DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 46

4 dec 1869 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

J’aimerais vous savoir rétablie – Le but du concile et les conséquences que devront en tirer les Oblates – Le livre que je voudrais faire sur les congrégations religieuses et le concile.

Informations générales
  • DR08_046
  • 3767
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 46
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 412; D'A., T.D. 30, n. 229, pp. 9-11; QUENARD, pp. 143-145.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 ATHEISME
    1 AUTORITE PAPALE
    1 BONHEUR
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 CIRCULAIRES
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 ENSEIGNEMENT
    1 FOI
    1 GUERISON
    1 HERESIE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 INSTRUCTION RELIGIEUSE
    1 JUIFS
    1 MAL MORAL
    1 MAUX PRESENTS
    1 NATURALISME
    1 OBLATES
    1 ORDRE SURNATUREL
    1 PAGANISME
    1 PEUPLE DE DIEU
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 RATIONALISME
    1 REGNE
    1 RENOUVELLEMENT
    1 SAINTETE
    1 SAINTS
    1 SCHISME
    1 SOCIALISME
    1 SOCIETE
    1 TRAVAIL
    1 VOCATION
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 CATHERINE DE SIENNE, SAINTE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    3 EUROPE
    3 ROME, EGLISE SAINTE-CATHERINE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 4 décembre 1869.
  • 4 dec 1869
  • Rome
La lettre

Ma bien chère enfant,

J’apprends que vous allez un peu mieux. Croyez-vous que cela me satisfasse, quand je voudrais tant vous savoir entièrement rétablie? Mais il paraît que vous n’y tenez pas. Pourtant, vous m’êtes bien nécessaire, et quelquefois je me demande si c’est mon égoïsme ou ma tendresse qui me fait tant tenir à vous. Et Augustine qui ne m’a pas écrit un mot! Et elle aura le courage de me regarder, à mon retour!

Je ne sais si votre tête vous permet de supporter mes élucubrations. Il est sûr que j’aurais à vous en dire long. Ainsi, dans ce moment où les Congrégations religieuses seront un des quatre principaux sujets du concile, voici ma théorie générale. Je la mets sur une feuille à part, afin que vous puissiez la détacher de ma correspondance, si cela vous est agréable. Je vous trace le cadre d’une plus longue lettre, que je compte adresser à mes religieux et que je vous ferai communiquer; mais ici, je développerai surtout ce qui regarde les Oblates.

Adieu, ma bien chère enfant. Le P. Emmanuel me donne bien de vos nouvelles, mais si quelqu’un voulait m’en donner d’un peu détaillées, vous ne sauriez croire combien je lui en serais reconnaissant. En disant, ce matin, la messe pour vous, à Sainte-Catherine, je me plaignais à cette grande sainte de ce qu’elle ne vous protégeait pas assez.

Adieu, mon enfant. Je ne puis vous dire combien mon coeur est vôtre. Je vous souhaite une grande sainteté.

E.D’ALZON.

Vous pouvez lire la lettre ci-jointe, avant de la faire remettre; elle ne contient que des nouvelles.

NOTE SUR LE CONCILE (1)

En étudiant attentivement le but du concile, on voit qu’on se propose surtout de rétablir tout l’ordre surnaturel apporté par Notre-Seigneur sur la terre et attaqué par l’incrédulité, le naturalisme, le rationalisme et le socialisme. Voilà le mal.

A l’incrédulité on veut opposer les principes de la foi; au naturalisme tout le plan des secours surnaturels et des espérances surnaturelles; au rationalisme la base inébranlable de l’autorité divine, fortifiée par la doctrine de l’infaillibilité du Pape; au socialisme la notion plus parfaite des principes sociaux, tels que les communique la grande société chrétienne, l’Eglise.

Les affirmations de la foi, la supériorité de l’idée du bonheur et des moyens de l’obtenir, la puissance des motifs de croire, la vie sociale, voilà ce que le concile prendra pour point de départ. Mais quand ces grands jalons auront été posés, il faudra en tirer les conséquences. De la foi plus fortement affirmée découle un enseignement plus puissant: renouvellement des études; des espérances surnaturelles opposées au naturalisme moderne [découle] une notion plus féconde de la sainteté; de l’autorité du Souverain Pontife plus énergiquement confessée, la nécessité de recevoir de lui une plus vigoureuse direction; de la manifestation plus complète des principes de l’Eglise, une lumière pour travailler à guérir les maux de la société. Mais il faut ajouter à cela que ces grands principes combinés entre eux donnent d’autres résultats non moins admirables.

Du principe de la foi plus nettement établi découle, pour les Oblates, l’obligation d’étudier plus sérieusement la religion, afin de l’enseigner un jour, et un zèle plus grand de porter ce divin flambeau dans les pays étrangers.

Des enseignements relatifs à l’ordre surnaturel résulte pour elles: 1° l’obligation d’être des saintes; 2° la conviction de la sublimité de leur vocation, qui les appelle à prendre des schismatiques, des hérétiques, des juifs, des païens, et d’en faire des saints aussi.

De la promulgation de l’infaillibilité du Pape, il suit rigoureusement: 1° la nécessité de s’attacher du plus profond de leur être à ce centre impérissable de l’Eglise; 2° le privilège, non moins grand, de la servir comme il convient, pour étendre le règne de Notre-Seigneur.

Enfin, de la promulgation des grands principes de la société chrétienne [découle] une admirable mission, si les Oblates veulent s’en rendre dignes; un travail incessant, tant qu’elles seront en Europe ou quand on les y rappellera pour s’occuper avec intelligence des oeuvres de leur ressort et qui tiendront à lutter contre le socialisme, et qui les prépareront à accomplir des oeuvres analogues partout où on les enverra.

Je vous donne là le cadre d’un livre à faire et dont les chapitres se classent peu à peu dans mon esprit. Ce livre, je voudrais l’intituler: Les Congrégations religieuses et le concile. Priez Dieu, pour que ces idées se développent dans mon esprit. Il me semble qu’il y aurait sur cette matière un bien bon travail à produire.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Ce texte a été reproduit dans les *Ecrits spirituels*, pp. 1074-1076 sous le titre *Le Concile et les Oblates* à la suite d'une autre *Note sur le Concile* (T.D 47, pp.25-26) dont le contenu est fort proche.