DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 20

18 nov 1869 Rome MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

J’ai bien prié pour vous à Sainte-Croix, à Saint-Pierre, à Saint-Augustin – La question des religieux – Les évêques missionnaires sont favorables à l’infaillibilité – Autres nouvelles.

Informations générales
  • DR08_020
  • 3746
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 20
  • Orig.ms. ACR, AD 1531; D'A., T.D. 24, n. 1038, pp. 75-76.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 AUGUSTIN
    1 AUTEL
    1 CARDINAL
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 CHAPELLE
    1 CLERGE REGULIER
    1 CLOTURE
    1 CONCILE DE TRENTE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATIONS A SUPERIEURE GENERALE
    1 COUVENT
    1 CRITIQUES
    1 DIPLOMATIE
    1 DISCIPLINE ECCLESIASTIQUE
    1 EDIFICE DU CULTE
    1 EVECHES
    1 EVEQUE
    1 EXEMPTION
    1 FECONDITE APOSTOLIQUE
    1 FETE
    1 GALLICANISME
    1 GRACES
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 JURIDICTION EPISCOPALE
    1 MISSIONNAIRES
    1 MONASTERE
    1 PAPE
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 REPRESSION DES ABUS
    1 STATUE DE LA SAINTE VIERGE
    1 TOMBEAU
    1 VENERATION DE RELIQUES
    1 VOEUX SOLENNELS
    2 AUBERT, ROGER
    2 BANNEVILLE, GASTON MORIN DE
    2 CHARLES IX
    2 CLAIRE, SAINTE
    2 DARBOY, GEORGES
    2 DU FERRIER, ARNAUD
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 FALLOUX, ALFRED DE
    2 FALLOUX, FREDERIC DE
    2 MANNING, HENRY-EDWARD
    2 MARET, HENRI
    2 MARTIN V
    2 MONIQUE, SAINTE
    2 NICOLAS DE TOLENTINO, SAINT
    2 PIBRAC, GUY DE
    2 PIE IX
    2 PIERRE, SAINT
    2 PITRA, JEAN-BAPTISTE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SARTIGES, EUGENE DE
    3 ASSISE
    3 FRANCE
    3 LYON
    3 ORLEANS
    3 PARIS
    3 ROME
    3 ROME, AMBASSADE DE FRANCE
    3 ROME, BASILIQUE SAINT-PIERRE
    3 ROME, BASILIQUE SAINTE-CROIX DE JERUSALEM
    3 ROME, EGLISE SAINT-AUGUSTIN
    3 TRENTE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Rome, 18 nov[embre 18]69.
  • 18 nov 1869
  • Rome
La lettre

Ma chère fille,

Depuis hier que j’ai reçu votre lettre, j’ai bien prié pour vous. Une heure après l’avoir lue, j’allai à Sainte-Croix de Jérusalem, nous pûmes vénérer les reliques de la Passion. Ce matin, fête de la Dédicace de Saint-Pierre et anniversaire du sacre de Monseigneur(1), nous sommes allés dire la messe à Saint- Pierre: toutes les reliques sont exposées sur le maître autel. Là encore j’ai demandé bien des grâces pour vous. Monseigneur est resté pour la grand-messe, j’ai préféré revenir tout doucement et en visitant quelques églises. Je me suis arrêté à celle de Saint-Augustin, j’ai prié la fameuse madonne(2), à la chapelle de saint Nicolas, à celle de sainte Monique. Vous l’avouerai-je? Rien ne me dit de m’unir aux Augustins. C’est un Ordre mort, au moins à Rome. Il n’y a que le cardinal Pitra(3) qui me voudrait abbé mitré de saint Augustin. J’avoue que je n’y tiens pas précisément.

Je tiens bien plus à voir si nous pourrons avoir les voeux solennels avec l’exemption. Par exemple je crois que ce serait possible, mais je crois bien que le concile fera du nouveau. En y réfléchissant je suis convaincu que ce droit nouveau doit partir en fait de la lettre du Pape à l’archevêque de Paris(4), et je suis convaincu que cette lettre est un point de départ très précieux pour la future discipline sur les Ordres et Congrégations. Il faut établir que les évêques peuvent avoir une action à peu près absolue sur les couvents cloîtrés sans lien avec d’autres couvents; mais les familles à supérieures générales et destinées à un certain apostolat doivent être la chose du Pape, soit pour éviter l’immixtion de juridiction d’un évêque sur le territoire d’un autre évêque, soit pour donner aux travaux de ces familles religieuses une action plus utile, plus féconde et plus une.

J’ai eu hier une très longue conversation avec le cardinal Pitra. Il est très effrayé des invasions du pouvoir épiscopal; j’en suis moins effrayé que lui. Mais il paraît que Mgr Manning arrive avec l’intention de faire une charge à fond contre les privilèges des réguliers. Pour mon compte, je laisse faire et je crois que tôt ou tard le Pape arrangera tout.

L’abbé de Falloux(5) est venu me voir, je tâcherai de lui rendre sa visite. Nous sortons de l’ambassade de France, où j’ai décidé l’évêque à aller. Il a été très bien accueilli. Je préfère le laisser seul avec M. de Banneville, dont tout le monde dit le plus grand bien. Je crois que c’est un choix heureux pour le concile; il n’y paraîtra pas, et je crois qu’il y rendra plus de services que Pibrac ou Duferrier à Trente(6).

Je me persuade que l’Orléans va avoir du fil à retordre. Les évêques missionnaires arrivent en masse, disant que si l’on ne définit pas l’infaillibilité du Pape, ils ne peuvent plus rentrer dans leurs diocèses. On dit le Maret à Assise, d’où il a fait demander au Pape la permission de dire la messe sur le tombeau de sainte Claire. J’ignore ce qu’on lui a répondu.

Adieu, ma fille. Faites bien prier pour moi.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. A Lyon en 1855.
2. La "Madonna del Parto" (statue de Jacopo Sansovino), v. *Lettre* 902, n.2. Dans cette église furent transférés depuis Ostie en 1430 par le pape Martin V les restes de sainte Monique.
3. Depuis le 3 janvier, le cardinal Pitra est bibliothécaire de la Sainte Eglise Romaine.
4. Il s'agit de la lettre de Pie IX à Mgr Darboy du 26 octobre 1869. Le pape y reproche à l'archevêque de Paris son fébronianisme et ses abus d'autorité vis-à-vis des réguliers (AUBERT, *Pie IX*, p.308).
5. L'abbé Frédéric de Falloux (1807-1884), frère du comte Alfred de Falloux, était établi à Rome. En 1869 il est régent de la chancellerie apostolique. Pendant le concile il fut l'un des "scrutatores suffragiorum". Il sera cardinal en 1877.
6. Gaston-Robert Morin de Banneville (1818-1881) avait succédé à Eugène de Sartiges comme ambassadeur de France à Rome à la fin de 1868. Il était connu comme un conservateur modéré. - Guy de Pibrac (1529-1584) et Arnaud Du Ferrier (1508-1587), ambassadeurs de Charles IX au concile de Trente. Le second y défendit vigoureusement les doctrines gallicanes.