DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 364

27 jul 1869 Nîmes PICARD François aa

Les affectations – Le collège qui s’est offert – Le cas du P. Laurent – La créance de cent mille francs – Promesse de ne plus penser tout haut devant vous.

Informations générales
  • DR07_364
  • 3648
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 364
  • Orig.ms. ACR, AE 309; D'A., T.D. 25, n. 309, pp. 251-253.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 COLLEGES
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CREANCES A PAYER
    1 MAITRES
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 NOMINATIONS
    1 ORPHELINATS
    1 PROJETS D'UNION
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 FRANCOIS, CHARLES
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GERMER-DURAND, JOSEPH
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MAUBON, JOSEPH
    3 ARRAS
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, 27 juillet [18]69.
  • 27 jul 1869
  • Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Je vous remercie de votre longue lettre(1); voici à quoi je m’arrête.

1° Je vous laisse le Frère Joseph.

2° Je vous offre le Frère Charles. Voilà un religieux de plus pour Arras. Cette année, je ne puis faire un pas de plus pour cette maison.

3° Quant au collège qui renferme 10 prêtres, sans que je sache encore dans quel pays, je crois que les discussions de personnel que soulève Arras prouvent l’impossibilité de traiter, du moins cette année. J’en suis désolé, mais il y en a assez, tant que nous n’avons pas pourvu Paris et Arras(2).

4° Quant au Père Laurent, vous êtes dédommagé par le Père Vincent de Paul.

5° Pour le Père Alexis, il n’aurait dû aller à Paris qu’en passant(3).

6° Je vous offre encore le Père Germer jusqu’au concile(4). S’il peut vous être utile, je le tiens à votre disposition: réponse au plus tôt.

7° Quand vous m’avez parlé de l’agrégation de tout un collège à notre Congrégation, j’ai offert le Père Germer comme un religieux édifiant, bien élevé; mais avec les discussions que je prévois, si après lui je ne vous en offre pas d’autres, je préfère ne pas commencer. Vous me rendez prudent.

8° Je ne suis pas très inquiet du prêtre qui s’était offert pour la rhétorique. La lenteur qu’il a mise à répondre nous dispense de tout engagement envers lui. Toutefois je puis lui offrir une classe de seconde, s’il la désire. Vous voyez que je ne vous causerai pas d’ennuis là-dessus.

9° Je reviens au Père Laurent. C’est bien lui qui m’a conjuré de le laisser ici. Et dès qu’il me dira qu’il préfère repartir, malgré le plaisir que j’ai à l’avoir ici et malgré les réclamations du Père Emmanuel, je vous le renverrai. Mais le P. Laurent que je laisse libre de s’en retourner me disant: « Le plus grand bien de la Congrégation, c’est que je reste à Nîmes », entre le désir du Père Emmanuel et les vôtres, je penche pour son avis, parce qu’il peut par sa position mieux juger que qui que ce soit ce qui est préférable.

Maintenant laissez-moi vous faire une observation. Il y a 9 ans, si je ne me trompe, que je vous ai prêté une somme(5). Elle devait être rendue au bout d’un certain temps, quand les intérêts l’auraient fait monter à 100.000 francs. Il y a bien quelques années que les 100.000 francs sont parfaits, et je n’ai vu ni capital ni intérêts. Pourtant, il y a quelques années de cela, l’impossibilité où vous avez été de me rendre m’a mis dans les plus cruels embarras. Vous avez tenu bon, vous n’avez pas rendu. Maintenant que mes embarras semblent diminués, me voyez-vous insister, comme il y a quelque temps? Il est vrai que j’ai transporté la créance sur la tête du Père Galabert, mais il est vrai que vous ne lui avez pas versé grand-chose. Le débat sera entre vous. Je m’en retire entièrement, mais vous ne m’accuserez pas de l’envenimer. Je vous promets même, si je me procure des ressources, de l’engager à ne pas trop vous harceler; comme aussi je vous promets de vous donner, si je le puis, mais de ne plus vous prêter un sou. Bref, je n’insiste pas et je vous laisse tranquille pour l’affaire des 100.000 francs. Mais tâchez de comprendre qu’on a quelquefois des embarras, quand les religieux manifestent des désirs. Car sans doute il est bon de ne pas toujours tenir compte de leur volonté, mais quand il s’agit d’une affaire aussi grave que les Missions étrangères, il faut bien pourtant réfléchir sur leur attrait; surtout quand en donnant un religieux, il faut désormais s’attendre à le donner à peu près pour la vie, comme il arrive pour Arras.

Je me résume. Offre du Frère Charles pour Arras, du Père Germer pour quelques mois à Paris; maintien du Frère Joseph à Arras, et promesse très absolue de ne plus penser tout haut devant vous et de ne plus rien dire, tant que je n’aurai pas immuablement arrêté les placements dans mon esprit(6).

Adieu. Je vous embrasse tout de même avec une bien tendre amitié.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Il me vient une idée pour le collège dont vous parlez. Si quelques-uns de ces 10 prêtres veulent venir ici faire leur noviciat, peut-être tout pourrait-il s'arranger. Ils vivraient en grande partie dans le collège, quelque temps au noviciat, et tout irait pour le mieux. Je vous livre cette idée, si vous tenez à une union la plus prochaine possible. Adieu, et tout vôtre.1. Du 26 juillet.
2. C'est déjà ce que le P. d'Alzon a dit le 22 juillet.
3. Le P. Picard croyait à un transfert de plus longue durée.
4. Le P. d'Alzon comptait emmener le P. Joseph Germer-Durand au concile (v. *Lettre* 3623).
5. Lors de l'acquisition du terrain de la rue François Ier.
6. Le P. Picard n'avait pas mâché ses mots, défendant farouchement les intérêts des maisons de Paris et surtout d'Arras. Après quoi il avait conclu: "Voilà ma conviction; une fois que je l'ai exprimée, j'ai rempli un devoir. Après cela, il ne me reste plus qu'à me conduire en religieux, qui doit accepter avec reconnaissance même ce qu'il voudrait empêcher s'il le pouvait, qui ne doit pas avoir recours au découragement, mais compter sur Dieu lorsqu'il croit impossible ce qui lui paraît nécessaire. Il ne saurait se présenter d'autre parti, je n'ai ni la responsabilité, ni le pouvoir, je ne saurais avoir de volonté. A vous d'agir, car à vous incombe la responsabilité, à vous donc aussi de vouloir sans tenir compte de mes impressions ou de mes raisons. Comme vous les connaissez, je suis tranquille et je continue mes efforts à Paris.[...] et croyez bien que, si mon dévouement est insupportable, il n'en est pas moins sincère et absolu. [...] et dans ma rude franchise je tiens à n'être qu'un fils bien obéissant et dévoué."