DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 259

13 feb 1869 Paris CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Soeur Alexandrine – Pas de sorties inutiles des Soeurs pendant le carême – Perspective de vocations – Une retraite qu’on me propose de prêcher à Bruxelles – Recrues – Je suis pressé de vous voir une maison – Genève et Arras.

Informations générales
  • DR07_259
  • 3517
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 259
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 409; D'A., T.D. 29, n. 163, pp. 195-196.
Informations détaillées
  • 1 CAREME
    1 IMMEUBLES
    1 OBLATES
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 SEVERITE
    1 SUPERIEURE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOYAGES
    2 COMPAND, ALEXANDRINE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 MERMILLOD, GASPARD
    3 ARRAS
    3 BELGIQUE
    3 BRUXELLES
    3 GENEVE
    3 PARIS
    3 ROME
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Paris, 13 [février 18]69(1).
  • 13 feb 1869
  • Paris
La lettre

Ma bien chère enfant,

La situation de Soeur Alexandrine finira par devenir intolérable, mais prenez patience jusqu’à mon retour. J’espère que dès mon arrivée il y aura une petite réaction. Je présume que vous avez assez compris mes intentions formelles, pour vous opposer à ce que les Soeurs sortent pendant le carême, à moins des motifs des plus urgents. Je vous rends responsable de toutes les sorties qui pourraient avoir lieu inutilement.

J’espère que peu à peu les choses s’arrangeront. Je pense tirer un profit de mon voyage, c’est de vous préparer des vocations. Evidemment, si j’étais venu ici l’an dernier, cette campagne eût été plus fructueuse, mais je jette de bons jalons pour plus tard. Ainsi l’autre jour (ceci n’est qu’un détail entre mille), une grande dame de Belgique, à qui j’ai eu le bonheur de plaire, est venue me conjurer de lui permettre de préparer pour moi une retraite à Bruxelles, m’assurant que je trouverais beaucoup de vocations pour des filles missionnaires. Je vais prêcher une retraite dans huit jours dans notre petite chapelle et j’espère bien, avec la grâce de Dieu, faire quelques bonnes recrues. Si j’avais osé, j’en aurais fait une d’une demoiselle qui a déjeûné ce matin(2) à côté de moi, chez les religieuses de l’Assomption, et encore je n’en désespère pas.

Je suis sûr que dans ce moment il se fait un travail qui sera très favorable aux Oblates. Mais que je suis pressé de vous voir une maison! J’ai la certitude qu’avant un an nous aurons une bonne somme pour commencer. Priez et faites prier en ce sens. Je voudrais bien ne pas partir pour Rome sans voir les murs s’élever, de façon à vous y installer peu après mon retour. Enfin! à la garde de Dieu.

Je crois que vous devez beaucoup prier la sainte Vierge à cette intention. Du jour où vous aurez un chez vous, évidemment il sera bien plus facile d’attirer du monde; c’est plus clair que le jour. A mon retour, je vous expliquerai mes combinaisons. Mais d’ici là, il faut que vous deveniez une religieuse parfaite, souple sous la main quelquefois exigeante de Notre-Seigneur, généreuse à tout sacrifice de ce qui lui sera demandé, enfantant ses filles et son oeuvre dans la douleur, comme la sainte Vierge enfantait dans les plus atroces souffrances l’Eglise au pied de la croix. Agrandissez vos pensées et vos sentiments, ma fille, dans l’ordre surnaturel et ne refusez rien à l’amour de Jésus-Christ qui vous presse de devenir une sainte. Ce que je vous dis sur la certitude que j’ai d’avoir la somme pour bâtir est pour vous, pour Soeur Jacqueline et tout au plus pour votre mère, si vous le jugez convenable.

Je passerai deux jours à Genève et j’espère bien y trouver du monde. Monseigneur Mermillod va avoir intérêt à m’être agréable par un service que je puis lui rendre.

Adieu, ma fille. Je pars après-demain matin pour Arras. J’espère bien trouver, à mon retour qui sera mardi soir(3), un mot de vous. J’ai dit la messe pour vous hier et aujourd’hui.

Votre vrai père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le manuscrit porte *janvier*.
2. Notre lettre est donc postérieure à la *Lettre* 3516 du même jour où le P. d'Alzon n'est pas encore parti pour Auteuil.
3. Départ pour Arras le 15 février au matin, retour à Paris le 16 au soir.