DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 216

8 jan 1869 Nîmes PLANTIER Mgr

Son attitude envers l’oeuvre des Ecoles d’Orient.

Informations générales
  • DR07_216
  • 3467
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 216
  • Brouillon de la main du P. d'Alzon, ACR, AO 216; D'A., T.D. 40, n. 1, pp. 94-96.
Informations détaillées
  • 1 BUDGETS
    1 COLLECTES
    1 ECOLES
    1 ENSEIGNEMENT DES LANGUES
    1 FRANCHISE
    1 MAITRES
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 MISSIONNAIRES
    1 RITE SYRIEN
    1 SUBSIDES
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 CANOVA, ANDREA
    2 COURTOIS, ALBERT DE
    2 COURTOIS, MADAME ALBERT DE
    2 REGIS, EULALIE DE
    2 SAINT-COUX, PAUL DE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SOUBIRANNE, PIERRE
    3 ANDRINOPLE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 LIBAN
    3 LYON
    3 NIMES, DIOCESE
    3 PARIS
    3 PHILIPPOPOLI
    3 PHILIPPOPOLI, ECOLE SAINT-ANDRE
    3 SYRIE
  • A MONSEIGNEUR PLANTIER, EVEQUE DE NIMES
  • PLANTIER Mgr
  • Nîmes, le 8 janvier 1869.
  • 8 jan 1869
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Monseigneur,

Vous avez bien voulu me communiquer la lettre que M. l’abbé Soubiranne vous a adressée le 6 courant. Je crois utile de vous transmettre par écrit ma réponse, afin que vous veuillez bien la lui faire parvenir, si vous le jugez à propos.

Il est très vrai que j’ai désiré de tout coeur faire réussir l’oeuvre des Ecoles d’Orient. Il est très vrai que j’espérais et que j’espère encore que vous l’encouragerez un jour. Mais vous seul êtes le juge de l’opportunité du moment; et, à cet égard, vous savez que j’ai attendu, tout en m’occupant de l’oeuvre, mais avec une activité qui ne devait pas nuire à l’oeuvre de la Propagation de la foi que j’aurais bien tort de contrarier, puisque depuis vingt-cinq ans je suis président du Comité diocésain.

J’ai stipulé avec M. l’abbé Soubiranne que je garderais les collectes faites dans le diocèse. Ceci est très positif. C’est du moins [ainsi] que je l’ai toujours entendu, comme M. l’abbé Barnouin, tant qu’il a été directeur de l’oeuvre de Saint-François de Sales dans le diocèse, a toujours gardé les sommes qu’il percevait et recevait en allocations de Paris. Le tout pour éviter l’envoi d’un argent qui devait immédiatement retourner ici.

Puis, Monseigneur, j’avais pendant plusieurs années consacré une somme assez considérable à faire élever des Maronites, dont les parents avaient péri dans les massacres du Liban. J’ai envoyé le chiffre de ces sommes, sans indiquer la source, pour augmenter le chiffre des recettes et des dépenses, comme je l’ai vu pratiquer dans certaines oeuvres. Depuis que j’ai vu que le Conseil des Ecoles d’Orient n’agréait pas cette méthode, je m’en suis dispensé.

Mlle de Régis a légué une somme assez considérable(1) pour être consacrée par le P. Hippolyte à nos écoles d’Orient. J’avais proposé à M. l’abbé Soubiranne de la faire figurer sur le budget de l’oeuvre des Ecoles d’Orient; probablement j’ai eu tort, mais ma pensée était toute bienveillante pour l’oeuvre.

Il y a quelques années, M. l’abbé Soubiranne me proposa de lui-même l’allocation de 4.000 francs pour notre école de Philippopoli. Par un sentiment de délicatesse, au lieu [de] toucher cette somme, je priai qu’on l’adressât à Mgr Canova, évêque de Philippopoli. Il avait été parfait pour nous. Je savais qu’il avait dépensé beaucoup et j’étais bien aise que nos religieux reçussent cette allocation de ses mains. C’était répondre à une bienveillance paternelle par un procédé délicat. Mgr Canova étant venu à mourir, savez-vous à qui l’allocation fut adressée? Aux religieux Polonais établis à Andrinople. L’allocation fut fidèlement versée par le caissier de M. Soubiranne, mais à d’autres qu’à nous.

Depuis, qu’avons-nous reçu pendant deux ou trois ans? 2.000 francs par année, lorsqu’on [en] avait promis 4.000; lorsque nous avons une école de 200 enfants à Philippopoli, tenue par 3 religieux; lorsque nous avons 2 religieux à Andrinople, – un troisième vient de mourir -; lorsque nous entretenons 8 religieuses soit pour un petit pensionnat, [soit] pour des écoles gratuites où affluent des catholiques, des schismatiques et des juives, et pour des visites de malades pauvres à domicile, et pour un ouvroir, auquel Mme de Courtois, la femme du consul, votre diocésain et mon ancien élève prête le plus gracieux concours.

Veuillez remarquer, Monseigneur, qu’outre les religieux et les religieuses nous sommes obligés de payer des maîtres, (j’ignore si l’on paye des maîtresses) pour l’enseignement du bulgare et du grec, que nos religieux et les religieuses ne savent pas suffisamment. Maintenant j’ai chargé M. de Saint-Coux d’être le secrétaire correspondant de l’oeuvre. Sa correspondance est-elle en souffrance? J’ai le tort de l’ignorer, tant j’ai hâte de répondre; mais pour dire toute ma pensée, quand j’ai vu que les quatre mille francs promis d’abord avaient été adressés à d’autres qu’à nous, qu’ensuite, au lieu de 4.000 francs sur lesquels on m’avait assuré pouvoir compter, j’en avais reçu 2.000 seulement, mon zèle pour la propagation de l’oeuvre des Ecoles a diminué et je me suis adressé à la Propagation de la foi. Vous avez bien voulu me promettre votre concours et votre protection, j’en userai sous très peu, car j’apprenais hier encore par Constantinople que le Conseil de Lyon avait les meilleures dispositions à notre égard.

Un malentendu sur la manière d’entendre l’organisation du budget, une somme promise par l’oeuvre [des] Ecoles et non touchée, plus tard la diminution de moitié sur les allocations promises, de la part du secrétaire de Nîmes, un retard ou je ne suis pour rien, parce que je l’ai stimulé assez souvent; de ma part, découragement en face de promesses faites [et] non tenues ou tenues à moitié: voilà le résumé de cette affaire.

J’ajoute qu’à mon dernier voyage j’avais constaté, de la part de quelques membres du Conseil, la résolution de donner surtout au Liban et à la Syrie; de la part de quelques autres personnes, le désir de faire parvenir les fonds aux Pères Polonais. En cet état de choses j’offre, puisque M. Soubiranne soulève la question, de payer ce qui sera réclamé pour les bulletins reçus, et dans l’impossibilité où je suis de comprendre ce dont se plaint, de son côté, M. l’abbé Soubiranne, de diriger tous nos efforts vers l’oeuvre de la Propagation de la foi.

Veuillez agréer, Monseigneur, l’hommage d’un respect et d’un dévouement, dont le principal mérite est, vous le savez, vous du moins, la parfaite loyauté de celui qui vous les offre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Dix-sept mille francs. - Sur ce legs voir notamment *Lettres* 3031, 3234, 3276.