DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 235

29 jan 1869 Le Mans CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Le P. O’Donnell approche de sa fin – Deux Oblates possibles – Il eût été plus parfait de ne pas dîner chez Mme votre mère – Jeûne.

Informations générales
  • DR07_235
  • 3492
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 235
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 408; D'A., T.D. 29, n. 153, pp. 183-185.
Informations détaillées
  • 1 EXTREME ONCTION
    1 MORT
    1 OBLATES
    1 PREDICATION
    1 VERTUS RELIGIEUSES
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 CLAVIER, MARIE DES ANGES
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 COULOMB, LOUISE
    2 JULIAN, HELENE
    2 MARIE-JUSTINE, VISITANDINE
    2 O'DONNELL, EDMOND
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SAGE, ATHANASE
    2 VAILHE, SIMEON
    3 MANS, LE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Mans, 29 janvier 1869.
  • 29 jan 1869
  • Le Mans
La lettre

Ma chère fille,

Encore quelques heures et j’aurai quitté le Mans. Cette lettre partira probablement avec moi, et, quand elle vous arrivera, j’aurai probablement encore trouvé à Paris le bon Père O’Donnell parti pour le ciel. Il a eu avant-hier une crise affreuse, il a été administré et l’on pense qu’il ne résistera pas à une crise nouvelle(1). Priez et faites prier pour lui. Du reste, il est très édifiant.

J’ai retenu la fille de ce médecin(2), mais médecin marié depuis peu. Elle porte le nom de son père, lequel meurt de faim. Elle a de 15 à 16 ans, grande et forte; elle a la taille de Soeur Marie des Anges. Les religieuses de son village me l’ont amenée, elle a les meilleures attestations de son curé. Les religieuses qui l’ont élevée disent qu’il lui manque encore un peu d’orthographe, qu’elle a une voix superbe et une facilité très grande pour tout apprendre. Je la ferai aller à Paris par la plus prochaine occasion et, de là, à Nîmes. Les Soeurs de la Visitation la garderont tant que je voudrai. A l’Assomption, j’espère qu’on ne la détournera pas.

La Soeur économe de la Visitation veut absolument me donner sa soeur, maîtresse de musique au Mans, une tournure dans le genre d’Hélène(3): un oeil de verre, 27 ans, beaucoup de moyens, bonne tenue, petite fortune, très bonne santé. C’est elle-même qui a voulu qu’on lui arrachât, à dix-neuf ans, un oeil gâté. Son énergie est, dit-on, très grande. Sa soeur me la poussera. On la voudrait à la Visitation, mais comme elle a une voix superbe, Soeur M.-Justine trouve que c’est dommage de lui infliger la psalmodie de la Visitation. Nous nous écrirons.

Je reçois votre lettre, mais les miennes se perdent; je vous écris presque tous les jours, et vous voyez que, sur le point de partir d’ici et devant monter en chaire(4), je vous écris encore. Je crois qu’il eût été plus parfait de ne pas dîner chez Mme votre mère, non à cause de vous, mais [à cause] des Soeurs.

Vous, vous ne jeûnerez pas. Je donne la permission pour les Soeurs dont vous me parlez; mais demandez plus de silence, de recueillement, de charité et d’obéissance. Je vous bénis du plus profond du coeur. Dans un mois je serai auprès de vous.

Votre père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Mon souvenir à la Mère de Saint-Jean et à Soeur Jacqueline et à toutes nos filles.1. C'est ce qu'avait écrit la veille le P. Picard. Le P. O' Donnell avait reçu les derniers sacrements et attendait la mort avec sérénité. "Pas une plainte, pas une appréhension, la joie d'un enfant qui fait sa première communion quand il reçoit le bon Dieu."
2. La personne d'Angers dont il a été question dans la *Lettre* 3490.
3. Hélène Julian.
4. Pour son sermon sur l'oeuvre de Saint-François de Sales? Le ms. du canevas autographe (CS 167) est nettement daté du 24 janvier, date retenue par le P. Vailhé dans sa *Chronologie*. Le P. Sage, se fondant sans doute sur notre lettre a préféré la date du 29 dans la Chronologie du *Maître spirituel*. Mais peut-être le P. d'Alzon a-t-il écrit son canevas le 24 et prononcé son sermon le 29...