DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 26

23 nov 1869 Rome COLLEGE de l'Assomption

La lettre de Mgr d’Orléans.

Informations générales
  • DR08_026
  • 3751
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 26
  • Orig.ms. ACR, AI 73; D'A., T.D. 31, n. 73, pp. 46-48. Publiée par la *Semaine religieuse de Nîmes* du 5 décembre 1869, p. 494.
Informations détaillées
  • 1 APOSTASIE
    1 AUTORITE PAPALE
    1 COLERE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONCILE OECUMENIQUE
    1 DECRETS
    1 DOULEUR
    1 ECRITURE SAINTE
    1 EGLISE
    1 EPISCOPAT
    1 EVECHES
    1 EVEQUE
    1 FIDELES
    1 FOI
    1 GOUVERNEMENT
    1 GRECS
    1 HERESIE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 LITURGIE
    1 MAUX PRESENTS
    1 MISSIONNAIRES
    1 PRESSE
    1 PUBLICATIONS
    1 REVOLUTION
    1 RUSE
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SCANDALE
    1 SCHISME
    1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
    1 TRISTESSE
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 EUSEBE DE CESAREE
    2 EUSEBE DE NICOMEDIE
    2 LOYSON, HYACINTHE
    2 MANNING, HENRY-EDWARD
    2 MARET, HENRI
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 PIE IX
    2 PIERRE, SAINT
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 CESAREE DE PALESTINE
    3 JERUSALEM
    3 NICEE
    3 NICOMEDIE
    3 ORLEANS
  • AUX ELEVES DU COLLEGE DE L'ASSOMPTION A NIMES
  • COLLEGE de l'Assomption
  • Rome, le 23 novembre 1869.
  • 23 nov 1869
  • Rome
La lettre

Mes chers enfants,

Un fait trop douloureux vient de s’accomplir dans l’épiscopat, et il est impossible que les plus grands parmi vous n’en aient pas entendu parler. Nous sommes destinés à voir, à l’approche du concile, des choses étranges, j’allais dire des scandales. Après l’apostasie du Père Hyacinthe, le livre de Mgr Maret(1); après le livre de Mgr Maret, la lettre de Mgr d’Orléans(2), et le troisième acte de cette triste tragédie est, au dire de plusieurs évêques, le plus déplorable des trois.

Plusieurs personnes qui se trouvaient hier à une cérémonie présidée par le Pape, m’ont assuré que Pie IX portait sur sa physionomie l’expression d’une profonde tristesse. Un grand nombre d’évêques sont indignés; et, certes, je ne sais pas ce qui se fera, mais j’entends dire de toutes parts que si quelque chose pouvait hâter la définition du dogme de l’infaillibilité du Pape, ce serait la lettre de Mgr. Dupanloup. Les intrigues de quelques-uns sont inouïes, mais cela n’empêche pas que la très immense majorité des évêques soit pour la définition de l’infaillibilité. Mgr Manning, Mgr Mermillod, plusieurs évêques missionnaires que j’ai vus, des évêques grecs, réclament cette définition, afin d’avoir plus de forces contre les hérétiques et les schismatiques qui se trouvent dans leurs diocèses.

Ce qu’il y a de plus fâcheux dans une pareille pièce, c’est que tout cela va:

1° A établir, chez les gouvernements, les plus grandes défiances contre l’Eglise;

2° A ébranler la foi des fidèles, car Monseigneur l’évêque d’Orléans ne dit rien contre l’autorité du Pape qu’on ne puisse dire contre l’autorité de l’Eglise, de façon que si, par ses sophismes, l’infaillibilité du Pape était renversée, l’infaillibilité de l’Eglise le serait du même coup;

3° A troubler le concile lui-même par la plus incroyable des pressions(3).

Que tout ceci cependant ne vous trouble point, c’est l’histoire de tous les conciles. Nous avons vu, au concile de Nicée, Eusèbe de Césarée et Eusèbe de Nicomédie. Un excellent journal faisait observer qu’en s’en rapportant au chapitre XV des Actes des Apôtres, au premier de tous les conciles, il y eut une grande agitation, facta est seditio non minima; mais quand saint Pierre eut parlé, omnis multitudo tacuit toute la multitude se soumit et accepta les décrets du concile de Jérusalem. Il en sera de même, cette fois.

Nous laisserons donc Monseigneur d’Orléans faire autant de bruit qu’il lui plaira; attaquer notre évêque, en lui mettant sur la figure le masque de journaliste; nous serons du côté du Pape et de l’immense majorité du concile, et nous nous en rapporterons au Saint-Esprit.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Voir *Lettre* 3715, n.1.
2. Voir *Lettre* 3749, n.4.
3. Le texte imprimé a *prévisions*.