DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 406

31 aug 1869 Le Vigan LA_BEDOLLIERE

Toujours l’affaire de la religieuse devenue folle: réponse à de nouvelles attaques.

Informations générales
  • DR07_406
  • 3687
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 406
  • D'après l'*Univers* du 7 septembre 1869; D'A., T.D. 40, pp. 425426.
Informations détaillées
  • 1 ACCIDENTS
    1 BONTE
    1 MALADIES MENTALES
    1 PERSECUTIONS
    1 POLEMIQUE
    1 SECTE
    2 LOYSON, HYACINTHE
    2 MARIE-JOSEPH, OBLATE
  • A MONSIEUR DE LA BEDOLLIERE, REDACTEUR DU *NATIONAL*
  • LA_BEDOLLIERE
  • Le Vigan, 31 août 1869.
  • 31 aug 1869
  • Le Vigan
La lettre

Monsieur,

On me remet plusieurs numéros du National, où vous revenez sur ma lettre à l’Univers, à propos d’une religieuse atteinte de folie. Je pourrais rétorquer longuement, le public se fatiguerait, je me borne à quelques mots. Je nie qu’il y ait l’ombre d’une différence entre ma lettre à l’Univers et celle que j’ai eu l’honneur de vous adresser(1). Seulement, pour vous aider à comprendre la 1ère, il a fallu, paraît-il, le commentaire de la seconde; ayez la patience de comparer, vous serez de mon avis.

Je ne dis pas un mot d’où vous puissiez conclure que je donne du haut de mon grand vicariat, des conseils inhumains et bassement égoïstes. Non, monsieur, veuillez examiner, je me borne à constater des faits recueillis par une expérience de plus de 30 ans. Je les résume, rien de plus. Je ne trouve ces faits ni inhumains, ni bassement égoïstes, je comprends le sentiment des familles, je l’indique et j’y compatis. Prenez-y garde, j’ai avec moi un trop grand nombre d’affligés, dont vous ne voudrez trouver les sentiments ni inhumains, ni bassement égoïstes, et contre lesquels il vous répugnera, après réflexion, de protester si durement.

J’arrive à ce qui me semble essentiel; et je me borne à deux questions capitales.

Vous parlez des infâmes persécutions d’une secte impitoyable. Derrière vos paroles, il y a une accusation bien grave, monsieur, si vous ne les expliquez pas. Est-ce moi qui suis coupable d’infâmes persécutions? Est-ce moi qui appartiens à une secte impitoyable?

S’il y a des persécutions infâmes, il faut les signaler.

S’il y a une secte impitoyable, il faut la faire connaître.

Si je suis un membre de cette secte, il faut le dire.

Il faut le dire, monsieur, car en matière aussi sérieuse, j’ai le droit de demander votre pensée, je l’exige au nom de la plus légitime défense.

Je l’exige avec d’autant plus d’énergie qu’un religieux très pacifique, trop pacifique peut-être, me fait part de l’explosion de sentiments douloureux qui se sont fait jour autour de lui dans les consciences les plus chrétiennes(2).

Je vous fais la part belle, monsieur, en vous indiquant des auxiliaires sur lesquels vous ne comptiez peut-être pas. Mais j’appartiens à ce courant de catholiques persuadés que le temps de parler est venu, que, selon les Livres saints que vous m’invitez à citer, ce qui se disait à l’oreille doit être prêché sur les toits.

Vous aurez donc la bonté de me donner les explications publiques auxquelles j’ai droit, sur ces mots écrits par vous à mon occasion: infâme persécution, secte impitoyable, et je suis persuadé que si une rétractation est nécessaire, vous aurez le courage de la faire devant vos lecteurs.

Je suis, monsieur, votre serviteur.

E.D'ALZON,|Supérieur des Oblates(3) de l'Assomption.
Notes et post-scriptum
1. *Lettres *3663 et 3673.
2. Ce religieux *pacifique, trop pacifique peut-être* est le P.Loyson à qui il a reproché son discours au Congrès de la paix (v. *Lettre* 3684*) et dont il rapporte ici en termes propres un passage de la lettre du 26 août.
3. C'est ce qu'avait écrit le P. d'Alzon mais le journal a mis *Oblats de l'Assomption*.