DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 110

5 jan 1870 Rome VARIN_CECILE

Perspectives en ce qui regarde l’infaillibilité – Pallavicini – Priez pour le concile – Les instruments du Saint-Esprit.

Informations générales
  • DR08_110
  • 3821
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 110
  • Orig.ms. ACR, AP 133; D'A., T.D.40, n.1, pp.242-243.
Informations détaillées
  • 1 CONCILE DE TRENTE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONTRARIETES
    1 ELECTION
    1 ENSEIGNEMENT DE LA VERITE
    1 ESPECE HUMAINE
    1 EVEQUE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 MIRACLE
    1 PIETE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 REPOS
    1 SAINT-ESPRIT
    2 DARRAS, JOSEPH-EPIPHANE
    2 MARET, HENRI
    2 MIGNE, JACQUES-PAUL
    2 PALLAVICINI, PIETRO-P.-SFORZA
    2 PIE IX
  • A MADEMOISELLE CECILE VARIN D'AINVELLE
  • VARIN_CECILE
  • Rome, 5 janvier [18]70.
  • 5 jan 1870
  • Rome
La lettre

Pour Melle Cécile.

Rome, 5 janvier [18]70.

Vous n’aurez qu’un tout petit mot, ma chère enfant. Vous êtes trop bonne de m’écrire, mais voici: il faut que vous vous mettiez à prier avec une grande ferveur. Le bruit court que quelques centaines d’évêques signent la demande de la définition de l’infaillibilité du Pape. Voici, je suppose, comment cela se passera: 200 diront que c’est inopportun -sont-ils 200 à oser le dire?- 560 diront que c’est nécessaire; puis, on examinera la chose en elle-même, et alors ils seront à peine soixante qui diront non. L’infaillibilité définie, l’on dira au Saint-Père: « Bon Saint-Père, un concile est trop ennuyeux, nous faisons nos malles et nous décampons. Nous vous chargeons du reste ». On ne le dira pas si cru, mais on le pensera et croyez que, malgré tout ce que peut dire M. Maret, un concile est trop ennuyeux pour que les évêques puissent en vouloir tous les dix ans. Ce n’est pas moi qui m’ennuie, mais j’en connais bon nombre qui ne voient pas l’heure de tourner les talons.

Je lis avec bonheur l’Histoire du concile de Trente de Pallavicini(1); c’est admirable. Adieu, ma fille. Priez bien pour que le Saint-Esprit parle bien à nos pontifes, fût-ce à travers une série de bâillements. Ah! que Dieu est bon de porter tant d’intérêt à cette espèce de grosse bête, que l’on appelle l’espèce humaine et dont font partie vous, moi et les évêques! Ah! qu’est-ce que je viens de dire? Mais c’est trop vrai. Impossible de me rétracter. Notez que je dis cela pour montrer la puissance de l’Esprit-Saint, qui fait promulguer et prêcher la vérité par de tels instruments. C’est précisément ce qui rehausse le miracle. Si les évêques étaient tous des génies, on dirait: « Voilà la puissance de l’esprit humain ». Mais point. Et alors on est forcé de dire: « Voilà la puissance de l’esprit de Dieu ». Bonsoir, ma fille. J’ai limité mon papier, sans quoi je vous en dirais long. Encore une fois, priez bien.

Notes et post-scriptum
1. Pietro P. Sforza Pallavicini S.J. (1607-1667). Migne publia en 1844-1845 en 3 volumes une traduction française par Darras de cet ouvrage paru en italien en 1656-1657.