DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 71

18 dec 1869 Rome CHABERT Louise

Les derniers moments de son père – Prenez de ma tendresse de père ce qui vous sera nécessaire – Des larmes saintes et fécondes.

Informations générales
  • DR08_071
  • 3785
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 71
  • Orig.ms. ACR, AM 308; D'A., T.D. 38, n. 4, p. 9.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 ANGOISSE
    1 BONTE
    1 DOULEUR
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 ETERNITE
    1 FECONDITE APOSTOLIQUE
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MORT
    1 ORAISON DOMINICALE
    1 ORPHELINS
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 SAINTETE
    1 SENTIMENTS
    1 SOLITUDE
    1 TOMBEAU
    1 TRISTESSE
    2 CHABERT
    2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
    2 JULIAN, HELENE
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Rome, 18 décembre 1869.
  • 18 dec 1869
  • Rome
La lettre

Ma bien chère enfant,

J’apprends par Hélène l’affreux malheur qui vient de vous frapper, et je ne veux pas tarder d’une minute de vous dire l’immense part que j’y prends. Vous voilà donc entièrement orpheline, ma pauvre Louise, et le bon Dieu veut que vous puissiez dire avec plus de vérité encore que saint François d’Assise: « Notre père qui êtes dans les cieux « . Ce qu’Hélène me dit des derniers moments de Monsieur votre père vous est pourtant une consolation. Mais qu’il est triste de se sentir seul! Ce matin, à mon âge, après les deuils que Dieu m’a faits, j’étais dans une sorte d’angoisse. Que doit-ce être pour vous, qui êtes au commencement de la vie?

Je ne sais, ma bien chère enfant, si je puis vous parler de mon affection et de la profonde préoccupation que j’ai de vous. Laissez-moi vous dire seulement que je suis vôtre dans toute la réalité de l’expression. Prenez de ma tendresse de père ce qui vous sera nécessaire pour vous faire du bien. Je n’ose rien vous en dire en ce moment, parce que je respecte les sentiments de votre coeur et qu’ils doivent être tout aux regrets. C’est pour cela que je ne veux pas les troubler. Ils se calmeront dans une mesure chrétienne, et alors, votre douleur restant la même, vous aurez la force de la rendre sainte et féconde. Les larmes versées avec résignation sont ce qu’il y a de plus puissant pour soulager, par-delà le tombeau, ceux que l’on a perdus; versées avec amour, elles triomphent de la justice et la forcent à devenir la miséricorde. Profitez de ce moyen d’être bonne à celui que vous pleurez. Ah! mon enfant, que de choses pour vous dans cet avenir qui s’ouvre!

Adieu, ma fille. Je regrette bien d’être si loin de vous et je prie Notre-Seigneur de vous faire sentir que lui seul reste, et pour l’éternité, à ses épouses.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum