  • 8 oct 1868
  • Lavagnac
La lettre

Marie(1) sort de ma chambre, très mécontente de ce que je ne m’occupe pas d’elle, prétendant que je vous donne tout mon temps. Ce n’est pas ma faute, si je le dépense ce pauvre temps, non en pièces de deux sous, mais en centimes. Il est sûr que la lecture de votre lettre a été interrompue au moins quatre ou cinq fois, et je suis à Lavagnac. Voyons pourtant. C’est si bon d’avoir une conscience comme vous qu’il faut bien lui donner quelques bons moments, où je trouverai mon compte. Que vous êtes heureuse d’avoir la conscience en paix! Pour l’amour de Dieu, ne la troublez pas trop, pas du tout. Cherchez tout doucement Notre-Seigneur, mais dans une très grande confiance et un très grand amour. Faites moins les choses comme une esclave que comme une vraie fille du bon Dieu. Ce titre de fille de Dieu est si bon, si beau, si consolant, si fortifiant. Dilatez votre coeur dans cette pensée et songez qu’un seul sentiment d’amour vaut mieux que dix mille sentiments de crainte. Que vous dirai-je de je sais bien qui? Il faut de la patience, illuminer ce noir sans avoir l’air d’y toucher, gagner de l’influence sans apparence de vouloir en acquérir, et puis laisser faire le bon Dieu. Les petites pratiques, sur lesquelles vous revenez, sont excellentes, pourvu qu’elles n’agacent pas, et surtout pourvu qu’elles humilient et qu’elles inspirent un peu d’amour. C’est là leur véritable effet. Mais allez bonnement et rondement, soit que vous y ayez recours, soit que vous les laissiez un peu de côté.

Merci de tout ce que vous me dites de vos filles et de Monsieur Joseph; il a bien raison d’aimer les chevaux. Le monde se perd, à cause de son goût pour les ânes. Veuillez dire à Paulin que je suis tous les jours plus préoccupé de la question ouvrière, et je vois dans tous les Congrès qui se tiennent, les Sociétés secrètes qui se forment, un très prochain symptôme d’anarchie. La révolution espagnole(2) avait été préparée par l’empereur, puis tout à coup elle s’est retournée contre lui. Mgr Mermillod, avec qui je viens de passer huit jours, est convaincu que la France a, elle aussi, une révolution dans le ventre et qu’elle en accouchera au moment où l’on s’y attendra le moins. Marie demande si vous serez à Nîmes pour la Toussaint, elle irait vous voir.

Adieu, bonne cousine. Savez-vous ce que c’est qu’écrire à côté d’un piano que l’on accorde? C’est ma situation présente. A un mois d’ici, je l’espère. Mille tendresses à vos petits. Qu’il me tarde de les revoir!

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Il est possible que j'aille à Saint-Ambroix(3), de dimanche en huit. Dans ce cas, si vous y veniez, j'aurais toute la matinée à votre service.1. Madame de Puységur.
2. La révolution qui vient de renverser Isabelle II.
3. Saint-Victor de Malcap, où séjournent parfois les Malbosc, se trouve près de Saint-Ambroix.