DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 73

18 dec 1869 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Prières pour le concile – Intrigues – Les Messieurs Lémann – Un voeu de rapprochement envers les Juifs ?

Informations générales
  • DR08_073
  • 3787
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 73
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 412; D'A., T.D. 30, n. 233, pp. 17-18.
Informations détaillées
  • 1 BULGARES
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONVERSATIONS
    1 DECRETS
    1 DIPLOMATIE
    1 ELECTION
    1 EVEQUE
    1 JUDAISME
    1 JUIFS
    1 MALADES
    1 OBLATES
    1 ORAISON
    1 PRETRE
    1 PRIERE AU SAINT-ESPRIT
    1 PRIERE POUR L'EGLISE
    1 RUSE
    1 SALUT DES AMES
    1 SOUFFRANCE
    1 UNION DES COEURS
    2 LEMANN, AUGUSTE
    2 LEMANN, JOSEPH
    2 MANNING, HENRY-EDWARD
    2 MANSI, GIOVANNI-DOMENICO
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 VALERGA, GIUSEPPE
    3 ANDRINOPLE
    3 GAND
    3 JERUSALEM
    3 LYON
    3 NIMES
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 18 décembre 1869.
  • 18 dec 1869
  • Rome
  • *Madame la supérieure des Oblates.*
La lettre

Voilà que je ne reçois plus rien de vous, ma fille. Seriez-vous retombée malade? J’en suis tout préoccupé. Vos souffrances sont l’enfantement douloureux de votre Congrégation. Ah! par quelles douleurs faut-il donc passer pour arriver à quelque bien?

Je vous conjure de prier et de faire prier pour le concile. Si vous saviez les intrigues qui se font tout autour! La diplomatie s’agite de la plus effroyable façon. Enfin, Dieu sera là. Le succès de la liste pour la première congrégation nommée par les évêques(1) est un fait admirable et prouve ce que l’on peut faire avec l’esprit d’union. Quant aux décrets proposés, je n’en puis rien dire, sinon que j’espère que leur longueur ôtera l’envie de trop longues discussions.

Je me sens poussé, mon enfant, en deux sens divers, soit de me jeter dans les affaires pour obtenir tout ce que je pourrai, -ainsi, si je n’avais pas un rendez-vous avec les Messieurs Lémann, je serais en ce moment chez Mgr Manning pour fournir des renseignements sur un évêque-, soit de prier le Saint-Esprit, en faisant beaucoup plus d’oraison que je n’en fais. Les deux partis ont leur bon côté. Toutefois plus je vais, plus je me sens entraîné vers le second.

J’ai été interrompu par une longue conversation avec les Messieurs Lémann(2). Vous savez que ce sont deux frères convertis, aujourd’hui prêtres et qui sont tout dévoués à la conversion de leur peuple. Nous avons très longuement parlé de la possibilité de travailler à ramener les Juifs, en même temps que les Bulgares, et puisque nos filles, à Andrinople, ont de petites Juives, il serait possible de venir à bout d’en attirer d’autres encore. Il paraît que le concile émettra un voeu de rapprochement envers les Juifs, mais gardez ceci absolument pour vous. Un très grand nombre d’évêques, le Pape, le patriarche de Jérusalem y sont tout disposés, mais il faut que cela devienne public. Je vous le confie.

Adieu, ma bonne fille. Prions bien l’un pour l’autre. Vous m’êtes sans cesse présente.

Votre père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. C'est-à-dire "pour la députation de la foi".
2. Les frères Joseph et Auguste Lémann, venus du judaïsme, furent ordonnés prêtres en 1860 et consacrèrent leur vie à la conversion de leurs frères juifs. Au concile ils réussirent à faire signer à 510 Pères, dont Mgr Plantier qui signa en premier, un postulatum *de invitatione facienda Hebraeis ad agnoscendum Messiam Salvatorem Iesum* (MANSI, 53, c.554-567). La suspension du concile fit que leur voeu n'alla pas plus loin. Leur livre *La Cause des Restes d'Israël introduite au concile du Vatican sous la bénédiction de S.S. le Pape Pie IX* parut à Lyon en 1912 (reproduction récente: Gand, 1980). En 1871, les frères Lémann furent reçus à Nîmes par Mgr Plantier en présence du P. d'Alzon. Ils racontent cette réception dans leur avant-propos.