DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 182

1 nov 1868 Nîmes PICARD François aa

Le malentendu entre les Pères Emmanuel et Hippolyte.

Informations générales
  • DR07_182
  • 3428
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 182
  • Orig.ms. ACR, AE 289; D'A., T.D. 25, n. 289, pp. 235-236.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 CREANCES A PAYER
    1 ECONOMAT GENERAL
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 GESTION DES BIENS
    1 VENTES DE TERRAINS
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 LAURENT, CHARLES
    2 PICARD, PIERRE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 ARRAS
    3 MONTMAU
    3 NIMES
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, le 1er nov[embre] 1868.
  • 1 nov 1868
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Cher ami,

Vous avez raison. Il y a malentendu. J’ai donné pleins pouvoirs au P. Hippolyte pour vendre; il m’a déclaré qu’il n’était pas d’avis de vendre. J’étais un peu de son avis. Je croyais plus utile de faire un emprunt, – lui aussi -; et je lui aurais donné pleins pouvoirs pour user de ma signature ou d’une procuration, mais il ne m’en a pas dit le premier mot. Pourquoi ne l’aurais-je pas fait pour le P. Hippolyte, puisque je suis obligé de le faire pour le P. Emmanuel? Notez que j’ai déclaré au P. Hippolyte que je ne me mêlais pas de sa querelle avec le P. Emmanuel. J’ai passé quatre jours au Vigan dans la plus intime confiance avec lui, lui disant tout, écoutant tout. Pourquoi ne m’a-t-il pas dit un mot de la procuration que j’étais parfaitement prêt à lui donner? Point; il me signifie qu’il ne viendra au banquet que par ordre? Fallait-il l’y obliger?

J’arrive à Nîmes. [Le] Père Emm[anuel] et [le] P. Laurent étaient aux abois. J’autorise le P. Emmanuel à écrire au P. Hipp[olyte], comme il l’a fait. Voici pourquoi. Tous les intérêts payés et avec Montmau, cette année, la maison a un boni. Mais il faut l’argent au commencement de l’année. C’est pour cela que [le] P. Emmanuel réclame 12.000 francs qui viendront de Montmau. A quoi le P. Hippolyte répond par une offre de démission d’économe g[énér]al, ne donne pour prétexte que l’état de sa tête qui ne peut suffire à tout. Je comprends sa vexation, je lui réponds deux bonnes lettres, et je lui aurais envoyé ma procuration ou plutôt ma signature, si j’eusse pensé que ce fût ce qu’il voulait. Mais pourquoi ne le disait-il pas? En vingt-quatre heures, [le] P. Emmanuel et M. Picard ont fait ce qu’eût fait le P. Hippolyte, s’il fût venu. Voyons. Quel motif pouvais-je avoir de donner ma signature à l’un plutôt qu’à l’autre?

Mais le vrai motif – et le P. Hippolyte me l’a avoué au Vigan – le voici. Il a dit: « La rentrée est superbe, ils peuvent se tirer d’affaire sans vente et sans emprunt ». Eh bien, cela a été impossible à cause des remboursements exigés; d’où la nécessité d’un emprunt qu’eût négocié le P. Hip[polyte], comme l’a négocié le P. Em[manuel], s’il fût venu à Nîmes. Comprenez-vous?

Picard allait plus loin. Il se chargeait d’arranger les choses sans emprunt, si au commencement de l’année le P. Hip[polyte] eût prévenu qu’il ne pouvait donner un sou. Encore une fois, le P. Hip[polyte] ne voulait pas d’emprunt, mais pour se tirer d’affaire il fallait qu’il prévînt.

Que faire? Je crois que nous aurons de l’argent dans d’excellentes conditions. Alors peut-être inviterons-nous le P. Hippolyte à revenir sur sa décision. Mais il fallait pourvoir au plus pressé, et, en présence de son abstention, c’était à moi qu’il fallait que le P. Emmanuel eût recours. Vous avez l’explication de tout, et même le motif intime de la conduite du P. Hippolyte, qui, s’il eût parlé au moment de la rentrée, eût évité de cruels jours au P. Emmanuel.

Adieu. Tout vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Si le P. V[incent] de P[aul] ne va pas à Arras, il pourra revenir ici au plus tôt, il nous sera précieux. Ni Picard, ni le P. Emmanuel, ni le P. Laurent ne savent le premier mot de la procuration dont parle le P. Hippolyte. Il n'en a jamais été question, et vous savez bien que je ne l'aurais pas refusée.