DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 83

22 dec 1869 Rome OBLATES de l'Assomption

Je vous vois portant le drapeau de Notre-Seigneur jusqu’aux extrémités de l’Orient – Ma seule préoccupation: que vous soyez des saintes – Vous avez des soeurs qui au ciel prient pour vous – « Je bénis votre sang ».

Informations générales
  • DR08_083
  • 3794
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 83
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 412; D'A., T.D. 30, n. 236, pp. 21-23; QUENARD, pp. 150-151.
Informations détaillées
  • 1 ANGES
    1 APOSTOLAT
    1 ARMEE
    1 CHAPELLE
    1 CIMETIERE
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 ETERNITE
    1 EVEQUE
    1 GRACES
    1 MARTYRS
    1 MISSIONNAIRES
    1 MORT
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 NOVICE
    1 OBLATES
    1 PREDICATION
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 SAINTS
    1 SALUT DES AMES
    1 VENERATION DE RELIQUES
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VIERGES CONSACREES
    1 ZOUAVES PONTIFICAUX
    2 BERNASSAU, MARGUERITE
    2 BERTEAUD, JEAN-BAPTISTE
    2 DINSART, CELESTIN
    2 JEAN-BAPTISTE, SAINT
    2 LUBIENSKI, CONSTANT-IRENEE
    2 PIE IX
    2 REGIS, EULALIE DE
    3 AUSTRALIE
    3 CASPIENNE, MER
    3 CHINE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 MER NOIRE
    3 ORIENT
    3 TULLE
  • AUX NOVICES DES OBLATES DE L'ASSOMPTION
  • OBLATES de l'Assomption
  • Rome, 22 [décembre] 1869(1).
  • 22 dec 1869
  • Rome
La lettre

Mes bien chères filles,

Je voudrais pouvoir répondre à chacune d’entre vous, mais le temps me manque absolument et je viens vous remercier collectivement de tous les voeux exprimés dans vos lettres. Vous êtes, mes filles, des soldats, prêts à partir un peu plus tôt, un peu plus tard pour le combat. Je vous vois portant le drapeau de Notre-Seigneur aux extrémités de l’Orient. Je ne vous donne pour limites du côté de Constantinople, au-delà de la mer Noire et de la mer Caspienne que la grande muraille de la Chine. Que de lieues vous aurez à parcourir dans ce sens, mais si nous vous prenons par le côté de l’Australie, ce sera bien autre chose. Eh! bien, savez-vous que tout cela m’inquiète fort peu? Savez-vous ce qui me préoccupe? C’est que vous soyez des saintes. Croyez- vous que je ne sois pas convaincu de toutes les grâces que notre si chère Soeur Marguerite nous a méritées par sa mort? Eh! oui, parce que c’était une sainte. Elle est partie pendant l’année qui va finir; une autre personne qui serait novice si le bon Dieu ne l’avait prise(2) est aussi entrée dans l’éternité, et j’aime à croire qu’elle est au ciel. Voilà pour mon espérance. Vous avez des Soeurs qui au ciel prient pour vous, et leurs prières sont efficaces, parce que leur sacrifice a été accepté. Je ne veux pas vous envoyer au cimetière toutes du même coup, mes enfants, mais je veux que vous preniez la résolution de devenir de véritables victimes d’amour pour le salut des âmes. Un peu de courage, augmentez-le tous les jours. Demandez à Notre-Seigneur de faire de vous des lampes ardentes et brillantes. Comme saint Jean-Baptiste ayez l’ambition de le précéder partout, oui partout où il pourra être mieux connu.

Le Pape disait, il y a quinze jours, à des évêques missionnaires: « Je bénis vos sueurs, vos larmes, je bénis votre sang« , et ce soir j’entendais l’évêque de Tulle, prêchant aux zouaves, leur dire que la supériorité du soldat sur l’ange, c’est qu’il peut répandre son sang comme Jésus-Christ. Qui sait si vous ne répandrez pas votre sang? Je suis indigne d’être martyr, mais qui sait si avant de mourir, je n’aurai pas le bonheur de voir quelques-unes de mes filles s’élancer vers le ciel avec les palmes du martyre? Pourquoi pas?

Hier et aujourd’hui, j’ai causé longuement avec le secrétaire du dernier évêque mort martyr. C’est Monseigneur Lubienski, empoisonné par les Russes. Eh! bien, je serais enchanté, si quelque jour on me rapportait ou les instruments de votre supplice ou vos robes teintes de votre sang. Dépêchez-vous et que nous puissions avoir bientôt une chapelle pour vos reliques. En voyant ici tant d’évêques missionnaires, je me demande pourquoi le monde n’est pas converti. Hélas! parce qu’il faut encore plus de saints que nous n’en avons. Je vous souhaite de faire de votre noviciat un magnifique essaim de vierges apôtres et martyres.

Adieu, mes chères enfants. Mille fois tout à vous en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le manuscrit porte *septembre* par erreur.
2. Le P. d'Alzon songe à Eulalie de Régis (v. *Lettre* 2989, n.6).