DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 247

7 feb 1869 Paris CHABERT Louise

Le sacrifice – Vous devez être une victime apostolique.

Informations générales
  • DR07_247
  • 3506
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 247
  • Orig.ms. ACR, AM 305; D'A., T.D. 38, n. 1, pp. 5-6.
Informations détaillées
  • 1 PREDICATION
    1 QUARANTE HEURES
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 PICARD, FRANCOIS
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Paris, 7 février 1869.
  • 7 feb 1869
  • Paris
  • *Louise Chabert.*
La lettre

Ma bien chère enfant,

Je suis heureux de pouvoir vous répondre immédiatement, car je vais prêcher tout à l’heure et je ferai mon sermon en vous écrivant(1). Vous me dites que vous éprouvez, par moments, le besoin de souffrir pour prouver à quel point vous aimez. C’est précisément la meilleure manière d’entrer en relation intime avec Notre-Seigneur. Ne pouvait-il pas sauver le monde autrement que par la souffrance? Evidemment il le pouvait. Pourquoi a-t-il choisi la croix? Pour prouver son amour en souffrant. Donc vous pouvez vous abandonner à cette disposition qui n’est autre que celle de Notre-Seigneur, qui a prouvé son amour pour les hommes par le sacrifice. Le sacrifice! Voilà le grand mot, auquel le monde ne comprend rien. Se sacrifier, c’est se donner, et le monde est essentiellement égoïste. Se sacrifier, c’est aimer jusqu’à la souffrance; et le monde n’aime que le plaisir, la vie commode, aisée. Se sacrifier, c’est chercher le bonheur au-delà du temps. Qu’est-ce que l’immortalité pour le monde? L’apôtre qui ne se sacrifie pas ne sera jamais qu’un discoureur, un libre-penseur, un orateur; il ne peut pas être un apôtre.

Remarquez qu’il n’y a pas de grande cause défendue sans sacrifice. Mais ceci nous mènerait trop loin. Revenons plus spécialement à vous. Depuis que je vous étudie, je me persuade toujours plus que vous devez être une victime apostolique. Victime, vous devez vous sacrifier. Victime apostolique, vous devez vous sacrifier pour donner votre vie (2) à Notre-Seigneur.

Je vous assure que si vous êtes heureuse d’être ma fille, j’ai un grand bonheur d’être pour vous un vrai père. Je sens bien que j’en ai toute l’affection. Je vous bénis, mon enfant, et à revoir dans trois ou quatre semaines.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon prêchait les Quarante-heures. Il nous donne ici le thème de son sermon du 7 février c'est-à-dire du dimanche de la Quinquagésime. "P. d'Alzon prêche magnifiquement un auditoire superbe. Les Quarante-heures préparent un bon Carême et une belle retraite entre le deuxième et le troisième dimanche" (Picard à Bailly, 10 février).
2. Le manuscrit porte *votre voix*.