DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 328

9 jun 1869 Paris CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

La situation ne s’éclaire pas – Vous avez pour vous soutenir une congrégation d’hommes – De grâce, soignez-vous! – Ne songeons plus à Jean : nous aurions été trop riches – Vocations.

Informations générales
  • DR07_328
  • 3612
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 328
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 410; D'A., T.D. 29, n. 195, pp. 224-225; QUENARD, pp. 122-123.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONGREGATIONS D'HOMMES
    1 CONGREGATIONS DE FEMMES
    1 COUVENT
    1 HERITAGES
    1 PROJETS D'UNION
    1 SANTE
    1 SUCCESSIONS
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOYAGES
    2 BAILLY, BERNARD
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 DARBOY, GEORGES
    2 JEAN, CUISINIER
    2 LE REBOURS, PIERRE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 MANS, LE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Paris, 9 juin [18]69.
  • 9 jun 1869
  • Paris
La lettre

Je comptais partir ce soir, ma bien chère fille, ou demain soir. Je vois non sans ennui que la situation ne s’éclaire pas. M. Le Rebours fait le revêche, et, comme on m’affirme que j’ai bien mené ma barque jusqu’à présent, je ne voudrais pas l’abandonner au moment où peut-être il sera possible de triompher de toutes les difficultés. « Alors, mon Père, quand arrivez-vous? » Alors, ma fille, je ne le sais plus. Cependant je viens de faire faire par mon neveu la déclaration par laquelle il veut prendre l’archevêque de Paris pour arbitre. Je demanderai à ma nièce d’en faire autant, et tout sera dit. Dieu le veuille!

Les réflexions que vous me faites au sujet de la Congrégation de filles dont je vous ai parlé(1) sont très bonnes, seulement: 1° Vous ne serez jamais dans leur situation, parce que vous avez pour vous soutenir une Congrégation d’hommes. Elles n’ont qu’un curé de 80 ans. La preuve de ce que je vous dis est que c’est le P. Pernet et le P. Picard qui m’ont fait la proposition d’union, que tous les deux comptent aller les voir. Le P. Pernet y passerait un mois pour les amener à ce résultat; il vous en enverrait de suite quelques-unes, au moins une sous prétexte de santé, l’assistante, qui est à la tête d’un pensionnat et qui, si elle passait l’hiver à Nîmes, pourrait diriger les études des jeunes Soeurs. Le P. Pernet n’a pas songé à les attirer dans sa Congrégation, puis j’ajoute que vous auriez tort de juger tous les religieux d’après le bon P. Hippolyte(2). Est-ce que le P. Emmanuel ne vous est pas dévoué? Le P. Picard, le P. Pernet, le P. Vincent de Paul sont dans les mêmes dispositions. J’ajouterai encore que la supérieure générale de l’Assomption y est aussi plus que je ne l’avais cru jusqu’à ce voyage.

2° Vous vous trompez, si vous croyez ces bonnes filles formées. Elles ne le sont pas au point de vous envahir. Du reste, n’est-il pas évident que, puisqu’elles se confient aux religieux, ceux-ci les formeront comme je l’entendrai et, puisque ma chère fille trouve qu’en général je finis par avoir raison, je pense que la chose se fera. Seulement, il faut prier pour savoir si c’est la volonté de Dieu.

Je ne puis vous dire combien chaque jour je sens que j’ai besoin de vous. De grâce, soignez-vous. J’ai besoin que vous alliez un peu de tout côté et que vous vous posiez tous les jours un peu plus en supérieure générale. Ah! quand aurons-nous une maison indépendante du collège! Que de gens pourront alors nous venir! Ne songeons plus à Jean, puisque personne ne nous donne de ses nouvelles. Ce sera peut-être un très grand bien; nous aurions été trop riches, il vaut mieux que nous le soyons moins(3).

Je vois avec bonheur poindre certaines vocations. Priez pour qu’un frère du P. Vincent de Paul, officier de marine très distingué, nous arrive; il branle et je ne serais pas très surpris de le voir bientôt parmi nous(4).

Adieu, ma fille. Vous ne comprenez pas, je le vois bien, ce que vous m’êtes. Je viens d’éternuer deux fois très fort.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. *Lettre*3607.
2. Il est vrai que le bon P. Hippolyte, à qui l'oeuvre devait tant, avait perdu un peu de son enthousiasme initial : "Aujourd'hui, a-t-il écrit le 24 mai au P. d'Alzon, nous avons fêté l'anniversaire de la fondation des Oblates. Quatre années d'écoulées et qui ont emporté bien des illusions à leur sujet."
3. Et nous nous tiendrons davantage entre les mains de Dieu (*Lettre* 3606).
4. Bernard Bailly avait à ce moment 34 ans. Il ne se fit pas religieux.