DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 119

10 jan 1870 Rome CHABERT Louise

Je suis très préoccupé de vous – Soyez une sainte et étudiez – Conseils pour l’étude – Remplissez votre vie de saintes choses – Darras.

Informations générales
  • DR08_119
  • 3831
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 119
  • Orig.ms. ACR, AM 312; D'A., T.D.38, n.8, pp.13-14.
Informations détaillées
  • 1 AUTEURS SPIRITUELS
    1 CONTRARIETES
    1 CONVERSATIONS
    1 EPREUVES
    1 MALADES
    1 MESSE DES MORTS
    1 REGLEMENTS
    1 SAINTETE
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    2 AUBERT, ROGER
    2 DARRAS, JOSEPH-EPIPHANE
    2 DESMEDT, CHARLES
    2 DUCHESNE, LOUIS
    3 ROME
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Rome, 10 janvier[18]70.
  • 10 jan 1870
  • Rome
La lettre

Où en êtes-vous, ma chère enfant, de vos regrets, de vos préoccupations, de vos douleurs, de vos affaires? Je pense à tout cela et je voudrais bien pouvoir être renseigné sur tout ce qui vous touche le plus. Est-ce qu’une longue lettre ne vous soulagerait pas un peu? Voilà la sixième que je vous écris, si je ne me trompe; je n’en ai reçu qu’une de vous. Etes-vous malade? Je voudrais un mot là-dessus. Je ne pense pas que vous vous taisiez pour éprouver si réellement je suis préoccupé à cause de vous. Faites-moi écrire un mot, je vous en conjure, si vous ne pouvez m’écrire vous-même. Mais je veux supposer que, retenue par vos affaires dans les commencements où vous devez les étudier, vous aurez un peu plus tard du temps à vous.

Eh! bien, ma fille, laissez-moi vous dire, soyez une sainte et étudiez. Vous avez l’amour de l’étude, ne le laissez pas s’affaiblir en vous. Livrez-vous avec une certaine application à des lectures sérieuses, la plume à la main. Ne laissez rien passer sans vous en rendre compte, et, sous ce rapport, ne négligez rien pour mûrir et réfléchir et étendre le cercle de vos connaissances. Mais surtout allez lentement. Sous ce rapport, soyez convaincue que les gens pressés ne sont pas ceux qui font le plus ni le mieux. Je voudrais qu’une fois la messe de quarantaine célébrée, vous puissiez, si votre santé et vos affaires vous le permettent, travailler à vous faire un petit règlement intellectuel et que vous me rendissiez compte, jour par jour, de vos travaux. Je ne vois pas qu’il y ait pour vous un meilleur remède à votre douleur et plus utile en même temps, si vous voulez faire quelque chose.

Ne vous perdez pas en conversations inutiles, souvenez-vous que rien n’est utile et précieux comme le temps. Ah! vous venez d’apprendre combien la vie est courte. Remplissez-la de saintes choses.

Je constate que plusieurs de mes lettres sont égarées. Je le regrette, surtout s’il s’en trouve de perdues parmi celles que je vous ai adressées. A partir de la réception de cette lettre-ci, veuillez numéroter celles que vous m’écrivez. La mienne d’aujourd’hui est la septième depuis mon arrivée à Rome.

Adieu, ma bien chère enfant. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Le 14e volume de Darras vient de paraître. Sous peu, vous pourrez le faire demander à l'Assomption. Si cela peut vous faire plaisir, vous saurez que vous êtes sa soeur spirituelle, non pas du volume, mais de l'auteur(1), puisque, pendant son séjour à Rome, il m'a pris pour son père.1. L'auteur valait certainement mieux que l'oeuvre, cet "hortus apocryphorum" (Duchesne), en réaction contre lequel le P. Ch. Desmedt écrivit ses *Principes de critique historique*. Voir R.AUBERT, art. *Darras* dans DHGE. - Le P. d'Alzon donnera à la *Revue de l'Enseignement chrétien* (t.5, mai 1873, pp.67-72) un compte-rendu élogieux des 18 volumes parus à cette date de l'*Histoire générale de l'Eglise depuis la création jusqu'à nos jours*.