DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 385

15 aug 1869 Le Vigan MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

L’affaire de Maria – Expropriation possible en septembre – Retour de Bulgarie d’une Soeur mortellement atteinte – Le logement de vos Soeurs au Vigan – Les revenus du P. Hippolyte – La supérieure des Oblates est à Sète – Notre noviciat va bien – Le triomphe des bacheliers.

Informations générales
  • DR07_385
  • 3666
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 385
  • Orig.ms. ACR, AD 254; D'A., T.D. 24, n. 1021, pp. 58-59.
Informations détaillées
  • 1 BACCALAUREAT
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONFESSEUR
    1 CURES D'EAUX
    1 EXPROPRIATIONS
    1 FOURRAGE
    1 GARES
    1 MACHINES
    1 MALADES
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 RELIGIEUSES
    1 VACANCES
    1 VERS A SOIE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 DARBOY, GEORGES
    2 DOUMET, MADAME
    2 DOUMET, MARIE-CATHERINE
    2 FERRET, JULES
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 JULLIEN, FRERE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 QUESNEL, MADAME
    2 QUESNEL, MARIA
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 BULGARIE
    3 PARIS
    3 SETE
    3 VICHY
    3 VIGAN, LE
    3 VIGAN, PROPRIETE LAVALETTE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Le Vigan, 15 août 1869.
  • 15 aug 1869
  • Le Vigan
La lettre

Bonne fête! ma chère fille. Vous avez besoin, je le vois, que la Sainte Vierge vous vienne en aide, car les soucis ne vous manquent pas. L’affaire de Maria me semble tellement fabuleuse, après les faits écrasants qui pèsent sur elle, qu’il n’y a pas trop à s’en préoccuper. Est-ce que Mme Q. veut faire constater canoniquement l’improbité de sa fille(1)?

Tout le monde me dit que je serai exproprié en septembre. Mais cela est-il sûr? L’expropriation est faite à cinq ou six kilomètres d’ici. Je ne crois pas que cela puisse tarder. Cela irait, je pense, au plus à quelques mois. Il est sûr que la gare se fait chez moi, mais on ne dit pas encore combien l’on prendrait de terrain. Je voudrais bien que ce fût quatre hectares, comme on l’avait dit d’abord, mais je ne puis l’espérer.

Avez-vous su que, définitivement, sur 10 bacheliers présentés, nous en avons 10 de reçus, dont 5 avec mention honorable? Nous avons dû faire revenir de Bulgarie une de nos religieuses mortellement atteinte de la poitrine: elle va nous arriver au Vigan. Je ne puis vous dire l’ennui que j’ai eu, en voyant les difficultés que l’on a eues ici pour loger vos Soeurs; une autre année, je m’y prendrai plus tôt. Franchement, il n’y a pas, cette année, à Lavalette la place sur laquelle je comptais; mais le P. Hippolyte qui, quoi qu’il en dise, a des revenus très beaux, achètera une machine à presser le foin, et vous verrez que la place se fera. Réellement Le Vigan est ravissant, à Lavalette surtout, et vos filles y eussent été à merveille. Les vers à soie ont donné des résultats, que le P. Hippolyte me cache, mais je sais qu’en dehors de ses cocons il vendait la feuille de mûrier 15 francs le quintal, 30 francs les 100 kilos.

La petite supérieure des Oblates m’a bien inquiété un moment. Elle est à Cette à reprendre les forces que lui avaient fait perdre les eaux de Vichy. Notre noviciat va bien, pour ce qu’il est. Mais que nous avons besoin de quelques hommes distingués! La Sainte Vierge finira par nous les envoyer peut-être.

Amélie(2) ravit sa mère. Elle est allée au P. Emmanuel, qui est fort amusant dans son triomphe des bacheliers. Selon lui, le P. Laurent dit: « C’est fabuleux », le Fr. Jules(3): « C’est drôle, ça »; un certain abbé: « C’est cyclopéen »; M. Durand: « C’est dangereux ». Lui ajoute: « C’est, c’est, c’est ce que c’est: 10 sur 10 ». Il se croit sûr de 190 élèves pour la rentrée. Dieu le veuille!

Je vais dire la messe et bien prier pour vous, ma fille. Vous sentez le poids des dérangements. Je vous plains. Il me semble qu’à cette fête la Sainte Vierge me veut plus que jamais dans l’ordre surnaturel. Je lui demanderai les mêmes dispositions pour vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Quelle importance ont pourtant les confessions et les péchés des religieuses! L'Eglise s'en trouble, et vous vous fâchez de la considération qu'on a pour leurs imperfections!1. Madame Q. voulait faire constater par une enquête et par l'archevêque de Paris l'innocence de sa fille dans une affaire où Mère M.-Eugénie n'avait pu que constater son improbité (lettre de Mère M.-Eugénie du 13 août).
2. Cette jeune fille succédera un jour à la bienheureuse Marie-Eugénie de Jésus en devenant la 3e supérieure générale des Religieuses de l'Assomption. Mais, en 1869, Amélie Doumet n'est pas encore Mère Marie-Catherine de l'Enfant-Jésus et est toujours pensionnaire à Auteuil.
3. Il fallait lire *Jules* (Boulet) et non *Julien*, comme l'a fait l'édition (X, p.386). Quant au Frère Jullien, c'était un frère convers auquel le P. d'Alzon avait donné l'habit le 11 juin à Paris, comme nous l'apprenons par des notes du P. Bailly qui résuma le sermon (GK 56, pp.119-120). Il s'agit sans doute de l'ancien soldat dont le P. d'Alzon se disait enchanté lors de son séjour à Paris en février (*Lettre* 3503).[Note corrigée et complétée le 5.9.1998].