DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 321

1 jun 1869 Paris CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Je souffre de vous savoir souffrante – Dieu vous envoie les douleurs de l’enfantement de votre congrégation – Sans nouvelle de Jean – Les hommes nous manquent plus que les fonds – Vos filles.

Informations générales
  • DR07_321
  • 3604
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 321
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 409; D'A., T.D. 29, n. 191, pp. 220-221; QUENARD, pp. 121-122 (extrait).
Informations détaillées
  • 1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 HERITAGES
    1 MERE DE L'EGLISE
    1 OBLATES
    1 PETITES SOEURS DE L'ASSOMPTION
    1 SANTE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 DARBOY, GEORGES
    2 JEAN, CUISINIER
    2 PERNET, ETIENNE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Paris, 1er juin [18]69.
  • 1 jun 1869
  • Paris
La lettre

Je vous ai écrit hier, mon enfant, et je ne puis vous dire combien je souffre de vous savoir souffrante. J’avouais hier à quelqu’un, qui ne vous connaît pas et avec qui je pouvais me dégonfler, que vous seriez peut-être cause que je n’irais pas au concile, ou du moins que la pensée de vous laisser en mauvais état troublerait la joie que je m’étais promise d’un pareil événement. Enfin, ma chère petite, il faut se soumettre à la volonté de Dieu, qui vous envoie ainsi les douleurs de l’enfantement de votre Congrégation, et veut que vous en soyez par ce côté encore plus la mère. Vous avez un trait de plus de ressemblance avec la Sainte Vierge enfantant l’Eglise sur le Calvaire.

Je suis transi, un peu enrhumé, mais je ne suis pas malade. Je vais et je viens, et tout à l’heure j’irai visiter les filles du P. Pernet(1). Ah! vous voulez des nouvelles de Jean. Eh! bien, vous n’en aurez pas; attrapez. Pourquoi êtes-vous si curieuse? Est-ce que vous croyez par hasard que j’en ai? Pas du tout. Je n’en ai pas plus que vous. Je vois bien que cela vous contrarie, mais qu’y faire? A vous parler sérieusement, ce secours si extraordinaire m’effrayait passablement. Il me semble que c’est bien meilleur de procéder petitement et modestement. Qu’il y ait pour nous de l’ennui, c’est incontestable. Mais que fait-on sur la terre sans ennui? Du reste, la position morale de l’Assomption est selon moi de plus en plus belle. Ce ne sont pas les fonds qui nous manquent, ce sont les hommes. Ah! demandez des vocations; c’est là l’essentiel.

Vous ne me parlez pas de vos filles, j’espère qu’elles vont bien. Adieu, mon enfant bien aimée. Croyez qu’il me tarde de vous revoir, mais je ne sais quand ce sera. J’ai dû aller voir l’archevêque, qui a été très bon pour moi, je lui ai remis une note. 11 faut du temps pour qu’il l’examine.

Adieu, encore une fois. A quoi cela tient-il que je me sentirais pour vous un redoublement d’affection si, après ce que j’en ai depuis si longtemps dans le coeur, elle pouvait s’accroître?

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Comme il l'a fait à sa précédente visite à Paris (v.*Lettre* 3502).