DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 38

1 dec 1869 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Vous êtes donc toujours souffrante ? – Que va-t-on faire au concile ? – Les congrégations modernes – Ne rien demander pour les Oblates avant la fin du concile – Faire ensemble le voyage de Rome et même de Bulgarie après le concile.

Informations générales
  • DR08_038
  • 3761
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 38
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 412; D'A., T.D. 30, n. 228, pp. 6-8.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 AUTORITE PAPALE
    1 CONCILE DE TRENTE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATIONS D'HOMMES
    1 DISCIPLINE ECCLESIASTIQUE
    1 EMOTIONS
    1 EPISCOPAT
    1 EVEQUE
    1 GRAVITE
    1 GUERISON
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 INTEMPERIES
    1 JOIE
    1 JURIDICTION EPISCOPALE
    1 MALADES
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 OBLATES
    1 ULTRAMONTANISME
    1 VOYAGES
    2 PIE IX
    3 BULGARIE
    3 NIMES
    3 ROME
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 1er décembre 1869.
  • 1 dec 1869
  • Rome
La lettre

Ma bien chère enfant,

Vous êtes donc toujours souffrante? On me dit que vous allez mieux, et pourtant on ajoute que vous gardez toujours le lit. Dieu le permet en ce moment pour diminuer ma joie de me trouver à Rome et me faire jeter plus souvent un regard du côté de Nîmes. Ah! que je voudrais bientôt un petit billet de vous me disant: « Mon Père, je suis entièrement guérie »! Le climat m’éprouve un peu, mais c’est ma faute; je ne sais pas assez dominer toutes les émotions par lesquelles je passe. Ces émotions ne sont pas, il est vrai, celles de tout le monde, mais elles ont leurs effets tout de même. Cela ne m’empêche pas d’aller, de venir, de courir, de causer surtout.

Que va-t-on faire au concile? On est très embarrassé, soit pour la distribution des travaux, soit pour les matières à proposer, soit pour les rédactions à adopter; non pas que les travaux ne soient pas faits depuis longtemps, mais, parmi ces travaux préparatoires, quels sont ceux auxquels il faut définitivement s’arrêter? Messieurs les Romains, qui ne sont jamais sortis de Rome, trouvent qu’il n’y a qu’à suivre le concile de Trente. Les autres disent: « S’il n’y a qu’à suivre le concile de Trente, ce n’est pas la peine de faire un concile nouveau ». Je parle des matières de discipline.

Je ne pense pas que nous ayons le moins du monde à nous occuper des Oblates. Je pense même qu’il est utile, pour le moment, de n’en pas parler. Quant aux nouvelles Congrégations d’hommes, il est sûr:

1° Qu’en les comparant avec les anciens Ordres, et dans la proportion du nombre, elles font, ces Congrégations modernes, dix fois plus que les anciennes; d’où évidemment il faut conclure à la nécessité de les favoriser.

2° Que les évêques feront ce qu’ils pourront pour mettre la main dessus; d’où je conclus encore à la nécessité de ne pas faire trop de bruit, de laisser passer le concile et de nous appuyer sur Rome, quand tout sera fini. Après y avoir bien réfléchi, je crois que le meilleur est de laisser passer le flot conciliaire, empêcher que rien [ne] se fasse contre les intérêts des Congrégations, mais pour les avantages à solliciter, attendre que les évêques soient retournés chez eux.

Après ce concours épiscopal, celui qui viendrait à Rome, dans le mois de mars ou avril 1871, aurait les plus belles chances d’obtenir beaucoup. Et, très sérieusement, si vous vouliez alors faire le voyage avec moi, je crois que nous pourrions obtenir beaucoup plus que dans le moment présent. Gardez cette idée pour vous, parce qu’elle est très sérieuse. Ah! si Dieu voulait, nous pourrions peut-être aller jusqu’en Bulgarie. Vous voyez, mon enfant, comment je vous parle sérieusement, à coeur ouvert. Ne craignez pas de me faire des objections; au contraire, je les désire, car elles pourront m’aider à sonder les divers aspects de cette si grave question.

J’oubliais de vous dire, pour achever ma pensée sur les Congrégations modernes, – et à ce point de vue les Oblates sont sur le même pied que les Congrégations d’hommes – que ces familles spirituelles, celles en particulier destinées aux Missions, doivent être, dans l’Eglise de Dieu, considérées comme les régiments de l’armée apostolique. Ce sont les vraies troupes du Pape. Il faut donc:

1° Qu’il les commande à l’exclusion des évêques;

2° Qu’il les protège;,

3° Qu’il les visite ou les fasse inspecter.

Je vous écris comme si vous étiez bien portante. J’espère que vous le serez bientôt. Dans tous les cas, quand vous pourrez réfléchir, vous m’écrirez vos pensées là-dessus et vous me les enverrez. Seulement, les lettres qui traitent de ces sujets me seront précieuses plus tard, et je vous prie de me les garder à part. Je ne puis vous dire avec quelle joie je vous écris sur ces matières. J’y vois un moyen de vous prouver comment je tiens à vous faire pénétrer dans les pensées qui me préoccupent le plus.

Adieu, mon enfant. Je suis vôtre, avec une surabondance d’affection, en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum