DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 218

12 jan 1869 Lavagnac CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Que l’éloignement nous aide à nous tourner vers Dieu – Un missionnaire aphone – Un ménage uni – Comment va notre petite communauté ? – Une preuve de confiance.

Informations générales
  • DR07_218
  • 3468
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 218
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 408; D'A., T.D. 29, n. 145, pp. 175-176.
Informations détaillées
  • 1 OBLATES
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SUPERIEURE
    1 VOYAGES
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 ATTENOUX, BERTHE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 COLOMBY, LES
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 WANDEL, PERE
    3 BEZIERS
    3 BORDEAUX
    3 MANS, LE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Lavagnac, 12 janvier 1869.
  • 12 jan 1869
  • Lavagnac
La lettre

Eh! bien, ma chère fille, voilà deux jours passés sans vous voir. Je me reporte surtout à Nîmes par la pensée, et dire que je vais m’en éloigner encore. Tout cela doit nous servir à nous tourner du côté de Dieu et j’espère bien, à mon retour, vous trouver tellement plongée dans cette perfection qu’il vous demande que rien ne sera plus capable de vous en retirer. J’ai trouvé ici un saint homme, le P. Wandel, un prêtre suisse, qui chassé par la révolution de sa paroisse, et ayant une maladie du larynx, s’est fait missionnaire. C’est curieux, me direz-vous. Oui très curieux, ce qui n’empêche pas qu’il ne fasse du bien et beaucoup de bien en causant à voix basse. Je lui ai demandé comme de raison des vocations d’Oblates, il faudra bien qu’il m’en trouve.

J’ai encore trouvé ici un charmant petit ménage merveilleusement uni, les Colomby. Cela sent la tourterelle, et, en effet, ils sont charmants. Le mari a six brosses à dents, et il lui faut trois arrosoirs chaque matin pour faire sa toilette. Avez-vous connu Berthe Atténoux? Mettez sa tête enjolivée d’une expression intelligente sur une taille de fée, vous aurez Mme de Colomby. Pourquoi vous dis-je cela? Vraiment je n’en sais rien, sinon parce que je vous dis tout. Après-demain, je pars pour Béziers.

Somme toute, mon enfant, je m’aperçois qu’il y a des misères partout et que le meilleur encore est de se jeter entre les bras de Notre-Seigneur. Comment va notre petite communauté? Est-on bien sage, malgré le gâteau des rois? Fait-on bien tous les efforts possibles pour se conduire comme de bonnes religieuses? Je vous préviens que je vis, moi, comme un païen; c’est affreux, mais c’est ainsi. Le jour commence à baisser et je vais vous dire bonsoir.

Je vais vous donner une preuve de confiance, je vous transmets sans enveloppe une lettre pour le P. Alexis: elle vient de Rome et M. de Cabrières l’ayant oubliée dix jours dans un livre, je l’ai oubliée trois [jours] dans ma poche. Mille choses à Soeur Jacqueline(1). Comment va Mme votre mère? Adieu, ma fille. Tout vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Demain, octave de l'Epiphanie, ma messe sera pour vous.1. Augustine Correnson, soeur de Mère Emmanuel-Marie, sera ainsi appelée une trentaine de fois dans les lettres du P. d'Alzon jusqu'au début d'août 1869.