DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 53

7 dec 1869 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Des lettres se perdent – La question de la démocratie ne pourra être résolue que par les ordres religieux – Formez vos filles à un grand dévouement – Le P. Galabert.

Informations générales
  • DR08_053
  • 3773
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 53
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 412; D'A., T.D. 30, n. 230, pp. 11-12.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 CARACTERE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CRITIQUES
    1 DEMOCRATIE
    1 EVEQUE
    1 GENEROSITE DE L'APOTRE
    1 GUERISON
    1 IMPULSION
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 MALADES
    1 MALADIES
    1 OBLATES
    1 PEUPLE DE DIEU
    1 SOINS AUX MALADES
    2 CHAMBOURDON, FRANCOISE-MARIE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VEUILLOT, LOUIS
    3 ORLEANS
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 7 décembre 1869.
  • 7 dec 1869
  • Rome
  • *Madame la supérieure des Oblates.*
La lettre

Je crois que des lettres se sont perdues, ma chère enfant, sans quoi je ne pourrais m’expliquer vos plaintes. Je vous ai écrit au moins deux fois par semaine depuis un certain temps. Je vous savais malade et je voulais vous prouver que votre silence forcé ne m’empêchait pas de penser à vous. Votre lettre du 1er m’est arrivée seulement aujourd’hui 6, à midi. Cette lettre partira demain, mais je veux m’y prendre de bonne heure pour ne pas manquer le courrier.

Je laisse en ce moment un certain flot passer: il y a une trop grande agitation parmi les évêques, mais je crois que peu à peu la lumière se fera. Je crois, mon enfant, que si vous savez donner aux Oblates une forte impulsion, elles peuvent faire un bien immense. Veuillot me disait hier: « Si l’évêque d’Orléans me demande encore qui je suis, je suis résolu à lui répondre: Je suis le peuple chrétien ». En effet, partant du fait de la domination de la démocratie, il me semble qu’il y a surtout à s’occuper de cette puissance qui prend tous les jours de si étonnantes proportions. Pour moi, c’est une des questions dont je voudrais m’occuper dans le concile. Je suis convaincu qu’elle ne pourra être résolue que par les Ordres religieux. Et là, la question serait bien facile, si l’on voulait se donner sans aucun partage. Mon Dieu! pourquoi les forces de l’homme sont-elles si restreintes? Je vous conjure de former nos filles à un grand dévouement, voilà l’essentiel; le reste viendra de soi, car leur dévouement s’appliquera à tout ce qui sera bon.

Au moment où je vous écris, le P. Galabert est à côté de moi, ne s’occupant pas plus d’une lettre de reproches que lui adresse le P. Hippolyte, que si celui-ci ne lui eût envoyé que des tendresses. Voilà un heureux caractère qui ne s’émeut pas pour si peu. J’espère que quand vous irez mieux, vous me donnerez de vos nouvelles un peu exactement, puisque Augustine n’a pas voulu m’en donner pendant votre maladie.

Adieu, bien chère enfant. Soignez-vous, dites aussi à Soeur Françoise(1) que je suis content de la savoir mieux. Mille affections à nos filles, et à vous, mon enfant, encore plus si c’est possible, [après] ce que je vous ai déjà donné.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Françoise-Marie Chambourdon, novice.