DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 253

10 feb 1869 Paris CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Le courage vous est certainement revenu – Programme des prochaines semaines – Le sacrifice – Si nous avions vingt religieux! – Le P. Picard et le P. Vincent de Paul – Allez, élargissant les coeurs! – Sr Jacqueline – Ne travailler que pour Dieu – Un spécialiste du foie.

Informations générales
  • DR07_253
  • 3512
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 253
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 409; D'A., T.D. 29, n. 162, pp. 191-193; QUENARD, pp. 112-114.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 LACHETE
    1 MALADIES
    1 MEDECIN
    1 PREDICATION
    1 SALUT DES AMES
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VOEUX DE RELIGION
    1 VOLONTE
    1 VOYAGES
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 CARRETON, ELISABETH
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 O'DONNELL, EDMOND
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 ARRAS
    3 AUTEUIL
    3 GENEVE
    3 LYON
    3 PARIS
    3 PARIS, PASSY
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Paris, le 10 février 1869.
  • 10 feb 1869
  • Paris
La lettre

Comment, ma bien chère enfant, le découragement a pénétré encore dans votre âme? Je viens de dire la messe pour vous, et, sauf demain où je la dirai pour le Père O’Donnell, vous aurez eu depuis lundi jusqu’à samedi. Que dois-je donc faire pour vous rendre un peu de courage? Vraiment, il me semble presque inutile de chercher à vous en donner, tant je suis convaincu que déjà il vous est revenu. Tâchez donc de me dire bientôt que vous êtes de nouveau pleine de bonne volonté et qu’appuyée sur Notre-Seigneur vous irez toujours en avant.

Je vais prêcher après-demain, à Auteuil, la profession d’une jeune personne, parente de mon beau-frère et dont la fortune a été complètement perdue. Vendredi, je prêcherai le soir chez les Frères de Passy; puis, j’en partirai pour Arras. Cela prendra deux ou trois jours de la semaine prochaine. La seconde semaine, je prêcherai une retraite dans notre chapelle. Le dimanche soir ou le lundi matin, je pars pour Genève. J’y reste le mardi et mercredi, le jeudi et vendredi à Lyon, et je vous arrive le samedi matin. Je vous arrive, ou à cinq heures, si j’en ai le courage, ou à 11 heures et demie. Voilà mes projets, si rien ne vient les déranger. Mais je vous en conjure, ma bien chère enfant, ne vous découragez pas trop d’ici là. Voilà le carême qui commence, je vous ai défendu de jeûner et de rien faire d’extraordinaire en dehors de ce que je vous ai permis, mais tâchez de présenter à notre bon Maître toutes les souffrances de votre pauvre coeur. Ce sont là les vrais sacrifices qui sont surtout féconds pour attirer des âmes.

Je vois avec bonheur le bien que le P. Picard fait ici, l’influence qu’il exerce à Auteuil et qui va s’étendant sur les hommes. Il fait partie de huit à neuf oeuvres d’hommes, et je suis convaincu que si nous avions ici vingt religieux, ces vingt religieux auraient un énorme travail dans des quartiers tout neufs, mais qui se peuplent de bonnes familles. Aussi, si Dieu le permet, l’an prochain, quand j’aurai été un certain temps à Rome, j’enverrai le P. Vincent de Paul à Paris, car c’est à Paris qu’est son véritable apostolat. Je suis convaincu qu’il y fera un bien immense, avec tout ce qu’il y a à faire et que l’on ne fait pas.

Pour l’amour de Dieu, que les esprits étroits n’arrêtent pas la largeur que vous devez apporter dans votre action sur les âmes! Allez, allez, élargissant les coeurs et leur faisant tout le bien possible. Vous pouvez permettre à Soeur M.-Elisabeth ce qu’elle demande, à condition que si elle se sent fatiguée, elle interrompra aussitôt.

Je parlerai à Mme la supérieure générale de l’Assomption de la jeune fille que vous m’indiquez. Nous verrons ce qu’elle dira. Du reste, vous pourriez l’envoyer à la Mère M.-Gabrielle.

Je voudrais bien gronder cette Soeur Jacqueline que j’aime tant, mais en la grondant se corrigerait-elle? Je lui en veux réellement, après tout ce que je lui ai dit, de ne pas vous mieux obéir. C’est réellement très mal à elle. Vous pouvez le lui répéter, de ma part. Vous voyez bien que vous n’avez pas besoin de me recommander de prier pour vous, je le fais avec un vrai bonheur. Ah! mon enfant bien aimée, quand en serons-nous à ne travailler que pour Dieu, à ne mettre notre amour, notre satisfaction qu’en Dieu, à aimer les souffrances, les humiliations, les mépris pour l’amour de Notre-Seigneur? Courage! et entrons au commencement du carême dans cette voie. Pour moi, c’est du fond du coeur que je demande à notre divin Maître de me donner toutes vos épreuves morales, si cela peut vous faire du bien, et, en allégeant votre fardeau, vous aider ensuite à le reprendre avec plus de générosité et de vaillance.

Il y a ici un médecin, qui a une spécialité pour les maladies de foie. Un de mes amis, atteint de la manière la plus grave, a été guéri en cinq jours et va à merveille depuis un an. Si vous aviez réellement quelque chose de ce côté, ne pourriez-vous pas venir? Une quinzaine de jours suffiraient, pour sûr.

Adieu, adieu, chère Marie. Croyez que je vous suis bien tendrement attaché en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum