DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 109

• DR08_109
• 3820
• DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 109
• Orig.ms. ACR, AP 120; D'A., T.D.40, n.68, pp.232-233.

• 1 BAVARDAGES
  1 CARDINAL
  1 CHATIMENT
  1 CONCILE DU VATICAN
  1 CONTRARIETES
  1 DECRETS
  1 ELECTION
  1 ENERGIE
  1 EVEQUE
  1 GALLICANISME
  1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
  1 LIBERALISME CATHOLIQUE
  1 LIBERTE
  1 MORT
  1 PRESSE
  1 RECONNAISSANCE
  1 SAINT-ESPRIT
  1 SANTE
  2 DARBOY, GEORGES
  2 DAVID, AUGUSTIN
  2 DE ANGELIS, FILIPPO
  2 DUPANLOUP, FELIX
  2 FRASCOLA, BERNARDINO-MARIA
  2 GRANDERATH, THEODORE
  2 LA CHADENEDE, MADAME DE
  2 MANASTYRSKI, ANTOINE
  2 MARET, HENRI
  2 MONTALEMBERT, CHARLES DE
  2 MORENO, LUIGI
  2 PENTINI, FRANCESCO
  2 PIE IX
  2 REISACH, CHARLES-AUGUSTE
  2 VASQUEZ, ODOARDO
  3 FOGGIA
  3 PANAMA
  3 PARIS
  3 PRZEMYSL
  3 ROME
  3 SAINT-BRIEUC
• A MADAME VARIN D'AINVELLE
• VARIN_MADAME
• Rome, 5 janvier 1870.
• 5 jan 1870
• Rome

Merci de votre bonne lettre, Madame, merci de tout ce que vous voulez bien me souhaiter. Vous ne doutez pas de mes voeux pour vous, pour Madame votre mère, pour tout ce qui vous est cher.

En ce moment, je suis un peu absorbé, non par le concile où je n’ai rien à faire, mais par les abords du concile. Savez-vous, Madame, ce que j’observe? Le Correspondant, le Français(1), le Dupanloup, le Maret, comme l’on dit ici, avaient manifesté des craintes que la liberté fût ôtée à la discussion. Les légats ont laissé parler, déparler, avec une facilité et une condescendance exagérée. On a parlé de toute manière, sur tous les tons. Savez-vous ce qui arrive? Les évêques s’ennuient à périr. Rien de curieux comme la figure d’un évêque revenant du concile. Le Saint-Esprit se sert de l’ennui pour châtier ceux de Nos Seigneurs qui, au nom du catholicisme libéral, craignaient que l’on n’abordât pas certaines questions. L’évêque le plus goûté a été celui qui, hier, a déclaré qu’il renonçait à la parole. On a presque battu des mains, et tous les visages se sont épanouis à la pensée que [l’on] dînerait une heure plus tôt. Notez qu’il était 2 heures; la séance en avait duré presque cinq. Je trouve le Saint-Esprit bien admirable et bien spirituel.

L’archevêque de Paris a fait preuve de goût, il avait un discours dans sa poche et l’y a laissé. L’évêque de Saint-Brieuc a parlé ce matin. Au bout de cinq minutes, des évêques de ma connaissance ont décampé(2). On n’a rien de prêt pour la session du 6(3), mais Pie IX a déclaré que la cérémonie aurait lieu tout de même. Je ne serais pas surpris que la définition de l’infaillibilité eût lieu le 25 mars; du moins, je le conclus et de la connaissance que j’ai des projets de décrets, et des intervalles que l’on semble vouloir mettre d’une session à l’autre.

Depuis l’ouverture du concile, deux évêques et deux cardinaux, parmi lesquels le président du concile, sont morts(4). Le premier légat est remplacé par le cardinal de Angelis, moins savant que le cardinal de Reisach, mais plus ferme, et qui ne se laissera pas torturer comme son prédécesseur qui en est mort, m’assure un de ses meilleurs amis. Son corps vient d’être porté à Rome. Le Pape se porte bien. Rome est parfaitement tranquille. Je m’occupe, parce que je veux m’occuper sans doute, mais je vous assure que l’action du Saint-Esprit se manifestant par le bâillement conciliaire me semble la plus jolie humiliation que l’on puisse infliger au catholicisme libéral. Les évêques gallicans ont perdu successivement des voix dans les commissions, ce qui est très significatif.

Veuillez croire, Madame, à mon plus respectueux dévouement.