DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 67

14 dec 1869 Rome BAILLY_EMMANUEL aa

Audience du pape aux prêtres français et à des évêques missionnaires – Les commissions – La lettre de l’archevêque de Malines à Mgr Dupanloup.

Informations générales
  • DR08_067
  • 3782
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 67
  • Orig.ms. ACR, AI 84; D'A., T.D. 31, n. 84, pp. 68-69.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
    1 CRITIQUES
    1 ELECTION
    1 EMOTIONS
    1 EVANGILES
    1 EVEQUE
    1 FRANCAIS
    1 JOIE
    1 MISSIONNAIRES
    1 NOMINATIONS
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 PREDICATION
    1 PRESSE
    1 PRETRE
    1 RENOUVELLEMENT
    1 SALUT DU GENRE HUMAIN
    2 BARAGNON, NUMA
    2 DECHAMPS, VICTOR
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 MANNING, HENRY-EDWARD
    2 PIE IX
    2 PIERRE D'ALCANTARA, SAINT
    3 BELGIQUE
    3 FRANCE
    3 ITALIE
    3 MALINES
    3 ORLEANS
    3 ROME
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Rome, le 14 décembre 1869.
  • 14 dec 1869
  • Rome
La lettre

A faire copier pour Numa

Mon cher ami,

Que vous dire, à présent que le concile ouvert force à un silence bien difficile à garder? Le Pape a donné, avant-hier, dimanche, audience à près de 400 prêtres français. Il leur a recommandé de sauver le monde par leurs oeuvres et leurs paroles, de n’être point de ceux qui trouvent tout mal, qui blâment leurs supérieurs, qui déplorent la décadence du monde, et, s’emparant d’un trait de la vie de saint Pierre d’Alcantara, il les a engagés à travailler à la réforme de tous ceux sur qui ils avaient de l’influence, et que si tous s’acquittaient de ce devoir, les choses, à coup sûr, s’amélioreraient. Le soir, il donna audience à des évêques missionnaires des cinq parties du monde, et, prenant pour texte la parole de l’Evangile, Vox clamantis in deserto: »Je suis cette voix, dit-il; je suis chargé de me faire entendre au monde, et vous, vous êtes mes instruments pour faire retentir cette voix jusqu’aux extrémités de la terre. C’est pour cela que nous devons être unis et que je bénis vos travaux, vos sueurs, votre sang ».

Il paraît que Pie IX prononça ces mots avec un tel accent, que deux de ces évêques missionnaires, que je vis au sortir de l’audience, en étaient tout bouleversés. Plus d’un, en effet, après avoir donné ses sueurs, pourra bien un jour donner son sang. Et ce bouleversement, ce n’était pas la crainte, c’était la joie qui le causait. La Propagande a 240 évêques de cette sorte.

Vous parlerai-je des autres prélats? Ce que Pie IX a annoncé des divisions possibles pourrait se réaliser. Mais on espère que certaines causes de divisions s’arrêteront après la nomination, par les évêques, des quatre congrégations(1) ou commissions chargées de revoir les matières, sur lesquelles s’élèveraient des difficultés. Il paraît que l’on n’a pas voulu, sauf quelques évêques français, entendre parler de l’évêque d’Orléans sur la première liste, afin de protester contre ses Observations. Par contre, tout Rome est dans l’admiration de la lettre de l’archevêque de Malines en réponse à son saint ami, Mgr Dupanloup. Et c’est pour cela que, quoiqu’il ait été nommé par le Pape membre de la Congrégation chargée d’examiner les propositions des évêques, un grand nombre de ses collègues ont tenu à le nommer une seconde fois(2).

Huit jours après son arrivée, l’évêque d’Orléans n’avait pas encore eu d’audience du Pape. Pie IX lui-même l’a dit à des évêques qui me l’ont répété. L’avait-il demandée?

Notes et post-scriptum
1. Plus précisément "députations". Voir *Lettre* 3781, n.1.
2. Ce paragraphe de la lettre du P. d'Alzon a été reproduit dans la *Semaine religieuse de Nîmes* du 26 décembre 1869. Les mots *son saint ami* y ont été supprimés. - Mgr Dechamps fut en effet membre de la congrégation "de postulatis" et de la députation de la foi. Quatre autres évêques, dont Manning, étaient d'ailleurs dans le même cas. Pour répondre aux *Observations* de Mgr Dupanloup, l'archevêque de Malines lui avait écrit une lettre ouverte portant la date du 30 novembre mais que les journaux de son pays, de France et d'Italie ne publièrent qu'après l'ouverture du concile, le 10 décembre.