DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 121

11 jan 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Chabassut – Dons faits au P. Galabert – La souffrance – Ecrivez souvent.

Informations générales
  • DR08_121
  • 3832
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 121
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 413; D'A., T.D.30, n.242, pp.27-29; QUENARD, pp.152-153.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DIVIN
    1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    1 COMPTABILITE
    1 DEPENSES
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 DONS EN ARGENT
    1 DOULEUR
    1 EFFORT
    1 EGOISME
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 ENFANTEMENT DES AMES
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FRANCHISE
    1 HONTE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 MARIAGE
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 OSTENSOIR
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
    1 REFORME DU COEUR
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SOUFFRANCE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 THEOLOGIENS
    1 TRAITEMENTS
    1 VOEUX DE RELIGION
    1 VOIE UNITIVE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 CHABASSUT
    2 EUGENIE, IMPERATRICE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 PIE IX
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 11 janvier 1870.
  • 11 jan 1870
  • Rome
La lettre

Ma bien chère enfant,

Je commence par vous répondre sur l’affaire Chabassut. 1° Vous lui ferez observer qu’il n’avait été question que d’une affaire d’environ 2.000 francs, au lieu de 4.000. 2° Vous le prierez de faire approuver ses comptes par M. Durand. 3° Vous allez toucher quelque chose de mon traitement, vous lui donnerez 500 frs et vous garderez le reste pour vos dépenses. Je pense que c’est clair. S’il fallait plus tard un peu plus, nous verrions.

Nous n’avons pas à nous occuper beaucoup du P. Galabert, il va acheter un piano avec 2.000 frs qu’il a de l’impératrice, plus un ostensoir, mais comme ici quelqu’un lui donne un ostensoir, il aura de l’argent de reste. Ajoutez qu’on lui donne une presse, plus 1.500 frs pour la mettre en train, qu’il a de plus 1000 frs d’allocation de la propagation de la foi. Cela dit pour vous tranquilliser, je reviens à vous.

Voyons, Marie, quand vous aurez auprès de vous des jeunes personnes comme il faut, n’aurez-vous pas d’autres espèces de souffrances? Je suis certain que vous les aurez un jour et les souffrances et les personnes. Mais peu à peu Dieu veut vous les faire désirer. Quand elles vous viendront, vous souffrirez encore, croyez-moi. Mais, allez-vous me dire: « Alors je ne suis bonne à rien? Tant vaut que je m’en aille! »

Pauvre enfant, et si Dieu veut que vous restiez! Si Notre-Seigneur, comme je vous l’ai dit si souvent, veut que vous enfantiez une grande oeuvre par une grande douleur! Voyez-vous, vous avez une résolution à prendre, comme quand une fille se marie. Vous êtes obligée de vous mettre à même de ne plus pouvoir reculer, non par un voeu, vous en portez les saintes chaînes, mais par un acte dans lequel vous vous donnerez à vous-même cette mort intérieure, qui unit indissolublement une vierge chrétienne à Jésus crucifié.

Par ce côté. vos peines et vos épreuves me semblent une sainte et utile chose. Vous portez votre croix, vous en sentez le poids, elle vous meurtrit. Voyons, à la première communion que vous ferez, après la réception de cette lettre, voulez-vous demander à Notre-Seigneur de mettre la couronne d’épines sur votre tête, d’enfoncer les clous dans vos mains et dans vos pieds, et d’ouvrir de sa lance un coeur où se réfugie encore un amour de soi-même qui empêche l’amour divin de l’embraser?

Je me promenais tout à l’heure avec un des théologiens du Pape et je lui demandais ce que nous aurions à souffrir pour compenser la joie qu’allait nous causer la définition de l’infaillibilité du Pape. Il trouvait que nous avions assez souffert comme cela. Je suis d’un avis tout opposé au sien. Je crois que je dois souffrir. C’est ma conviction. Je puis me tromper. Marie, voulez-vous être ma fille à ce degré que nous nous offrions pour souffrir ce qu’il plaira à Dieu? Prenez alors, ma fille, un coeur large, immense; soyez Marie de la Compassion, et ne vous plaignez pas des contretemps qui produisent sur votre âme les douleurs de Jésus crucifié.

Ecrivez-moi le plus souvent possible, je vous en fais une obligation; surtout, parlez-moi de ce qui se passe en vous, comme vous l’avez fait dans la lettre que je reçois aujourd’hui. Je me figure bien qu’après avoir écrit ainsi, vous en êtes un peu honteuse devant Notre-Seigneur. Mais n’importe, je veux que vous me montriez toujours le plus intime de votre âme.

Notes et post-scriptum