DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 428

9 oct 1869 Nîmes PICARD François aa

Le livre de Mgr Maret – Nous verrons-nous à Lyon ? – Enterrer le P. Hyacinthe sous le silence.

Informations générales
  • DR07_428
  • 3715
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 428
  • Orig.ms. ACR, AE 315; D'A., T.D. 25, n. 315, p. 259.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 LIVRES
    1 SOUCIS D'ARGENT
    1 VOYAGES
    2 AUBERT, ROGER
    2 BRESSOLETTE CLAUDE
    2 JEANTET, LOUIS
    2 LAWOESTINE, OSCARINE DE
    2 LOYSON, HYACINTHE
    2 MARET, HENRI
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 VITTE, PIERRE-FERDINAND
    3 LYON
    3 PARIS
    3 ROME
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, 9 oct[obre 18]69.
  • 9 oct 1869
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Voulez-vous m’envoyer le livre de Mgr Maret(1)? J’ai quelque envie d’en extraire certaines propositions et de les dénoncer au concile. Ce sera le meilleur moyen de pousser à la solution de l’infaillibilité. Enfin j’ai envie d’étudier tout ce qu’il y a là-dessous.

Le Père Vitte voudrait que nous nous vissions à Lyon. Cela m’éviterait d’aller à Paris. Il me faut économiser mon temps et mon argent, c’est pour cela que je calcule. Quand je serai à Rome, nous verrons si vous pouvez avoir l’argent pour y venir(2). Mon opinion sur le Père Hyacinthe, c’est de l’enterrer sous le silence. Son âme s’en trouvera bien; on lui fait trop d’honneur, et, après sa lettre à Mgr Mermillod, il n’y a plus qu’à tirer l’échelle(3).

Adieu, cher ami. Tout vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
On croit être à 245 élèves, mais quelques-uns font faux bond; l'effectif est de 235, à ce qu'il paraît.1. Mgr Henri Maret, doyen de la faculté de théologie de la Sorbonne et évêque titulaire de Sura depuis 1861, préparait depuis longtemps un ouvrage destiné à défendre scientifiquement le gallicanisme modéré qu'il professait. Cédant aux instances de certains de ses amis, il en hâta la publication et l'ouvrage parut au début de septembre sous le titre *Du concile général et de la paix religieuse*. Il allait ainsi fournir, note R. Aubert, aux adversaires du gallicanisme une raison supplémentaire d'insister sur la nécessité pour le concile de prendre position (AUBERT, *Pie IX*, pp.318-319). Comme on le voit ce fut exactement la réaction du P. d'Alzon. Le P. Bailly (lettre du 6 septembre au P. d'Alzon) appelle cet ouvrage "les volumes de la trahison"... - Claude BRESSOLETTE, *Mgr Maret et le P.d'Alzon*, dans *Colloque*, pp.119-139, conduit un parallèle intéressant entre "deux types d'hommes, deux modèles d'Eglise dans la société".
2. "Vous me mettez à la torture, car vous augmentez mon désir déjà si ardent d'aller à Rome et de m'y trouver avec vous au commencement du Concile. Ce désir [...] est-il raisonnable? N'est-il pas inspiré par l'amour de moi-même et de ma satisfaction? Si un évêque me demandait, il y aurait peut-être à y réfléchir; pourtant c'est avec peine que je vous vois partir tout seul" (Réponse du P. Picard, 10 octobre).
3. Mère M.-Eugénie avait reçu de Mgr Mermillod une lettre pour le P. Hyacinthe. Elle la lui avait fait porter (Bailly au P. d'Alzon, 28 septembre). D'autre part, le 7 octobre, Mère M.-Eugénie avait envoyé au P. d'Alzon "copie de la réponse qu'Oscarine m'a remise". (Oscarine, que Mère M.-Eugénie appelle dans une lettre au P. d'Alzon du 1er août 1870 "la terrible Philothée de Mgr Mermillod", était l'épouse du général de Lawoestine). Nous n'avons plus ce document. Voici d'après un biographe de Mgr Mermillod la réponse du P. Hyacinthe à l'évêque d'Hébron : "Monseigneur, j'ai été fort touché de votre lettre. Celle-là était vraiment pour moi, non pour le public; elle venait d'un coeur affectueux, non d'un esprit égoïste ou emporté. Je comprends que vous blamiez l'acte que je viens d'accomplir. [...] . J'ai considéré cet acte [...] comme un impérieux devoir pour ma conscience personnelle." (JEANTET, *Le Cardinal Mermillod*, Paris, 1906).