DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 117

10 jan 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Est-ce que je compte qui écrit le plus? – Soyez une sainte – Asseoir notre oeuvre – Etudier davantage – Au concile l’allure s’accélère – Après la définition de l’infaillibilité tout ira très vite – Rien encore sur les religieux – L’abbé Barnouin – Et les vôtres?

Informations générales
  • DR08_117
  • 3829
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 117
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 413; D'A., T.D.30, n.241, pp.26-27.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 BONTE MORALE
    1 BULGARES
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CRITIQUES
    1 DECRETS
    1 ENSEIGNEMENT DES LANGUES
    1 EVEQUE
    1 FAMILLE
    1 FORMATION DES JEUNES PROFES
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 MALADES
    1 OBLATES
    1 PAQUES
    1 PREDICATION
    1 SAINTETE
    1 SANTE
    1 TOMBEAU
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 ZOUAVES PONTIFICAUX
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 GUIMET, ABBE
    2 MATHIEU, JACQUES-MARIE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 10 janvier 1870.
  • 10 jan 1870
  • Rome
La lettre

Ma bien chère enfant,

Pourquoi donc m’accusiez-vous l’autre jour de ne pas vous écrire? Encore aujourd’hui, sans avoir une lettre de vous, ne prends-je pas la plume? Est-ce que je compte qui écrit le plus, qui écrit le moins, excepté quand vous êtes malade, à cause du chagrin que j’ai de vous savoir souffrante? C’est que j’ai confiance en vous, plus que vous ne l’avez en mon affection; ce qui n’est pas beau. Mais je suis bon prince et vous voyez que je viens tout bonnement vous dire que vous devriez être une sainte, de peur d’oubli de votre part. Cette nécessité de vos efforts vers la sainteté devient de jour [en jour] plus évidente.

Enfin, des travaux que Dieu peut demander à notre petite Congrégation, croyez qu’il est très bon que nous allions lentement. Tout d’abord, précisément parce qu’il faut bien asseoir notre oeuvre, tâchez de voir si les soeurs ne pourraient pas étudier un peu plus qu’elles ne le font, car voilà qu’il faut s’occuper de la formation des Soeurs bulgares. J’aperçois aussi une disposition à une culture plus grande chez ces peuples; il faut être en état de la leur donner. Avez-vous le temps de lire? Quand je songe que vers soixante-dix ans le cardinal Mathieu s’est mis à étudier l’allemand, et est à présent en état de prêcher dans cette langue, je reste tout confus d’en avoir oublié ce que j’en savais. Oh! que de choses il faudrait savoir!

Sans exiger de vous une science universelle, ne pouvez-vous vous imposer quelques heures d’études, supposé que votre santé ne s’y oppose pas?

Le concile suit son cours, et il commence à procéder bien plus rapidement. Je crois que, vers Pâques, un grand nombre d’évêques éprouveront le besoin de revoir le pays qui les a vu naître, et alors si l’infaillibilité du Pape est votée, les discussions ne seront pas longues. Je n’ai encore rien vu des projets de décrets relatifs aux Ordres religieux.

Dans une dizaine de jours, l’abbé Barnouin va nous quitter. Il est tout heureux de faire ses courses. Il dîne avec les officiers des zouaves, il promène l’abbé Guimet, mais il dort peu.

Vous ne me parlez jamais d’Augustine, ni des vôtres; moi, je n’ai plus à vous parler des miens, ils sont ailleurs, et si vous saviez, ma fille, à quel point j’ai reporté sur vous cette affection qui va bien au-delà du tombeau, mais aussi qui a besoin de rester sur la terre, vous ne me feriez pas les reproches que contient votre dernière lettre.

Adieu, mon enfant. Mille fois vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum