DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 34

30 nov 1869 Rome CHABERT Louise

Souffrance et vie chrétienne – Prenez des notes en lisant – Amour de l’Eglise, vrai phare de nos jours – Ayez le coeur catholique.

Informations générales
  • DR08_034
  • 3758
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 34
  • Orig.ms. ACR, AM 307; D'A., T.D. 38, n. 3, pp. 7-8.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 AVENT
    1 CARDINAL
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 CRUCIFIX
    1 DETACHEMENT
    1 DIVIN MAITRE
    1 ENERGIE
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 EPREUVES
    1 EVEQUE
    1 FIDELITE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 JOIE
    1 LIBERTE
    1 MALADIES
    1 MIRACLE
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 PAPE
    1 PENITENCES
    1 PENTECOTE
    1 PEUPLE DE DIEU
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 PROCESSION LITURGIQUE
    1 PROVIDENCE
    1 PURIFICATION
    1 SAINT-SACREMENT
    1 SAINTS
    1 SANG DE JESUS-CHRIST
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 SOUFFRANCE
    1 TRISTESSE
    1 UNIVERSALITE DE L'EGLISE
    1 VIE CONTEMPLATIVE
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 JULIAN, HELENE
    2 PIE IX
    3 ORIENT
    3 ROME
    3 ROME, BASILIQUE SAINT-PIERRE
    3 ROME, CHAPELLE SIXTINE
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Rome, 30 novembre 1869.
  • 30 nov 1869
  • Rome
La lettre

Ma bien chère enfant,

Je trouve, en rentrant, votre lettre, et j’y réponds bien vite. Je ne puis vous dire le plaisir qu’elle m’a procuré. Et pourtant vous m’y dites des choses tristes sur ce que l’avenir a de sombre pour vous. Il y a des moments pénibles dans la vie d’un homme, et je me rends parfaitement compte de tout ce que la maladie peut apporter de tristesse dans le caractère le plus énergique. Je vous promets de bien prier pour vous, mon enfant. Oui, il faut que vous passiez par la souffrance; elle vous épurera et vous rendra plus digne de notre divin Maître. Vous faites bien de vous adresser surtout à votre crucifix pour vous consoler. Ah! si vous lui êtes fidèle, croyez que de cette croix ensanglantée par amour pour vous il sortira une vertu divine, qui vous fera comprendre quelle puissance a sur une âme la tendresse d’un Dieu aimant ses épouses jusqu’à la mort.

Mon enfant, je ne sais pas ce que la Providence vous réserve, si la coupe d’amertume sera pour vous profonde; mais ce qui me frappe avant tout dans la vie chrétienne, c’est que Notre-Seigneur désire donner aux âmes l’intelligence et la science du sacrifice, et que bien peu savent apprécier la valeur de pareils dons. Soyez de celles qui en profitent et qui vont demander des leçons à Jésus crucifié, au milieu même des ténèbres du Calvaire. Dans cette nuit impénétrable à la nature, l’âme qui aspire au monde divin s’élève et se transforme, parce que Jésus-Christ, qui la veut faire passer par l’humiliation, le dépouillement, le brisement, veut lui donner au terme des épreuves la liberté, la lumière et cet immense amour qui sera l’éternel rassasiement des saints.

Vous faites bien de lire le plus possible; mais, de grâce, prenez des notes, puis livrez-vous à cet amour de l’Eglise, qui est le vrai phare de nos jours. J’assiste à un spectacle admirable d’un côté, douloureux de l’autre. Rome a ses côtés humains, comme en a toute institution pétrie avec des hommes. Mais que de merveilles! Dimanche, j’ai vu une procession composée d’une vingtaine de chefs d’Ordre, de 300 évêques, d’une trentaine de cardinaux et du Pape portant le Saint-Sacrement dans Saint-Pierre. C’était la première messe de l’Avent, qui se dit ordinairement à la chapelle Sixtine, mais qui a dû être dite dans la basilique Vaticane, à cause de la masse de monde qui affluait. Or, ces évêques venaient des cinq parties du monde pour témoigner de la foi catholique. Il serait trop long de vous dire pourquoi, humainement parlant, le concile est une immense faute; mais cette faute, dans l’ordre de la foi, est un miracle, comme on n’en aura pas vu peut-être depuis la Pentecôte. Priez pour les missions étrangères; priez pour l’Orient surtout. Ah! ma fille, ayez le coeur catholique, grand comme l’univers. Je vous bénis.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Mille choses à Hélène.