DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 405

31 aug 1869 Le Vigan MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Soeur Colombe – Restez dans le silence – J’ai 59 ans depuis hier – Nous touchons à une belle époque.

Informations générales
  • DR07_405
  • 3686
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 405
  • Orig.ms. ACR, AD 1521; D'A., T.D. 24, n. 1025, pp. 63-64.
Informations détaillées
  • 1 ACCIDENTS
    1 ASSOMPTION
    1 BAPTEME
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 MALADIES MENTALES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    2 CHIGI, FLAVIO
    2 DARBOY, GEORGES
    2 LOYSON, HYACINTHE
    2 LOYSON, MARIE-COLOMBE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Le Vigan, 31 août 1869.
  • 31 aug 1869
  • Le Vigan
La lettre

Ma chère fille,

Vous avez ma lettre, et, je crois, la copie de celle du P. Hy[acynthe](1). Il me semble que je vous avais tenue suffisamment en dehors; par conséquent, si vous êtes attaquée, c’est qu’on voudra vous faire des querelles pour rien. A quoi ni vous ni moi ne pouvons rien. Quant à ma pensée, vous voyez que j’explique la chose très simplement, et je lui porte bien le défi d’avoir rien à dire. Il parle de la mauvaise impression produite par ma lettre. Sur ce point je lui rive les clous de façon à ce que l’archevêque ne pourra me blâmer, car il se mettra dans son tort. Quant à Colombe, je vous avoue que dans le premier jet de ma lettre je n’y avais pas pensé, tant cette question m’avait paru secondaire. Du reste, il a vu que j’établissais deux fois que je ne me reconnais aucune autorité chez vous.

Et maintenant si vous voulez toute ma pensée, vous pouvez passer par un mauvais moment, et ce que vous avez de mieux à faire, c’est de rester dans le silence. Mais n’en doutez pas, ce qui les irrite, c’est de sentir que la force morale catholique nous vient et leur échappe. C’est trop dur pour eux. Donc ils s’agiteront quelque temps, comme la bête fauve traquée. Vous devez vous tenir à l’abri de leurs coups, mais eux ils se sentent battus.

Maintenant c’est à vous à voir s’il n’est pas plus avantageux de laisser faire, en poussant doucement à la sortie une personne, qui, sous l’influence de l’admiration fraternelle, sera pour vous une pierre perpétuelle d’achoppement, un futur centre d’opposition, un dénonciateur inconscient, mais un dénonciateur auprès d’un certain monde de ce qui se passera dans l’intimité de votre Congrégation. Les choses en sont au point que l’Assomption attaquée par une certaine coterie c’est l’Assomption recommandée aux yeux du monde catholique. Il faut souffrir un peu cela mais on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs.

J’ai 59 ans depuis hier; après-demain 2 septembre, il y en aura autant que je suis baptisé. Je ne suis plus jeune et pourtant ma conviction se fortifie. Je sens que nous touchons à une belle époque. Pour l’atteindre il faut traverser quelques bourrasques, la Terre Promise ne se rencontrera qu’au bout du désert.

Adieu, ma chère fille. Priez pour votre père de 59 ans, et croyez que la lettre du P. Hy[acinthe] était l’expression d’un prétexte cherché et trouvé. Le nonce(2) aura ces deux pièces, et quelquefois je trouve qu’il serait loyal de les envoyer à Virginie.

Adieu, encore une fois, en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. *Lettres* 3683 et 3684.
2. Mgr Flavio Chigi.