DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 312

5 may 1869 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

A propos de diverses Oblates – Jean n’a rien promis à personne – Je crois que ma visite à Rochebelle aura fait du bien.

Informations générales
  • DR07_312
  • 3592
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 312
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 410; D'A., T.D. 29, n. 187, pp. 215-217.
Informations détaillées
  • 1 HERITAGES
    1 MALADES
    1 MEDECIN
    1 OBLATES
    1 PREDICATION
    1 VOYAGES
    2 ARNAL DU CUREL, MADAME
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BROUSSE, VICTORINE
    2 BRUN, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, CHARLES-LOUIS
    2 CORRENSON, LOUISE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 DURAND, MADELEINE
    2 DURAND, MARIE DE L'ANNONCIATION
    2 JEAN, CUISINIER
    2 JOULE, JEAN-MARIE
    2 MARIE-JOSEPH, OBLATE
    2 ROUHER, EUGENE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VILLARET, VERONIQUE
    3 NIMES
    3 NIMES, CATHEDRALE
    3 ROCHEBELLE, FAUBOURG DU VIGAN
    3 VIGAN, LE
    3 VIGAN, PROPRIETE LAVALETTE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 5 mai 1869.
  • 5 may 1869
  • Le Vigan
La lettre

Ma bien chère fille,

Je vous croyais morte, et je vois avec une immense joie que vous êtes encore en vie. Je serai à Nîmes vendredi(1), entre quatre et cinq heures du soir; j’en repartirai lundi pour deux ou trois jours.

Voici ce que j’ai à vous dire de sérieux. Soeur Marie-Madeleine ne peut continuer à être supérieure, elle est trop bête, et sa soeur(2) brochant sur le tout, c’est à n’y plus tenir. Evidemment une supérieure plus intelligente aurait évité la catastrophe de Soeur M.-Joseph; c’est la conviction très expresse du P. Jean-Marie. Je crois comme vous que Soeur Victorine ne peut commander, je propose Soeur Véronique. Que faire des deux soeurs? Les mettre dans un petit endroit à faire l’école; elles s’en tireront comme elles s’en tiraient au Vigan, et ce sera un moyen de s’en débarrasser sans les renvoyer. Vous direz, mais Soeur Véronique est malade. Je réponds: qui pouvez-vous mettre à sa place? Puis si Soeur Aug[ustine] décampe, ou si nous la renvoyons, la preuve de confiance donnée à Soeur Véronique arrangera tout dans une certaine coterie. Notez que cette bonne fille a été aussi blessée que le P. Jean-Marie de certaines expressions de Mme Arnal, dont je ne veux pas dire de mal, mais qui, à coup sûr, n’a aucune influence sur Soeur Véronique. Je n’ai pu la voir (Mme Arnal): elle est au mariage d’un sien neveu avec une nièce de M. Rouher. Notez que cela ne peut se faire de suite. Soeur Véronique est à la Valette pour les vers à soie, et il faut avoir le temps de trouver gîte aux deux vieilles(3) que nous voulons écarter. Mais quand la combinaison aura réussi, Soeur Augustine fera ce qu’elle voudra, et le P. Hippolyte, qui en a par-dessus les yeux, se chargera de la mettre à la porte sans l’ombre d’une hésitation et il sera bon qu’elle parte des Oblates sous le gouvernement de sa tante.

Jean ne lui a jamais rien promis ni directement, ni indirectement. Il n’a rien promis à personne que quelques milliers de francs; à quoi le P. Hippolyte l’a fortement encouragé, et j’ai été de son avis. Si donc la bonne fille espère quelque chose de ce côté, elle est dans l’illusion la plus profonde. Je vous défends de faire appeler un autre médecin que M. Correnson. Il trouve que vous êtes trop bonne de permettre tant de parloirs à Soeur Augustine. Si elle ne peut faire la classe, sous peu nous l’enverrons ici, mais ce sera le prélude de sa sortie. Je vous dis tout ceci à l’avance, afin que vous réfléchissiez de votre côté à ce qui sera le mieux. Je communiquerai au P. Hippolyte ce qui concerne cette pauvre fille dans votre lettre. Je suis convaincu par nos conversations précédentes qu’il sera tout à fait de mon avis.

Voilà une lettre d’affaires; j’en avais bien plus long à vous dire, mais je le réserve pour vendredi, à cinq heures et demie, où j’irai demander à dîner chez les Oblates. Je ferai maigre, mais si par hasard on portait votre dîner à ce moment, peut-être me permettrai-je de vous demander de dîner le moins loin possible l’un de l’autre.

Adieu, ma fille. Je souhaite à nos filles une sainte fête de l’Ascension, et un grand désir du ciel. Quant à vous, je vous souhaite une vraie transfiguration. Soeur Joseph va assez bien, mais elle a encore pour deux mois avant qu’elle puisse s’en aller.

Adieu encore une fois et mille fois vôtre, ma chère enfant.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je crois que ma visite ici aura fait du bien de toute espèce. Peut-être me fais-je illusion, mais je crois y avoir vu clair, avoir arrêté bien des misères de plusieurs espèces, apaisé certaines têtes et pris un peu d'ascendant sur quelques esprits. Je vous conterai tout cela. J'ai dit la messe dimanche pour Louise. Allez entendre le P. Emmanuel(4), mais arrangez-vous pour qu'on ne vous voie pas et ne sortez de la tribune de Mme votre mère que quand vous saurez que l'on ne remarquera pas votre présence.1. Le 7 mai.
2. Sr Marie de l'Annonciation.
3. Sr Madeleine est née en 1813 et Sr Marie de l'Annonciation en 1823.
4. A la cathédrale.